Nourdine
« Il s’appelle Nourdine. Il habite près d’Oran, en Algérie. Algérien, il a juste le malheur d’être... chrétien. Ou plutôt de ne pas être musulman, religion d’État dans ce pays. Cet homme, père de deux enfants est totalement découragé. Lors d’un jugement prononcé le 16 mai, il a évité deux ans de prison ferme, mais à quel prix ! 100 000 dinars d’amende, soit cinq fois le salaire de base mensuel en Algérie. Son méfait ? Avoir été arrêté lors d’un barrage routier, non pas avec 3 kg de drogue dans sa voiture mais 3... bibles ! »
Ainsi commence un article paru dans Le Figaro du 22 mai 2018. Il veut attirer l’attention des lecteurs sur la situation des chrétiens en Algérie. Des situations comme celle de Nourdine sont multiples. Des bibles en arabe sont saisies par les douanes, des scellés sont apposés sur des lieux de culte. À cela s’ajoutent de nombreuses tracasseries administratives, même quand les juges tranchent en faveur des chrétiens.
Il y a quelques mois, le gouvernement a ordonné la fermeture de six églises évangéliques. Pour Le Comité des droits de l’homme, cette mesure « viole la liberté de pensée, de conscience et de religion ». Ce comité l’exhorte par la suite à « s’abstenir d’entraver le culte des personnes qui ne respectent pas la religion officielle ».
Dans cette situation, l’inquiétude grandit. Ce ne sont certainement pas les 0,2 % de chrétiens algériens (toutes confessions confondues) qui vont menacer la sérénité du pays. Les églises évangéliques, les plus nombreuses avec 45 lieux de culte et 60 000 fidèles, sont les plus visées par toutes ces interdictions. Un pasteur regrette le manque de soutien des catholiques.
Le journaliste pose une question que les chrétiens et les musulmans de France pourraient entendre : pour le ramadan, l’Algérie envoie cent imams en France. Comment comprendre cette démarche alors même que l’Algérie étouffe le droit des chrétiens de vivre leur foi et de se développer ? Pourrait-on espérer que des musulmans pratiquant en toute liberté leur religion en France, puissent se faire entendre des leurs (parents et amis) en Algérie pour la reconnaissance de la liberté religieuse ? En effet de nombreuses familles revenant “au pays” au cours de l’été, pourraient se faire les témoins de ce qu’ils vivent en France, dans le contexte de la laïcité.
Depuis la mort des moines de Tibhirine en 1996, des chrétiens ont donné leur vie pour leur attachement à la foi chrétienne. Parmi eux, Pierre Claverie, évêque d’Oran, assassiné en 1996, écrivait : « Nous devons nous engager sur un vrai chemin de rencontre car l’autre est celui qui porte une vérité qui me manque. » Des croyants de religions diverses sont engagés sur ce chemin. Puissent-ils être soutenus par une large opinion favorable !
Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.