Je suis venu appeler les pécheurs (d’après Marc 2,15-17)

Seigneur,
certains soirs, je suis tellement fatigué de moi
que je n’ai même plus le courage de me tourner vers toi.
Tout me pèse. Tout me semble creux.
Alors, je ferme quelques instants les yeux...
et je te vois, assis à la table de Lévi !

Sa maison grouille de monde,
collaborateurs, petits truands, fripons,
prostituées, usuriers et même vagabonds
en rupture avec la société et la religion,
tous ces exclus, ces méprisés
sont rassemblés chez Lévi qui offre un grand dîner !
Et toi, tu es là, au milieu d’eux,
tu parles et manges avec eux, décontracté ;
ils écoutent surpris, ravis et heureux...

Cependant, quelques membres d’une pieuse confrérie
qui respecte la Loi, jeûne et prie,
sont restés sur le seuil...pureté oblige !
la mine scandalisée.
Et voici que tu te retournes, soudain,
vers ces dignes et austères pharisiens,
et devant tant de vertus consciencieuses,
je crois surprendre dans ton regard une lueur malicieuse.

“Dites moi, mes amis,
qui a le plus besoin d’un médecin compatissant ;
les malades ou les bien-portants ?
Vous ne comprenez donc pas ma joie et leur bonheur !
Je suis venu appeler et guérir les pécheurs ;
rendre l’espérance à tous ceux
qui désespèrent trop d’eux-mêmes
pour oser croire encore que quelqu’un les aime.
Vous n’avez donc pas compris
que seule la tendresse rend l’homme à la vie !
Mais pour ceux qui s’estiment être des gens très bien,
évidemment je ne peux rien ;
car quoi que je fasse ou quoi que je dise,
ils se suffisent ! ...

Alors, Seigneur, je me faufile, moi aussi ;
je joue des coudes pour entrer dans la maison de Lévi
et m’asseoir un instant sur un tout petit bout de banc.
Comme eux, je préfère me taire et te regarder,
pas très fier, mais ravi de pouvoir t’approcher.
Ta parole et ton regard me réchauffent le cœur ;
en te voyant, là, si proche, je me sens déjà meilleur.
Aie pitié de moi, Seigneur,
car je suis un pécheur !

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Michel HUBAUT o.f.m.
Publié: 24/02/2004