Fête de tous les saints

1. « Jésus gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui. ». Dans les évangiles, les mots ont un sens plus profond que ce qu’ils décrivent. Il n’y a pas de montagne en Israël mais des collines. Montagne parce que ce qui va se dire viendra d’en haut, comme au temps de Moïse du haut du mont Sinaï. Jésus s’assit comme il était de coutume dans les synagogues pour donner un enseignement aux disciples, assemblés là un peu en contrebas. Et voici égrenées, l’une après l’autre, ces neuf paroles de béatitude, ces neuf paroles qui veulent dire du bonheur.

2. Mais comment parler de bonheur à ces pêcheurs du lac, à ces paysans de la plaine qui sont à la peine pour gagner leur vie mais aussi dans la crainte de l’occupant romain Pilate et son vassal Hérode, de Tibériade, à l’autre bout du lac. Ils étaient également soumis aux rançonnages des rebelles cachés dans grottes toutes proches du mont Abel. Aujourd’hui, peut-on parler de bonheur à toutes les victimes de ce Proche-Orient déchiré par les tensions entre communautés et en train de gangréner le monde entier. Peut on parler de bonheur aux victimes des guerres en Ukraine, au Soudan, et dans bien d’autres pays que les grandes puissances soutiennent plus qu’elles n’apaisent. Comment parler de bonheur à 30 % de la population mondiale qui ne mange pas à sa faim. Qu’a donc voulu dire Jésus ?

3. On comprend mieux si l’on se rend compte que Jésus parlait d’abord de ce qu’il a vécu, du comment il l’a vécu. Il n’a pas dit qu’il était heureux, ce Lazare affamé mais malheureux, celui qui ne le voyait pas à la porte de sa salle de fête. Il n’a pas dit qu’ils étaient heureux, ce paralysé guéri le jour du sabbat, cet aveugle assis au bord du chemin à Jéricho qu’on voulait faire taire, cette veuve qui portait son fils unique en terre, ces pestiférés mis à l’écart, mais qu’ils étaient malheureux, à plaindre ceux qui ne leur portaient pas secours. Ce n’est pas les hommes souffrants que Jésus loue mais il les invite à ne pas pleurer sur eux-mêmes et à y trouver du sens. Il fut de ceux-là et peut en parler en vérité. Parce que tel fut son bonheur. Son bonheur, à lui, aujourd’hui, c’est de nous voir en faire ce qu’il nous a montré.

4. Ne pas rester indifférent, ne pas passer à côté sans voir que nous pouvons faire quelque chose. On se surprend bien des fois à dire ce que les autres doivent faire. « Il n’y a qu’à … » s’entend souvent dans nos médias. Nous ne pouvons pas changer le monde, nous le savons, mais nous pouvons changer quelque chose en nous. Une équipe du Brésil le formulait ainsi. « Dieu seul peut donner la foi, mais tu peux donner ton témoignage. Dieu seul peut donner l’espérance, mais tu peux rendre confiance à tes frères. Dieu seul peut donner l’amour, mais tu peux apprendre à l’autre à aimer. Dieu seul peut donner la paix, mais tu peux semer l’union. Dieu seul peut donner la force, mais tu peux soutenir un découragé. Dieu seul est le chemin, mais tu peux l’indiquer aux autres. Dieu seul est la lumière, tu peux la faire brûler aux yeux de tous. Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre. Dieu seul peut faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible. Dieu seul se suffit à lui-même, mais il préfère compter sur toi. »

5. Seul l’exemple est entraînant. Edith Stein, cette juive non croyante, en fit l’expérience. Très profondément marquée par la mort au front, en 1917, de son ami le philosophe Adolf Reinach, elle fut témoin du rayonnement de la veuve de celui-ci, Anna, qui fut l’élément le plus déterminant de sa conversion comme elle l’a écrit : « La cause décisive de ma conversion au christianisme fut la manière dont mon amie accomplit par la force du mystère de la Croix le sacrifice qui lui était imposé par la mort de son mari. »


Prière à tous les saints (de Henri Godin, fondateur de la JOC)

Tous les saints et saintes inconnus qu’on ne fête qu’à la Toussaint,
Tous les saints martyrs d’autrefois, tous les saints martyrs d’aujourd’hui, en tout endroit du monde,
Tous les saints qui êtes au ciel pour avoir fait simplement, mais de tout votre cœur, votre labeur.
Tous les saints et saintes morts au champ d’honneur du travail,
Tous les saints et saintes qui êtes au ciel pour vous être aimés de tout cœur dans le mariage et pour avoir élevé une famille,
Tous les saints et saintes qui êtes au ciel pour avoir fait simplement, mais de tout votre cœur, votre ménage,
Tous les saints et saintes qui êtes au ciel pour avoir évité de vous faire remarquer et être restés simplement à votre place,
Tous les saints et saintes méconnus qu’on a méprisés ou accusés,
Tous les saints et saintes qui vous êtes ignorés,
Tous les saints et saintes que nous avons connus et qui avez vécu parmi nous,
Tous les saints et saintes qui savez les efforts qu’il faut faire pour sortir de l’ornière,
Tous les saints qui n’avez fait dans votre vie rien d’extraordinaire,
Mais qui avez mis dans chaque action tellement d’amour,

PRIEZ POUR NOUS !

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/11/2023