10e dimanche du temps ordinaire

1. Les évangiles ne rapportent pas tous les événements de la vie de Jésus. Il n’est pas possible d’en faire un récit « historique » au sens moderne. Les évangélistes sont des croyants, pas des historiens. Pour autant ils n’éliminent pas ceux qui les ont choqués et qu’il aurait mieux valu ne pas raconter. Comme le reniement de Pierre, le chef des apôtres, par exemple. Celui que nous lisons aujourd’hui en est un autre. La proche famille de Jésus vient le chercher parce que, disent-ils, « Il a perdu la tête ». Et parmi eux, il y a sa mère.

2. On peut les comprendre. Jésus a trente ans environ. Il a vécu une vie des plus ordinaires comme charpentier c’est à dire constructeur de maisons. Un homme comme tout le monde, avec qui on discutait de choses et d’autres. Il avait joué avec les enfants de son âge, avait été initié à la foi et aux pratiques de ses ancêtres, avait certainement discuté du prix de son travail. Rien donc ne semble le distinguer de n’importe qui. Lorsqu’il commence sa mission à Nazareth, il n’est plus le même. Ce qu’il dit est tellement nouveau. Il étonne et s’attire très vite des critiques. On peut comprendre la réaction de sa famille. « Il perdu la tête », et il y va de la réputation de la famille. D’autant plus que les scribes, docteurs de la Loi, ceux qu’il faut écouter, sont venus tout exprès de Jérusalem, pour en savoir plus et l’ont finalement traité de démonique. Ne s’est-il pas déjà fait expulser de la synagogue de Nazareth ? On est en droit de penser que sa mère s’est inquiétée de voir son fils ainsi traité. Il devrait rentrer à la maison.

3. Si Marc a rapporté cet événement, c’est parce qu’il y a vu un enseignement. A la question posée, « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? », « en parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui », il répond : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » La scène est parlante. Il y a ceux du dehors qui veulent lui parler et il y a ceux du dedans « assis en cercle autour de lui » qui l’écoutent. Il y a ceux qui viennent le chercher, il y a ceux qui l’ont trouvé. Deux comportements que Jésus n’a cessé d’observer tout au long de son ministère. Les disciples viendront autour de lui sur la colline des béatitude pour l’écouter, et d’autres viendront le chercher pour le faire taire. « Nul n’est prophète en son pays » dira Jésus. Alors il quitta Nazareth pour aller là-bas, au nord du lac, à Capharnaüm, au pays de la Galilée des nations, où il serait bien mieux écouté.

4. Il n’est rien dit ici de ce que signifie « faire la volonté de Dieu ». Jésus et les auteurs des écrits apostoliques l’ont fait. A plus de vingt occasions. Jésus nous demande d’en intégrer le souhait dans notre prière : « Que ta volonté soit faite sur terre comme elle l’est au ciel. » Ce que Dieu veut, écrit saint Jean, « c’est que tout homme soit sauvé. » Paul écrit à son disciple Timothée : « Voilà ce qui est beau et agréable aux yeux de Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés. » On pense à la parabole du fils ingrat que son père attend. Sa volonté est de donner du bonheur à son enfant et il attend qu’il le lui rende. La volonté de Dieu est à double sens. Le projet de Jésus, sa volonté, tient en quelques mots : « Aimez-vous comme mon Père vous aime, comme moi je vous aime. » Cela commence par l’écouter. C’est bien ce que faisaient, ce jour-là, ceux qui étaient assis autour de lui. Mais écouter, c’est aussi faire comme lui. Dire qu’un enfant n’écoute pas, ne veut pas signifier qu’il n’a pas entendu mais qu’il n’a pas obéi. Paul écrira aux chrétiens de Rome : « Je vous invite donc, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir comme un sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. Ce sera là de votre part un culte spirituel. Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 09/06/2024