Au bout de la vallée

Derniers villages de la vallée, l’un dans les Pyrénées, l’autre dans le Queyras. Avec des amis nous y avons rendez-vous. Des surprises nous attendent ! Tout d’abord dans le village du Queyras, accueil d’autant plus chaleureux qu’on nous assure que les portes de l’hôtel ne sont jamais fermées pas plus que les maisons des villageois ou les résidences des vacanciers. "Vous pouvez laisser votre voiture ouverte avec la clé au contact !" La personne chargée de l’accueil poursuit en évoquant le fait que les enfants, même seuls, peuvent se rendre en toute tranquillité chez leurs copains. Les parents se font mutuellement confiance, tout en se sentant responsables d’une tâche éducative commune.

Pour le citadin, toujours soucieux de bien vérifier s’il a verrouillé sa maison, sa voiture, ce qui se vit au bout de cette vallée paraît étonnant. On est ramené à bien des années en arrière, lorsque la vie citadine n’engendrait pas la peur. Combien de temps encore va pouvoir exister cette "réserve d’humanité" à même d’enchanter villageois et citadins ?

Au bout de l’étroite vallée pyrénéenne, ce jour-là c’est la fête de la transhumance. Enfin !... Après un hiver qui ne finissait pas, les troupeaux vont pouvoir rejoindre l’estive. Fort heureusement, ce matin-là, les brouillards qui montaient de la vallée se sont vite estompés. Un éleveur du pays s’apprête à guider trois cents brebis à la rencontre des autres bêtes qui n’ont pas attendu la fête de la transhumance pour monter le plus haut possible, au-dessus du village.

Le troupeau est prêt, le berger passe devant, fier d’être accompagné par son petit-fils rayonnant de joie avec son petit bâton de berger. C’est la première fois qu’il marche devant, rassuré par le regard bienveillant de son grand-père ! À la sortie du village, le troupeau est immobilisé. Il a "rendez-vous" avec le curé du secteur, tout heureux lui aussi de pouvoir le bénir. Il y attache de l’importance, non seulement pour sauvegarder des pratiques ancestrales mais aussi par le sens donné à sa bénédiction : mettre sous le regard de Dieu le travail des hommes qui vivent de leur tâche pastorale, ainsi que la vie des gens de la vallée et de ceux qui viennent y passer les vacances.

Une fois les bêtes sur les pentes du village, plus de cent cinquante personnes se retrouvent pour le repas.. Les côtelettes d’agneau grillées et un grand plat de haricots blancs font les délices des participants. Ce rite, réactualisé depuis trois ans, permet d‘entretenir des liens et de maintenir une vie sociale, vrai soutien pour les familles qui vivent encore là. Beaucoup sont descendues vers la ville en oubliant la convivialité de leur montagne. Le petit-fils sera-t-il un jour tout seul pour conduire le troupeau sur les estives de son grand père ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/04/2015