Anniversaire

Le repas touche à sa fin.

Anaïs, quatre ans, a un pied en l’air depuis un moment ; par ses allées et venues fréquentes elle manifeste de l’impatience : « Je vais à l’anniversaire de Thibaud », dit-elle à son papa qui doit l’accompagner chez son petit voisin. « Attends un peu », lui dit-il.

Le rite des anniversaires commence bien tôt, dès les premières classes de maternelle. Les relations hors de l’école ont de l’importance surtout quand on arrive dans un nouveau lotissement. Toutes les occasions sont bonnes pour créer des liens. Le papa et la maman d’Anaïs sont tout heureux des premiers pas de leur fille dans la vie sociale. Ces fêtes sont l’occasion pour de jeunes parents de se parler, d’échanger et de se confier mutuellement les enfants.

Toutefois, certains sont quelque peu étonnés devant ce qui semble s’instituer comme rite d’anniversaire : le cadeau. Anaïs avait déjà annoncé la couleur pour le cadeau à Thibaud : « Il m’a dit qu’il ne voulait pas de livre ! » En clair, il faut que vous lui achetiez quelque autre chose, un gadget à la mode ! Ils ont déjà entendu une jeune maman surprise, elle aussi, quand sa fille, en sortant de l’école, lui annonce : « Aude m’a invitée pour son anniversaire mais elle veut que je lui porte un jeu électronique ! »

Voilà des propos qui s’échangent très certainement, entre jeunes enfants, sur des cours de récréation. De retour à la maison, les parents vont-ils leur céder ? Vont-ils refuser ce système d’invitations apparemment bien intéressées ? Difficile de répondre, de faire comprendre quand d’autres parents rentrent dans le jeu ; obéissants, ils exécutent les "ordres" de leurs chers bambins.

N’y a-t-il pas nécessité d’une éducation à la relation faite de gratuité et de simplicité ? Ne faut-il pas s’exercer, parents et enfants, à être clairvoyants sur la commercialisation des relations ? N’est-ce pas encore plus manifeste quand, pour leurs anniversaires, les enfants sont invités à passer l’après-midi au MacDo où une animation est prévue ? Cette astucieuse séduction commerciale n’a-t-elle pas pour effet en réalité, d’inviter à revenir au MacDo ? De plus n’est-ce pas négliger les aptitudes des enfants à jouer ensemble, chez l’un d’entre eux, à s’organiser avec l‘aide discrète des adultes pour que ce soit une après-midi réussie ?

Les chers petits ont des oreilles qui traînent, ils perçoivent bien la préoccupation et les hésitations, parfois, de leurs parents, lorsqu’ils ont à rendre une invitation. Eux aussi sont concernés : la gratuité de la relation humaine est l’affaire de tous !

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/03/2021