5e dimanche de Carême

1. « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Ce sont les mots d’un espoir déçu que Marthe et Marie adressent à Jésus. On lit la suite : Jésus est là et Lazare n’est plus mort. C’est dire qu’il y eut un avant et un après. C’est ce que Pierre proclamera à plusieurs reprises après la Pentecôte : « Le Prince de la vie que vous aviez fait mourir, Dieu l’a ressuscité des morts. » Jésus rappelle Lazare à la vie le troisième jour après qu’il eut été averti de sa maladie ; les apôtres, eux, reverront Jésus vivant trois jours après sa mort. Manifestement ce récit est la figuration anticipée, l’annonce de ce qui se passera à une petite heure de marche, à Jérusalem, quelques jours plus tard. De même que Jésus a relevé de la mort celui qu’il aimait, ainsi le Père relèvera de la mort humaine Jésus qu’il aimait.

2. La vie est au cœur du dialogue de Jésus avec les sœurs de Lazare. Mais pas de celle que Lazare avait retrouvée. De même que l’eau vive tendue à la Samaritaine n’était plus l’eau du puits de Jacob, de même que la vue redonnée à l’aveugle de naissance n’était plus celle des yeux, de même la vie dont parle Jésus n’est plus celle que Lazare avait perdue. Elle s’écrit avec un grand V, celle à laquelle Jésus entend donner connaissance. Le nouvel aujourd’hui de Lazare va plus loin que ce demain qu’espèrent ses sœurs. Ce demain a déjà un aujourd’hui. Jésus l’avait très explicitement déclaré à ses disciples en Judée : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. » A Nicodème il annonce sa mort-résurrection « afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle ». Il le confirmera encore à Jérusalem, lors de la guérison d’un paralytique : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. »

3. Pour Jésus, la Vie, avec un grand V, est déjà là, dans notre aujourd’hui. Comme ce Royaume qu’il dit à venir mais déjà arrivé. Les disciples comprirent plus tard qu’il parlait de lui. Il était déjà sous leurs yeux de chair, mais aussi au cœur de leur attachement. Ne cherchons pas ailleurs. A l’image du sarment qui vit et produit son fruit tant qu’il reste attaché au cep, de même en est-il de tout disciple qui demeure en lui et en qui il demeure. Il faut nous arrêter un moment pour entrer dans ce qui nous semble tout à la fois paradoxale et merveilleux. Pourtant il nous arrive de voir qu’un mot, un geste, une décision que nous imaginions limités peuvent avoir des résonances bien plus vastes et ignorées de nous. Ainsi en est-il lorsque nous disons « Je crois ». Il s’agit bien plus que d’une adhésion intellectuelle si nous y mettons toute notre âme. Il nous viendra alors que penser à lui, parler de lui nous éveillera en nous bien plus que des souvenirs.Il nous arrivera alors que de le regarder mort en croix, nous fera dialoguer avec un Vivant.

Il chante la joie de vivre l’oiseau qui pépie
Elle te glorifie la fleur qui se pare de beauté
Pour te dire merci de leur avoir donné la vie
Tel le souffle qui fait murmurer la forêt.

Seigneur, avant que l’épreuve n’arrive
Rappelle-nous Simon de Cyrène.
Il prit sur lui le fardeau de ta peine
Pour nous montrer que pour être avec toi
Il faut être avec ceux qui portent des croix.