14e dimanche ordinaire

1. Au début de sa vie publique, Jésus eut du succès. Les gens accoururent vers lui, les uns pour se faire guérir, les autres pour écouter ce nouveau prophète qui ne parlait pas comme les maîtres qu’ils avaient l’habitude d’entendre au Temple ou à la synagogue On voyait aussi en lui le futur libérateur des Romains ; on chercha même à le faire roi. Les choses ont changé lorsque Jésus se mit à dire que son royaume n’était pas de ce monde, qu’il fallait se comporter en serviteur et non pas en maître, qu’il était plus important de venir en aide à ceux qui en avaient besoin plutôt que de respecter à la lettre les prescriptions religieuses. Beaucoup le quittèrent alors au point qu’un jour Jésus demanda à ses apôtres : « Et vous, voulez-vous aussi me quitter ? »

2. Ce jour-là ils entendirent : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Ces tout-petits sont justement ses disciples, pas seulement les douze, mais aussi ceux qui continuaient à venir l’écouter, à le suivre. Petits, ils l’étaient déjà, parce que de condition modeste, simples pêcheurs du lac ou cultivateurs, artisans de ces petits villages, au loin des riches de Tibériade ou de Jérusalem, au loin des grands de leur monde. Mais ils étaient aussi considérés comme petits ceux auxquels on reprochait de ne pas être de fidèles observateurs de la loi mosaïque. Ceux aussi qu’on disait « impurs » du fait de leur métier, tels les bergers, les conducteurs d’ânes, les vendeurs itinérants, les tanneurs de peaux, pour n’en citer quelques-uns. Tels aussi les handicapés, les aveugles, les pestiférés considérés comme des punis par Dieu pour des manquements à la Loi commis par eux ou même par leurs parents. Nous ne pouvons guère nous disculper si l’on pense à la manière dont ont été et sont encore considérés ceux qui ne partagent pas nos convictions religieuses. Il fut un temps pas si ancien où l’on ne priait pas pour les suicidés, les enfants morts sans baptême. Sans oublier les homosexuels mis au ban de la communauté depuis les temps bibliques, les avancées difficiles aujourd’hui pour les couples divorcés remariés. Puissions-nous ne jamais l’oublier !

3. « Je suis doux et humble de cœur. » Certainement la parole la plus émouvante de toutes celles que les apôtres ont entendues ! Ce n’est plus un enseignement qu’ils entendent mais une confidence de ce qu’il ressent au fond de lui-même. Une confidence ne se fait pas à n’importe qui mais à ceux que l’on estime, à ceux en qui on met sa confiance. Ceux-là, ce jour-là, sont d’abord ceux qui l’ont suivi, mais aussi ceux qui le suivront. Donc nous. Il faut la recevoir à titre personnel, l’entendre dans son cœur. Si nous le faisons, la manière dont nous le regarderons changera de manière profonde notre attachement.

4. Angèle de Foligno (1248-1309), de noble et riche ascendance, mariée à 21 ans, menait une vie très dissolue jusqu’au jour où, après une vision de François d’Assise, elle décide d’entrer dans le Tiers Ordre franciscain. Elle raconte : « Une autre fois, c’était le quatrième jour de la Semaine sainte, j’étais plongée dans une méditation sur la mort du Fils de Dieu, et je méditais avec douleur, et je m’efforçais de faire le vide dans mon âme, pour la saisir et la tenir tout entière recueillie dans la Passion et dans la mort du Fils de Dieu, et j’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide, et de méditer plus efficacement. Alors cette parole me fut dite dans l’âme : “Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée.” Cette parole me porta dans l’âme un coup mortel, et je ne sais comment je ne mourus pas ; car mes yeux s’ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Et alors mon amour à moi, mon amour pour lui, m’apparut comme une mauvaise plaisanterie, comme un mensonge abominable. Ici ma douleur devint intolérable, et je m’attendis à mourir sur place. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 09/07/2023