Dimanche des Rameaux et de la Passion

1. « Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Car ils se disaient : pas en pleine fête, pour éviter des troubles dans le peuple. » Pour trouble de l’ordre public, voilà un motif toujours invoqué de nos jours et qui couvre bien des raisons comme les dégradations, mais aussi, dans de nombreux pays, les délits d’opinion, d’opposition politique. Certes Jésus troubla l’ordre public le jour où il s’en prit au commerce dans le Temple. Mais ce motif cachait ceux que leurs chefs, les sadducéens, avaient sur le cœur : ses déclarations sur la religion qu’on y pratiquait et qu’il disait aller à sa ruine avec ses murs. Cette entrée sous les acclamations de ceux qui le suivaient comme pour une intronisation fut un pas de trop.

2. Jésus aurait pu se taire ou, pour le moins, accepter quelque compromis, proposer des délais. Mais il ne pouvait pas taire ce pour quoi il était venu. Non, Dieu n’était pas seulement le créateur du ciel et de la terre qu’il fallait honorer par des sacrifices comme les païens le faisaient depuis des siècles, qu’il fallait invoquer pour en obtenir santé, richesse, premières places ! Non Dieu n’était pas celui d’un seul peuple qui aurait prédominance sur tous les autres ! Non Dieu n’était pas un juge qui punissait sur le champ ceux qui n’observaient pas toutes les lois par lesquelles les hommes avaient pollué son honneur ! Son Dieu avait le cœur d’un Père. Le culte qu’il attendait passait par la conversion du nôtre. L’homme juste à ses yeux était celui qui cherchait la volonté du Père qui est de se conduire en frère, tout en reconnaissant sa faiblesse. Il y eut des croyants en Jésus qui pensaient cela, même des pharisiens et le suivaient nombreux comme au jour des Rameaux. Ceux-là n’ont pas arrêté, ni condamné Jésus.

3. Ceux qui ont condamné Jésus, ce ne sont pas les seuls sadducéens de son temps par l’entremise des Romains. Le catéchisme du concile de Trente en 1566 l’a énoncé clairement : « Si l’on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour, ceux qu’ils commettront encore jusqu’à la consommation des siècles […]. Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre Paul, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. » Il fallut pourtant attendre le concile de Vatican II pour qu’on efface la prière pour le peuple déicide des prières du Vendredi saint. Nous sommes foncièrement solidaires sans même que nous nous en rendions compte. C’est toute cette humaine misère que Jésus prit sur lui. Il fallait qu’il nous montre un autre chemin, nous avertissant qu’il passerait certainement par une via dolorosa. Voici comment saint Jean de la Croix a vu celle de Jésus.

1. Un Pastoureau, esseulé, s’en va peiné.
Il n’est plus pour Lui, ni plaisir, ni liesse,
Car II songe à sa pastourelle sans cesse,
Le cœur d’amour tout navré.

2. Il ne pleure pas que l’amour L’ait blessé.
D’être ainsi dolent, là n’est pas sa douleur,
Bien que sa douleur Lui poigne le cœur,
Mais Il pleure en pensant qu’Il est oublié.

3. Or, à ce seul penser qu’Il est oublié
De sa belle pastourelle, en grande peine
Il se laisse outrager en terre lointaine,
Le cœur d’amour tout navré.

4. Puis, longtemps après, lentement il monta
Sur un arbre où Il étendit ses beaux bras ;
Et Il mourut, par eux toujours attaché,
Le cœur d’amour tout navré.


Méditation

A bout de bras, Seigneur, tu as porté
Les croix des hommes et leurs déchirures
En venant marcher à leurs côtés
Pour les mener par les chemins de droiture.

Sur les bras de la croix, tu t’es laissé crucifier
Pour ne pas échapper au sort des maltraités
Et connaître les bourreaux et leur cruauté
Qui ne savent pas quel amour ils font exploser.

Sous les bras de la croix tu es descendu, reposé,
Remis à nouveau entre les mains des hommes
Pour qu’ils puissent présenter au Père Bien-Aimé
La seule offrande digne de l’Amour qu’il leur donne.

Ne laisse pas, Seigneur, mes bras se refermer
Sur la botte de tous mes vains espoirs déçus.
Que mon regard, à ta croix suspendu,
Les ouvre à celui qui me les tend, tout à côté.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 02/04/2023