Vieux, moi ? Jamais !

Après avoir rendu visite à une personne de 109 ans à l’hôpital, je vais chez mon pharmacien.
Sur le comptoir, je trouve une plaquette avec pour titre « Vieux, moi ? jamais ! » Publication pour grand public, avec un titre aussi accrocheur ! Les articles en disent long sur son contenu : « Bien dormir protège le cœur », « Des antioxydants pour améliorer sa fertilité », « À vos cheveux prêts…fortifiez », « L’obésité en 6 points clés »…

Ce ne sont pas les conseils qui manquent pour entretenir la bonne forme et être assuré d’une saine longévité. Les nombreuses illustrations font miroiter des visages toujours jeunes. La grand-mère de 109 ans que je venais de voir avait un sourire et un regard tout aussi expressifs. Dans les yeux d’un jeune brille la flamme. Dans les yeux d’un vieux brille la lumière.

Je ne suis pas du tout sûr qu’elle ait eu connaissance des sept conseils pour connaître l’âge d’or des seniors, donné dans le dossier central de la revue, par le président de la société française de gériatrie et gérontologie. Suivant la classification des anniversaires de mariage, elle est à l’âge du diamant et même du platine et du chêne !

Selon les propos de ses neveux, elle s’inscrit dans le regard porté par Marie de Hennezel, sur les femmes vieillissantes. Dans son dernier livre écrit avec son fils Qu’allons-nous faire de vous ? elle écrit : « Ce qui anime ces femmes c’est l’envie de donner, d’aimer, de transmettre un peu de courage de vivre, de créer du lien. Le bonheur qu’elles ont à voir grandir leurs petits-enfants, à établir avec eux une complicité irremplaçable, à leur transmettre la confiance qu’elles ont dans leur avenir à eux, à restituer aux autres tout ce qu’elles ont reçu et beaucoup reçu ! Comme le dit l’une d’entre elles : « Je voudrais être une sorte de panneau solaire. Renvoyer aux gens qui m’entourent la chaleur reçue dans ma vie. » Ces réflexions nous permettent de nous tenir à distance du titre accrocheur de la revue.

Vieillir, c’est vivre : il faut être vivant pour être vieux ! La vieillesse s’inscrit dans la logique de la vie. Alors ne faut-il pas entendre la question posée par Isabelle Prêtre dans son livre La vieillesse. Chute ou envol ?

Lutter contre la vieillesse, c’est lutter contre soi-même, contre le temps... c’est toujours une lutte perdue d’avance. Contre ces inutiles combats la sagesse et la confiance nous invitent à faire corps avec ce qui nous est donné de vivre sous le poids du temps qui passe.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/05/2021