La résilience

En ce début d’année scolaire, alors que de multiples activités éducatives reprennent, il est bon de revenir sur ce que de nombreux éducateurs appellent la « résilience ». Ces dernières années, ce terme utilisé par Boris Cyrulnik, psychothérapeute, a envahi articles et livres touchant à l’éducation. S’il fut un temps où les sciences humaines étaient abordées, comme les sciences physiques, avec le principe des causes qui produisent toujours les mêmes effets, aujourd’hui un autre discours autour de la résilience ouvre de nouvelles perspectives éducatives. Il était courant d’entendre : « Cet enfant a été violé, il sera violeur à son tour ; il a été abandonné par ses parents, il ne pourra jamais aimer… » Tel autre vit dans un milieu déstructurant, il ne pourra qu’aller répétant : « Je suis un enfant poubelle. »

L’approche de Boris Cyrulnik et de ses disciples s’élève contre le verdict de la fatalité. La résilience indique, en effet, un autre chemin possible et inattendu. Elle représente la capacité d’affronter avec succès les risques et les déboires sérieux de l’existence. D’une certaine manière, on peut dire que c’est « l’art de rebondir ».

Pour ceux et celles qui sont confrontés à des situations humaines inextricables, les dés ne sont pas nécessairement jetés. L’espoir est toujours possible : toute blessure peut être rattrapable ! Si l’enfant reconnaissant sa souffrance intime trouve quelqu’un pour en parler, alors il découvre qu’on peut l’aimer et ainsi l’aider. Chez tout un chacun, affirme Cyrulnik, il y a des braises de résilience. On peut souffler dessus à bon escient et l’enfant meurtri peut reprendre le chemin de la vie.

Il semble bien que, adultes, parents, grands-parents, éducateurs, nous puissions être des tuteurs de résilience. Nous pouvons permettre à un jeune de se libérer de son étiquette d’enfant « perdu ». Grâce à nous, des possibles, jusque-là insoupçonnés, peuvent se révéler. Bien longtemps avant l’apparition de cette approche novatrice, des éducateurs, tels que Don Bosco (1815-1888) à Turin, avaient su porter un « regard qui espère » sur des enfants et des adolescents en grande difficulté. Un jeune, meurtri par la violence et des déstructurations familiales successives, a reconnu que, s’il était debout aujourd’hui, il le devait à un enseignant qui, un jour, l’a félicité pour un travail réussi. « C’est la première fois qu’on me parlait comme à un homme » a-t-il reconnu.

Sans trop nous en rendre compte, nous sommes attendus pour cela, tout comme, mais d’une manière plus spécifique et professionnelle, tous ceux qui travaillent dans le monde éducatif !

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/10/2013