22e dimanche ordinaire

1. Jésus savait que cela allait mal finir. Il en avait trop dit, il en avait trop fait. Les responsables du Temple n’allaient pas le laisser plus longtemps dire autre chose qu’eux, voire contre eux. Les disciples, eux, ne comprenaient pas ce que Jésus disait devoir lui arriver. Comment auraient-ils pu accepter un instant que cet homme qui avait pouvoir de guérir, de chasser les démons, allait « se laisser faire » par les hommes, se laisser conduire dans l’ignominie à une mort violente. Non, ils ne pouvaient l’admettre comme ne l’admet pas le fidèle du Coran qui parle souvent de Jésus et pour lequel on lit : « Non, ils ne l’ont point tué, ils ne l’ont point crucifié ; un autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué. »

2. Pourtant, c’est bien un chemin de croix que Jésus acceptera de prendre. Non pas parce que son Père voulait de la souffrance, voulait du sang. Comment un Père, s’il est Père, peut-il vouloir la mort de son Fils ? Mais c’est l’homme qui poussera le messager de l’amour divin à montrer jusqu’où l’amour divin devait aller. C’est dans cette démarche que Jésus invite ses disciples. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite… qu’’il prenne sa croix et qu’il me suive. » A une autre occasion, il ajoutera : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple ! » Qu’a-t-il voulu nous dire ? Quelle est cette croix qu’il nous demande de porter ?

3. Selon le langage courant, porter sa croix signifie accepter les épreuves et les souffrances attachées, rester stoïque. Ce que disaient déjà les philosophes de l’école stoïcienne grecque. Marc-Aurèle, un empereur romain, en était. Il écrit : « Accommode-toi aux choses que t’assigna le sort. » Il faut faire avec, disons-nous, chacun doit porter sa croix, son lot de peines et de souffrances. La résignation semble être de bonne sagesse humaine. Pourtant Jésus n’a pu en faire une condition pour être son disciple. Il ne s’est jamais résigné dans le silence lorsqu’il fut contré, dénigré et n’a jamais demandé de se résigner. Cela le conduisit justement sur le chemin du Calvaire. Mais la croix qu’il portait était celle que les hommes lui avaient mise sur les épaules. Sa vraie croix n’était pas de bois mais celle du péché du monde, celui dont Jean-Baptiste a dit qu’il nous l’enlève.

4. Mais pas sans nous ! Simon de Cyrène, en aidant Jésus à porter sa croix, indiqua le chemin à suivre pour qui veut être disciple de Jésus. Nous ne parlons jamais autant de notre santé que lorsque nous la perdons peu ou prou. Le risque de nous enfermer sur nous-mêmes peut devenir grandissant. « L’homme est un apprenti et la douleur est son maître et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert » a écrit Alfred de Musset. Ce qu’il faut en apprendre, c’est à « nous rendre perméable à la souffrance des autres » comme l’a dit l’abbé Pierre. Les apôtres furent frappés par la sensibilité de Jésus. Il eut pitié des foules parce qu’elles se sentaient abandonnées, de cette veuve destinée à la mendicité, de cet aveugle qu’on voulait faire taire et de tant d’autres souffrants. Il leur porta secours et demanda à ses disciples de le faire. Participer au portement de croix des autres nous aidera à porter notre propre croix.


Méditation

A bout de bras, Seigneur, tu as porté
Les croix des hommes et leurs blessures
En venant marcher à leurs côtés
Pour les mener par les chemins de droiture.

Sur les bras de la croix, tu t’es laissé crucifier
Pour ne pas échapper au sort des maltraités
Et connaître les bourreaux et leur cruauté
Qui ne savaient pas quel amour ils ont fait exploser.

Sous les bras de la croix tu es descendu, reposé,
Remis à nouveau entre les mains des hommes
Pour qu’ils puisent présenter au Père Bien-Aimé
La seule offrande digne de l’Amour qu’il leur donne.

Ne laisse pas, Seigneur, mes bras se refermer
Sur la botte de tous mes vains espoirs déçus.
Que mon regard, à ta croix suspendu,
Les ouvre à celui qui me les tend, tout à côté

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 03/09/2023