6e dim. ordinaire

« Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. »

1. Le fondement de la foi juive tenait en une phrase, le « Shema Israël » : « Ecoute, Israël, tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute âme, de tout ton esprit et le prochain comme toi-même. » Le que faire et le que ne pas faire se lisent dans le Décalogue, les dix commandements : cinq d’entre eux concernent la foi en un Dieu unique et le respect du sabbat, les cinq autres, les interdictions majeures : tu ne tueras pas, ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas ni ne convoiteras le bien d’autrui, tu ne porteras pas de faux témoignage. Il fallut bien les concrétiser davantage dans tous les actes de la vie. On le fit en 248 commandements positifs, ce qu’il fallait faire, et 365 négatifs, ce qu’il était interdit de faire, au total 613. Plus de 130 concernaient le culte au Temple et ne furent plus d’actualité après sa destruction.

2. Bien peu de personnes alors étaient en mesure de pouvoir les appliquer sauf les plus puristes, comme certains scribes et pharisiens qui faisaient peser sur ceux qu’ils appelaient pécheurs un regard réprobateur. Ne leur lançons pas la pierre. L’Eglise, elle aussi, a établi, avec les meilleures intentions, des réglementations que l’on trouve aujourd’hui excessives. Cyprien de Carthage, un évêque berbère mort sous la persécution de Valérien en 258, a écrit : « Hors de l’Eglise, pas de salut. » On l’a interprété dans le sens le plus rigoriste des siècles durant jusqu’à ce que le pape Pie XII en donne une interprétation plus circonstanciée.

3. Jésus ne dit pas « il est interdit ». Il dit « faites la volonté de mon Père ». Il plaint comme on plaint des « malheureux », ceux qui ne le font pas, se réjouit et déclare « bienheureux » ceux qui le font. C’est un bonheur que de découvrir que l’évangile est « libération » et non pas contrainte sous peine de péché. Oui, on peut manquer de générosité, de bienveillance, de patience, d’esprit de paix et de pardon parce que notre nature nous y porte si naturellement, si souvent. Mais on ne peut douter que l’on est toujours sous le regard bienveillant du Christ-Jésus, car « il sait ce qu’il y a dans l’homme ». François de Sales, l’apôtre de la miséricorde, a su le dire si bien : « Vos misères et vos faiblesses ne doivent pas vous étonner : Dieu en a vu bien d’autres… Relevez donc votre cœur quand il tombera, tout doucement, vous humiliant beaucoup devant Dieu sans nullement vous étonner de votre chute, puisque ce n’est pas chose admirable que l’infirmité soit infirme, et la faiblesse faible. » C’est ainsi que nous entrerons déjà dans le Royaume des Cieux qui n’est rien d’autre que le Règne de Dieu dans nos cœurs. En ce mois de février, prions Notre-Dame de Lourdes de nous y aider.


Je vous salue Marie - Francis Jammes (1868-1938)

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
tandis que des enfants s’amusent au parterre
et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
son aile tout à coup s’ensanglante et descend,
par la soif et la faim et le délire ardent,
Je Vous salue, Marie.

Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentre,
par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre
et par l’humiliation de l’innocent châtié,
par la vierge vendue qu’on a déshabillée,
par le fils dont la mère a été insultée :
Je vous salue, Marie.

Par la vieille qui, trébuchant, sous trop de poids
s’écrie : « Mon Dieu ! », par le malheureux dont les bras
ne purent s’appuyer sur une amour humaine
comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène,
par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne :
Je Vous salue, Marie.

Par les quatre horizons qui crucifient le monde,
par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe,
par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
par le malade que l’on opère et qui geint
et par le juste mis au rang des assassins :
Je Vous salue, Marie.

Par la mère apprenant que son fils est guéri,
par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid,
par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée,
par le baiser perdu par l’amour redonné
et par le mendiant retrouvant sa monnaie :
Je Vous salue, Marie.

Extrait du poème Rosaire de Francis Jammes

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 12/02/2023