7e dimanche de Pâques
1. La longue prière de Jésus pour ses disciples se termine ainsi : « Après avoir ainsi parlé, Jésus s’en alla, avec ses disciples, au-delà du torrent du Cédron ; il y avait là un jardin où il entra avec ses disciples. Or Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, car Jésus y avait maintes fois réuni ses disciples. » La grande épreuve allait commencer et bouleverser ses disciples. Ils allaient tous l’abandonner, le premier d’entre eux allait le renier. Ils avaient vu en cet homme le libérateur de la domination romaine, l’avaient entendu parler si souvent d’un nouveau royaume dont ils espéraient occuper la première place. Au lieu de cela cet homme se laisse arrêter et refuse même qu’on vienne le défendre. Le procès, la condamnation, la crucifixion les atterrera. Jésus le savait. C’est pourquoi il va prier devant eux, pour eux. Non pas de l’épreuve qui va venir, de la mort qui efface de la terre tout vivant mais d’une vie éternelle. De sa mort, il parle comme d’un retour vers le Père. De l’abomination de la crucifixion, il parle comme d’une glorification. Voulue par le Père, acceptée par lui. Et tout cela « afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » dit-il en conclusion de sa prière.
2. Dans cette prière Jésus explique tout le sens de sa mission : faire connaître aux hommes « le seul vrai Dieu ». Les hommes se sont vite rendu compte qu’ils n’étaient pas les maîtres du monde. Ils ont imaginé que des puissances supérieures à eux le régissaient et ont invoqué leur protection, leur aide, y compris dans les conflits qui les opposaient. Le vrai Dieu est toujours celui du vainqueur. Moïse chanta ce cantique au Seigneur : « Je veux chanter le Seigneur. Il a fait un coup d’éclat. Cheval et cavalier, en mer il les jeta. » A l’opposé de ce que Jean écrit : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » Mais l’homme était en conflit avec ce Dieu-là. L’amour et ceux qui le prônaient en furent les victimes. Jésus le savait, savait ce qui allait arriver. Il aurait pu ne pas monter à Jérusalem. Il aurait pu rester discret. Mais il ne le pouvait pas sans renoncer à ce pourquoi il était venu. Les disciples verront quelques jours plus tard que l’amour ne peut mourir, que « la mort a été vaincue » comme Paul l’écrira aux chrétiens de Corinthe.
3. De tout temps la mort a fait question pour l’homme. Pourquoi la vie si un jour elle n’est plus ? Jeanne Moreau chantait jadis « le vrai scandale c’est la mort… la destruction de l’innocence, le règne obscur de la souffrance ». Si la religion chrétienne a rencontré le plus grand succès dès les débuts, c’est justement parce qu’elle donnait sens à la vie, un sens à la mort, que Jésus regarde comme un retour à la source de la vie. Aujourd’hui, la réponse à la question « si vous croyez à la vie éternelle, qu’en attendez-vous ? » est toujours la même : « Retrouver mes parents, mes enfants, ceux que j’ai aimés, qui m’ont aimé. » Ceux qu’on pleurait parce qu’on perdait de l’amour. On se réjouit de pouvoir en vivre sur cette terre, on souffre d’en manquer. Cette espérance de pouvoir le retrouver n’est-elle pas le signe discret du Seigneur adressé à chacun ? Le dalaï-lama disait un jour : « Je ne sais pas s’il y a un après-mort, mais je me réjouis de le découvrir. » Marie de Hennezel, bien connue pour son engagement auprès des personnes âgées, proche douze ans durant de François Mitterrand qui fit appel à elle, ne cessa de faire découvrir « les forces de l’esprit », termes que le président reprit dans ses vœux aux Français en 1994 avant de quitter l’Elysée. Cet Esprit Saint « que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit ».
Méditation (Victor Hugo)
Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.
On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;
On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;
On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;
On tâche d’oublier le bas, la fin, recueil,
La sombre égalité du mal et du cercueil ;
On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;
On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,
On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe.
Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu
Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,
Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbres,
De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;
Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini
Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,
Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchante
L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.
On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent
Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,
Tout notre être frémit de la défaite étrange
Du monstre qui devient dans la lumière un ange.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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