Sainte Famille (28/12) : Commentaire

Pour résumer ce long article en utilisant l'Intelligence artificielle de Mistral AI, Paris, France, d'abord une vérification que vous êtes un être humain...

Relativement récente (obligatoire seulement depuis 1920), cette fête fut instaurée pour encourager la famille chrétienne, aujourd’hui plus exposée. C’est même trop peu dire en un temps où la famille, comme cellule sociale, passe par une formidable mutation. L’homme de foi, loin de se laisser ébranler, saura discerner, sous les grands changements, les valeurs permanentes que nous rappelle la liturgie de cette fête : le respect entre les générations (première lecture), l’amour mutuel (deuxième lecture), l’acceptation de l’épreuve (évangile).

Première lecture : Si 3,2-6.12-14

Ben Sira le Sage, père de famille, donne, avec beaucoup de psychologie, des conseils à son fils, et lui demande d’honorer son père, de réconforter sa mère. La leçon garde sa valeur, encore que le contexte soit patriarcal, car il n’est question que des devoirs du fils ; le texte se tait sur la responsabilité des parents. La deuxième lecture comblera cette lacune.

Toujours actuelle restera, par contre, l’injonction de soutenir son père (sa mère, évidemment aussi) dans sa vieillesse, d’être indulgent, de ne pas le mépriser si son esprit l’abandonne. Le quatrième commandement "honore ton père et ta mère afin de vivre longuement sur la terre" revient ici avec la même motivation. Ce "vivre longuement", traduit ici par : Il aura de la joie dans ses enfants - il verra de longs jours - sa maison sera relevée... exprime plus profond que le simple "jouir d’une longue vie". La bonne entente entre les générations, entre jeunes et vieux est une des conditions majeures de la stabilité d’une société. Celle-ci vivra alors longuement sur sa terre.

Psaume 127

Heureuse es-tu, famille, communauté chrétienne, si Dieu est chez toi premier servi, si tu l’adores, si tu marches sur la route de évangile ! Tu seras alors une famille bénie (la bénédiction, chez les Juifs, résidait dans de nombreux enfants, décrits sous les images de la vigne, et de l’olivier, eux-mêmes symboles de l’abondance). Non que te soient épargnées les épreuves, mais tu connaîtras le bonheur de Dieu. Heureuse es-tu.

Deuxième lecture : Col 3, 12-21

Admirable portrait d’une communauté chrétienne comme la rêvait l’apôtre. La liturgie nous invite à transposer le portrait dans nos familles. On aime d’ailleurs lire cet extrait aux cérémonies de mariage.

Frères ! Début habituel des épîtres dominicales qui prend ici tout son poids. Puisque ! Paul commence par donner les fondements de sa morale communautaire et familiale. Puisque vous avez été choisis par Dieu, puisque vous êtes... ses bien-aimés, puisque vous êtes ainsi “divinement” aimés, aimez à votre tour, revêtez votre cœur de tendresse, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Chaque mot porte. La patience semble bien le plus difficile. Aussi Paul insiste-t-il : supportez-vous mutuellement, acceptez que l’autre ait ses travers indéracinables. Il y aura des frictions, ce n’est pas là le drame. Si vous avez des reproches à vous faire, faites-les. Le drame serait dans l’interminable bouderie, ce cancer de l’amour. Après l’orage faites la paix, pardonnez-vous. Pensez-y : vous avez vos défauts - et de gros - le Seigneur les a pardonnés ; alors faites de même.

Évidemment vos relations ne doivent pas être du genre équilibre de forces, conventions sociales... qu’il y ait, par-dessus tout cela (au sommet du pardon...) l’amour. Voilà. Le mot est tombé. L’amour, lui, fait l’unité dans la perfection. Alors régnera la paix. Pas n’importe laquelle, une paix supérieure, celle du Christ. C’est en lui que vous êtes unis pour former un seul corps.

C’est bien de paix et d’amour chrétiens qu’il s’agit. Aussi s’expriment-ils dans la prière : vivez dans l’action de grâce pour la grâce d’être les bien-aimés de Dieu.

Il est important de nourrir votre foi par la parole du Christ, la sainte Écriture, méditée au point qu’elle habite en vous dans toute sa richesse. Instruisez-vous mutuellement : partage d’évangile, discussions... l’un soutenant l’autre dans sa foi. Au besoin, reprenez-vous les uns les autres, ayez-en le courage. Mais pas avec aigreur - avec sagesse.

Chantez ! Chantez, même si vous n’avez pas une voix d’opéra, car l’important, c’est de chanter dans vos cœurs. Des psaumes (de l’Ancien Testament), des hymnes (créées par les jeunes communautés chrétiennes de Paul) et de libres louanges (des improvisations du genre charismatique). Le contexte concerne plutôt les assemblées liturgiques, mais quelle joie de chanter Dieu aussi en famille !

Ne chantez pas seulement par vos prières liturgiques ou familiales. Que tout ce que vous dites ou faites : ménage, travail professionnel, loisirs... que ce soit au nom du Seigneur Jésus, c’est-à-dire unis à lui, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père.

Vient alors une phrase qui agace nos dames. Qu’elles ne fassent pas grief à Paul d’être de son temps. Vous, les femmes, soyez soumises à vos maris. La phrase est déjà tempérée par l’ajout : dans le Seigneur. Et surtout par la suite : et vous les hommes, aimez votre femme. Quand on aime, on ne domine pas. On se domine : ne soyez pas désagréables avec elle.

Enfin la relation parents-enfants est rapidement esquissée : enfants, écoutez vos parents, obéissez-leur. Et vous, les parents - que c’est bien dit - n’exaspérez pas vos enfants. Ne leur demandez pas trop, vous risqueriez de les décourager.

Que c’est beau ! Et parfois difficile ! Idéal jamais atteint. Mais d’y tendre donne déjà tant de bonheur !

Évangile : Mt 2,13-15.19-23

Les mages avaient cherché le nouveau roi d’Israël à Jérusalem. Sans le vouloir, ils avaient ainsi alerté Hérode. Jaloux de ce concurrent, celui-ci veut rechercher l’enfant pour le faire périr. L’Ange du Seigneur apparaît en songe (dans la Bible, le songe se distingue du rêve en ce qu’il est un avertissement de Dieu). Il apparaît à Joseph, le responsable du foyer. Il lui dit : prends l’enfant et sa mère et fuis en Égypte. Ils partent en hâte, la nuit. Les voilà devenus des réfugiés. Nous sommes loin des jolis contes de Noël. Pour la première famille chrétienne la réalité a été dure, amère.

Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode. Puis, à nouveau averti en songe, il revient au pays d’Israël.

Que veut dire le commentaire qu’y ajoute Matthieu : Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : "D’Égypte j’ai appelé mon fils" ? Matthieu cite Osée () où le jeune peuple d’Israël est dit le fils chéri de Dieu qui le libère de captivité. Sous-entendez : Jésus sera, et bien autrement, ce fils premier-né () qui assume toute la vocation d’Israël. Il conduira le nouvel Israël, l’Eglise, hors de captivité, vers la véritable libération.

Joseph a l’intention de revenir en Judée, sans doute à Bethléem où il avait son point d’attache légal. Il y avait dû se faire recenser. Mais, une troisième fois, averti en songe, il se retira dans la région de Galilée, à Nazareth d’où était Marie, son épouse.

Dans ce récit, Joseph est au premier plan. Pourtant il ne dit pas un mot. Il obéit à Dieu, la nuit, sans trop savoir où cela va le mener. Dieu bouscule ses plans : lève-toi, fuis, reste là-bas, reviens, va habiter à Nazareth. Des ordres brefs, sans beaucoup d’explications. Sa vie a un seul but, mais de taille : veiller sur l’enfant et sa mère. Alors il assume sa responsabilité. Il veille. Il se lève. Admirable Joseph ! Pas de palabres. Le silence. Pas de belles promesses. L’action. Et ce cœur affectueux qui protège son foyer, tranquillise l’enfant et sa mère.

Pour nos familles en situation précaire ou brusquement arrachées à leur tranquillité pour un avenir incertain, cet évangile sera une force, une aide précieuse pour “se lever” et ne pas capituler.

Pour nos pères de famille ce Joseph sera autre chose que “le troisième en trop”. Il sera le modèle de l’affectueuse et courageuse sollicitude pour les leurs.


Liturgie familiale

La famille chrétienne est une ’ecclesiola’, une petite Église.

Elle exprime normalement sa foi aussi dans une prière familiale. En un temps où la famille chrétienne est plus exposée, elle cherche à approfondir ses liens dans le Seigneur.

Certaines occasions sont plus favorables, en particulier les grands événements familiaux comme la naissance et le baptême d’un enfant, une première communion, la souffrance et la perte d’un membre de la famille...
Ce sont des moments de réflexion, d’engagement renouvelé, de confiance et d’abandon, de louange et d’action de grâce en commun.

La famille gagne à prier, non seulement en ces occasions extraordinaires, mais à espaces réguliers. Le rythme moderne ne le facilite pas, il est vrai. L’homme de foi, loin de s’en troubler, cherche de nouvelles voies. Il y faut évidemment un certain consensus - et il y a la manière. Il importe de choisir un moment où toute la famille est là et dispose d’un peu de temps : vers le soir, à l’un des repas quotidiens... Plutôt que de réciter une prière machinale rapide et distraite, on gagne à lire un passage de la Bible (le missel de la semaine est idéal à cet effet), un psaume, la vie des saints...
Il existe des calendriers, des livres ayant une bonne pensée pour chaque jour. A cette lecture répond un moment de silence, éventuellement un partage, et l’on conclut par une prière libre ou une formule que l’on gagnera toutefois à varier.

Cette liturgie familiale a gardé vive la foi de beaucoup, de protestants moins sensibles à l’assemblée dominicale comme de catholiques loin de toute église, de chrétiens engagés dont le foyer est devenu source de ministère.


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René LUDMANN c.ss.r.

Prêtre du diocèse de Luxembourg.

Publié: 28/11/2025