Solitaire pour être solidaire

L’homme est un être de relation. Nous en faisons l’expérience dans le quotidien de nos vies et de diverses manières. Cela s’est encore plus accentué depuis ces semaines du confinement qui nous privent d’une certaine liberté d’échanges et de déplacements. Peut-être pouvons-nous en retrouver l’importance, dans ce qui fait notre environnement familial et amical.

Me revient alors à l’esprit le propos d’une dame âgée qui se rend plusieurs fois par semaine au bureau de poste de son quartier, pour acheter un timbre. À la remarque de la guichetière qui lui dit qu’elle pourrait en acheter plusieurs à la fois, elle répond : « Je vis seule, acheter un timbre est l’occasion de parler avec vous ! »

Il y a la parole mais aussi le regard ! Preuve en est l’histoire d’une religieuse travaillant dans une léproserie. Intriguée par le comportement d’un lépreux qui gardait ses yeux clairs et son sourire, elle comprend le jour, où l’ayant suivi, elle le voit aller vers le mur d’enceinte derrière lequel apparaît un petit visage de femme souriant. Surpris dans sa démarche, il répond à la religieuse que c’est sa femme qui chaque jour, vient le voir. Il termine en disant : « Lorsqu’elle me voit, je sais que, par elle, je suis vivant. »

Le fait est que les autres peuvent nous faire exister par la parole ou par le regard. Mais cette belle vérité va de pair avec une autre, qui pourrait paraître son contraire. Nous ne pouvons vraiment devenir un être de relation que si nous favorisons en nous, le dialogue avec la solitude. « Être vraiment solitaire pour être ensuite solidaire. »

Aller à la rencontre de soi-même, avant d’aller à celle de l’autre, est certes chose difficile à l‘époque où nous vivons. Nous avons tous besoin de solitude, pour nous retrouver et nous préparer à la rencontre de l’autre. Laissant venir en nous les sentiments qui nous animent à ce moment-là, nous permettrons à l’autre d’exprimer les siens c’est à dire être pleinement ami avec l’ami, pleinement amoureux avec l’être aimé, et pleinement soi-même en rejoignant notre belle et exigeante solitude, qui est comme l’ami et la bien-aimée.
Elle réclame elle aussi sa part d’attention.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/02/2021