311 km/h !

J’écris ce Coup de cœur dans le train du retour. Il y a quelques instants, le chef de train vient d’annoncer aux voyageurs que nous roulons à 311 km/h. J’en suis tout étonné même si je m’étais habitué à la vitesse en regardant le paysage défiler rapidement. Il est difficile de repérer les agglomérations, de savoir où nous sommes, d’identifier les gares traversées.

Dans un premier temps, je suis sous le coup de la surprise en apprenant une telle vitesse… et pourquoi ne pas le dire ? Je suis plein d’admiration devant tout ce que les concepteurs de tous corps de métier ont mis en œuvre pour la réalisation du TGV. Les développements techniques ont du bon parfois ! À cette allure, les villes se rapprochent et les voyageurs sont heureux du gain de temps, Dans la même journée beaucoup d’affaires peuvent être réglées par des commerciaux pressés. Mis au service d’une économie productive, le temps gagné peut aussi faciliter des relations humaines !

Me revient alors à l’esprit une pensée du Petit Prince. Devant le vendeur qui propose, pour gagner du temps, une pilule contre la soif, la réponse est sans appel : « Moi, dit le Petit Prince, si j’avais 53 minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine. »

Ma réflexion est interrompue par le chef de train qui annonce : « En raison d’un accident de personne nous nous arrêterons dans une prochaine gare, pendant une heure quinze, le temps que la gendarmerie donne le feu vert du départ. » Derrière cette expression conventionnelle, il faut entendre suicide (une enquête révèle que chaque jour, dans les moyens de transport en région parisienne les tentatives de suicide se comptent par dizaines). Murmures d’insatisfaction de nombreux voyageurs qui se précipitent sur leur portable.

Dès lors mon admiration et ma satisfaction se transforment en réflexion : nous sommes capables de lancer des trains à 311 km/h et nous voilà totalement démunis devant de tels accidents, révélateurs de nos fragilités humaines ! Nous pouvons réaliser des prouesses techniques extraordinaires et nous ne pouvons prévenir les signes de la fragilité humaine. Une seule personne en grande détresse peut arrêter la course d’un millier de voyageurs…

Dans le domaine de la santé comme dans celui des transports, des recherches doivent se faire pour améliorer la qualité de nos vies. Certes... ne nous cachons pas ce qui sera toujours le précaire, l’inattendu, le fragile… Désirant aller toujours plus vite, n’oublions pas que nous devons parfois marcher au rythme des souffrants. L‘exhortation de l’Évangile reste toujours d’actualité : « Que sert à l’homme de gagner le monde entier en le payant de sa vie ? »

L’inconnu de cet accident m’a obligé à revoir ma copie. Merci à lui et compassion aussi !

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/11/2017