J’ai tant aimé m’asseoir à la table des hommes

Déjà, dans la maison de Joseph et de Marie,
j’ai aimé l’odeur de ce pain cuit, sans levain,
qu’au temps de la Pâque, ma Marie avait pétri
pour le manger avec l’agneau, entre voisins.

J’ai aimé ces repas chez Pierre et André,
comme au jour où Simon me pria de guérir
sa belle-mère fiévreuse et alitée
qui, à peine debout, se mit à nous servir.

Et cette table de Lévi, le publicain
où tant de pauvres bougres s’étaient attablés ;
et la table de Simon, le pharisien,
où Madeleine osa venir pour pleurer.

Et cette table dressée en un lieu désert
où, ému de compassion, j’ai multiplié le pain
à toute une foule, assise à même la terre,
et où les restes emplirent douze couffins.

Et cette table de Lazare à Béthanie,
où j’aimais tant m’arrêter pour me reposer ;
à mes pieds, pour m’écouter, s’asseyait Marie
tandis que Marthe s’affairait pour le dîner.

Et ce repas pascal, la veille de ma mort
où, ayant lavé les pieds de mes amis,
j’ai voulu leur partager mon sang et mon corps
pour leur dire mon amour, leur donner ma vie.

Et cette table, un soir, tout au bout du chemin,
dans la petite auberge de la reconnaissance,
où j’ai soupé avec deux autres pèlerins
qui, dans la nuit du doute, ont retrouvé l’espérance.

Quand, jour après jour,
je partage le repas eucharistique avec mes frères,
comment pourrais-je oublier cette terre,
moi, qui ai tant aimé m’asseoir à vos tables
celles des pauvres, des exclus et celles des notables !

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Michel HUBAUT o.f.m.
Publié: 21/03/2004