Maison à vendre

De temps à autre nous nous croisons en ville. Sans avoir été dans de grandes confidences, nous échangeons quelques propos. Nous éprouvons, l’un pour l’autre, une même sympathie. Ce matin-là, sur la place centrale, Georges s’arrête, il me regarde dans les yeux et, sur un ton convaincu, me lance ces mots : « Chaque fois que je vous vois, je me souviens que, lors d’une de vos prédications, vous aviez parlé des « maisons à vendre ». Et de cela, il y a plus de quinze ou vingt ans ! »

Avec ce que me dit Georges, quelques bribes de ma réflexion me reviennent à l’esprit. Je me rappelle avoir évoqué des maisons fermées avec le panneau « Maison à vendre » qui apparaissait quelque temps après. Dans le passé, j’avais été reçu dans l’une d’entre elles. Des aménagements avaient été faits pour lui apporter plus de confort. Les parents y avaient mis une grande part de leurs économies. Il y avait alors de la vie avec les enfants qui grandissaient dans ce cadre harmonieux où chacun avait sa chambre, aménagée à son goût.

Des années plus tard, la maison a été progressivement désertée par les jeunes, partis pour leurs études ou le travail. Après le décès des parents, il a fallu la fermer, résilier le contrat d’électricité et arrêter le compteur d’eau… Nous évoquons tout cela avec Georges, qui parle lui aussi de vendre sa maison pour acheter un appartement en ville.

Nous poursuivons notre échange par l’évocation de tout ce qu’un jour nous devrons quitter, après nous y être parfois beaucoup investi. Me vient à l’esprit un texte du Dalaï Lama que je sors de mon cartable. La sagesse orientale de celui qui venait de passer quelques jours en France pouvait éclairer notre entretien, avec son regard sur l’homme occidental.

« Ce qui me surprend le plus chez l’homme occidental, c’est qu’il perd la santé pour gagner de l’argent et il perd ensuite son argent pour récupérer la santé. À force de penser au futur, il ne vit pas au présent et il ne vit donc ni le présent ni le futur. Il vit comme s’il ne devait jamais mourir, et il meurt comme s’il n’avait jamais vécu. » Concernant les dépenses de santé, mon interlocuteur, médecin généraliste, ne pouvait que confirmer ces propos. Plus récemment encore, le Dalaï Lama disait : « En Occident, vous bénéficiez de plus de confort physique mais pas forcément mental. »
Pouvons-nous entendre ce message qui appelle à plus d’ouverture intérieure ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/11/2019