30ème dimanche

« Maître dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand commandement ! Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
1. Croire en un Dieu s’est imposé très tôt à l’homme depuis qu’il est homme. Ceux de notre préhistoire se sont sentis bien petits devant les effets des cataclysmes de la nature, la foudre, les volcans, dont ils étaient victimes sans pouvoir les maîtriser. Dans la crainte et le tremblements, ils ont cherché à se concilier ces « dieux » par des prières d’adoration, des offrandes, des sacrifices. Qui ne s’est pas posé la question de ce Tout-Autre devant l’infini du ciel étoilé. Voltaire, le plus connu de ceux que l’on a nommé « théistes », a écrit : « le monde est une horloge et cette horloge a besoin d’un horloger. L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. »

2. Pour le croyant israélite, Dieu est un, c’est son premier commandement. Il le lui est rappelé à de nombreuses et reprises « Tu ne te prosterneras pas devant leurs dieux pour les adorer, ni les serviras, tu ne feras pas comme on fait chez eux mais tu devras abattre ces dieux, et briser leurs stèles ». Il lui marquait un profond respect tant il était conscient qu’il était « le Tout Autre » depuis que Moïse, l’ami de Dieu, dut se tenir à distance et se voiler la face devant le buisson ardent. En même temps, et pour la première fois dans l’histoire des hommes, il apprend que son Dieu est bienveillance, soucieux de son bonheur et donc qu’il fallait l’aimer de tout son cœur, de toute son et rechercher sa présence au lieu de la craindre. L’auteur du psaume 63 trouve les mots justes pour lui dire : « Dieu, c’est toi mon Dieu ! Dès l’aube je te désire ; mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi dans une terre desséchée, épuisée, sans eau. »

3. Un bouleversement sans pareil se produit au début de notre ère. Les hommes alors virent « l’eau vive » venir au-devant de leur soif en celui qui était assis sur la margelle du puits de Jacob, Jésus. Ses proches entendirent : « je ne vous appelle plus mes serviteurs mais mes amis » On ne pouvait s’y attendre. Comment imaginer que l’Infini, l’Inconnaissable, l’Invisible, le Tout-Autre puisse revêtir les limites, la vulnérabilité et la finitude de l’humanité et s’y incarne. La religion chrétienne est la plus incroyable qui soit. Hubert Reeves, cet homme de sciences qui vient de décéder et qui se posait la question de notre pourquoi, déclara à propos de Noël : il y eut un avant et il y a un après.

4. « Tu aimeras le prochain comme toi-même. » Ce deuxième commandement était déjà inscrit dans les commandements de Moïse. Cependant il ne concernait au sens le plus strict que les membres du peuple élu pour lesquels, de ce fait, le prosélytisme n’avait pas raison d’être, à l’inverse de l’envoi en mission de Jésus : « Allez et enseignez toutes les nations. » « Comme vous le savez, déclara Pierre, c’est un crime pour un Juif que d’avoir des relations suivies ou même quelque contact avec un étranger. Mais, à moi, Dieu vient de me faire comprendre qu’il ne fallait déclarer immonde ou impur aucun homme. » La discrimination religieuse pourtant ne cessa jamais. Les chrétiens se divisèrent, se combattirent, se prirent pour le peuple élu comme le firent d’autres croyants. Les événements au Moyen Orient ravivent dans le monde entier les tensions interreligieuses en cause. Nous oublions que nous sommes chrétiens parce que nés et éduqués en terre chrétienne. Nous serions musulmans en terre musulmane, hindouistes en Inde, animistes en Mongolie. L’article 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 stipule : « Nul ne peut faire l’objet de discrimination de la part d’un Etat, d’une institution, d’un groupe ou d’un individu quelconque en raison de sa religion ou de sa conviction. » Pour le croyant chrétien, il s’agit de bien plus que d’un droit mais d’une disposition du cœur qu’il ne faut cesser de rendre conforme à celui de Jésus en personne.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 29/10/2023