S’initier à...

Cela peut paraître surprenant : des équipes d’Emmaüs ont mis en place depuis des années des ateliers de recherche de logement pour initier des personnes à être locataires. Elles partent du constat suivant : ceux que l’on désigne comme « primolocatifs », ceux qui louent pour la première fois, ont tout à découvrir de la relation locataire-propriétaire. Cela s’apprend.

Plus aujourd’hui qu’hier, cette relation ne peut s’instaurer que s’il y a une initiation à ces liens particuliers. L’apprentissage des relations humaines, des exigences de contrat, des diverses conditions de location… tout cela n’est pas connu de certaines personnes engagées dans une recherche de location.

La proposition des équipes d’Emmaüs est astucieuse, exigeante mais les résultats sont très encourageants : 98 % des personnes ayant participé à ces ateliers réussissent cette recherche. Ces ateliers se font en trois modules de vingt heures chacun : savoir comment faire un déménagement, apprendre à être locataire, et savoir gérer ses rapports avec l’agence ou le propriétaire.

Il n’existe pas de manuel du voisinage pour apprendre à vivre avec des voisins. Quelques exemples : la question du bruit, les règles de politesse pour prendre un ascenseur, le type de véhicule approprié pour faire le déménagement. Un regard plus ou moins dépréciatif sur les nouveaux arrivants peut naître de ces premiers contacts. Le responsable d’un atelier parle ainsi : « Si vous arrivez avec deux ou trois de vos « potes » dans des voitures “pourries“, cela donne une première image qui peut vous être préjudiciable pour la suite. »

L’objectif que se donnent les équipes d’Emmaüs est le suivant : on ne peut aider une personne, adulte ou jeune, que si elle veut s’aider elle-même. Il ne suffit pas de lui donner de l’argent mais de lui permettre de connaître ses droits et ses devoirs afin d’avoir toute sa dignité et son autonomie. Cette initiative peut surprendre car elle rompt avec une image simpliste sur ce qu’est la relation entre un propriétaire et un locataire. La proposition faite pour que des professionnels du logement et des propriétaires se forment eux aussi dans le cadre d’ateliers similaires est restée sans réponse. Cela est regrettable, disent les responsables d’Emmaüs.

Derrière cette initiation aux diverses procédures et aux exigences de la location, Emmaüs veut souligner l’importance d’habiter un lieu. A-t-on remarqué que les gens qui galèrent sont appelés SDF, “sans domicile fixe“ ? Par son logement ou son toit une personne est reconnue : on sait qu’elle est de quelque part, d’un quartier, d’un hameau, d’une rue, d’un immeuble.

Le journal La Croix du 1er novembre 2007, en publiant la liste, avec leur âge, des 187 personnes mortes dans la rue, a voulu par la mention de leur nom dans ses colonnes, à défaut d’une adresse de domicile, faire en sorte que ces anonymes soient reconnus comme personnes. Cette action d’Emmaüs, cette page dans La Croix révèlent à quel point la question du logement est une question cruciale pour beaucoup de personnes aujourd’hui.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/12/2007