J’ai failli mourir

« Un soir ma mère et moi étions assis dans le salon et nous parlions des choses
 de la vie... Entre autres choses, du thème de la vie et de la mort. Je lui dis :
 “Maman, ne me laisse jamais vivre dans un état végétatif où l’on dépend de 
machines. Si tu me vois dans cet état, débranche les machines qui me maintiendraient
 en vie. Je préfère mourir !!!“ Alors ma mère se leva, je vis son admiration dans son 
regard... Elle débrancha : le téléviseur, le lecteur de DVD, le câble d’internet, 
l’ordinateur, le MP3/4, la Play-2, la PSP, la WI-FI, le téléphone fixe. Elle a pris mon 
mobile, mon IPOD, mon smartphone. J’ai failli mourir !!! »

Cette page d’humour circule sur Internet... Si elle nous fait rire, elle nous interpelle en même temps. À des degrés divers, ne sommes-nous pas, nous aussi, concernés ? Ne sommes-nous pas encombrés, nous aussi, par un tel environnement au point devenir “accrocs“ de ces technologies ?

Même si nous résistons et refusons d’entrer dans l’échange des SMS, nous voici obligés, par exemple, de porter attention à ceux qui nous parviennent, car des personnes, pour des raisons d’économie, n’utilisent que ce moyen avec leur portable. Sinon, comme cela m’est arrivé, j’ai découvert, une dizaine de jours après, un SMS concernant l’absence à un rendez-vous ! Sans nier les bienfaits de ces techniques modernes, (j’ai consulté Google pour écrire ces lignes !) il faut bien noter que nous sommes tentés d’avoir toujours ce fil à la patte qui nous rend dépendants. Dépendants et bien souvent stressés tant nous nous sentons obligés de répondre aussitôt ! C’est la culture de l’immédiateté.

Serions-nous devenus "geek" sans le savoir ?
Ce terme désigne une personne extrêmement pointue dans un domaine précis, souvent lié aux nouvelles technologies. Sa passion s’exprime à travers de nombreuses activités telles que le jeu de rôles, le cinéma, les séries télévisées... et les consultations constantes sur internet. Sur une chaîne TV d’information continue, la rubrique "Culture geek" présente les dernières nouveautés du monde informatique et toutes les possibilités qui s’offrent sur le marché.

Fort heureusement, il y a quelques frémissements à l’horizon : des personnes font le choix aujourd’hui de se déconnecter d’internet afin de retrouver "la paix". Elles découvrent en elles une plus grande disponibilité pour l’échange et une meilleure communication. Elles ne veulent plus s’abandonner à la pression de toutes ces techniques. Elles refusent de “ mourir " en perdant leur intimité !

Pour l’instant, moi aussi, ne voulant pas mourir avant l’heure, je veille à ne pas gonfler la cohorte des "geeks".

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/11/2014