11e dimanche du temps ordinaire
Le Royaume de Dieu « est comme une graine de moutarde… ; elle est la plus petite de toutes les semences du monde ; mais, quand on l’a semée, elle monte et devient la plus grande des plantes potagères. »
1. Depuis David, l’histoire du peuple juif est celle de ses rois. Ils ont été institués et mandatés par le Roi de Rois pour établir la paix, la justice, toutes deux tant battues en brèche dans le monde des hommes. Leur histoire s’achève la plupart du temps sur un constat amer : « Ils firent ce qui est mal aux yeux de Dieu. » Les psaumes et les prophètes en appelèrent alors à la venue du Seigneur, Roi de l’univers, pour établir son Règne. Dans un avenir proche pour certains, dans un futur eschatologique, lors de la fin du monde, pour d’autres. Jean-Baptiste fut de ces derniers et demanda la conversion pour échapper « à la colère qui vient » car déjà la hache est au pied de l’arbre qui ne produit pas de bon fruit.
2. Nombreuses sont les paraboles de Jésus qui disent quelque chose du “Règne de Dieu” comme l’écrit Marc, du “Royaume des Cieux” selon Matthieu qui ne veut pas écrire le nom divin. Il en parle aujourd’hui comme « d’un homme qui jette en terre la semence qui, une fois levée, grandit, produit l’épi, et enfin du blé plein l’épi » jusqu’au temps de la moisson. Il ne dit rien de cet homme qu’on identifiera vite au Seigneur, semeur en même temps que Parole semée. La parabole dit l’histoire de la semence, « la plus petite de toutes les semences du monde ».
3. Qu’a voulu nous signifier Jésus ? A-t-il voulu nous dire que le Règne de Dieu, d’abord invisible, grandirait lentement d’abord mais sûrement jusqu’au temps de son plein épanouissement dans notre monde ? Si ce règne devait être celui de la justice et de la paix comme le pensait Isaïe, c’est bien l’inverse que nous observons. Jamais les conflits n’ont été aussi répandus, aussi mortifères ; jamais on ne leur a trouvé autant de justifications. Des civilisations de haut niveau culturel ont disparu comme celle de l’empire des Mayas, ceux de Perse, de Chine, d’Égypte. Aujourd’hui, il n’en va pas seulement de civilisations mais de la planète toute entière.
4. Les apôtres comprirent plus tard le message de la parabole. Le règne de Dieu ne sera pas établi par un coup d’état universel mais par une longue et lente germination au cœur de chaque homme qui l’accueillera. Paul écrivait aux chrétiens de Corinthe : « Vous êtes le champ de Dieu que Dieu cultive. » () Jean-Marie Pelt, botaniste, écologiste des renommée internationale, très engagé dans l’étude et la protection de flore, très croyant aussi, a écrit : « Mon âme est un jardin que Dieu a dessiné. » Nous sommes le jardin de Dieu et le Christ veut en être le jardinier. Mais, comme la parabole du semeur le laisse entendre, il y trouve des ronces, des sols rocailleux ou arides. Ce que nous pouvons constater aisément. Notre tiédeur, nos découragements, nos réticences nous donnent l’impression que rien ne change en nous, que nous sommes aujourd’hui comme nous étions hier.
5. C’est alors que la parabole trouve tout son sens. Elle nous dit que nous n’avons pas à nous désoler au point de nous décourager. Elle nous dit que nous sommes entre les mains du jardinier qui opère, « à notre insu, sans que nous ne sachions comment ». Elle nous dit en même temps que nous ne pouvons pas prétendre « entrer dans le Règne de Dieu » à la force de nos poignets. En constatant cela, en se disant cela, nous mettons notre cœur à sa disposition. Peu de chose, semble-t-il. Mais justement c’est en cela qu’il faut voir que nous sommes « la plus petite de toutes les semences » de la parabole. En nous disant cela, plutôt que de nous morfondre, ce qui est une fermeture sur soi, nous ouvrons la porte au jardinier, nous nous mettons en état de le laisser faire en nous sa volonté. A Paul qui se désolait de ne pouvoir se débarrasser de cette écharde qu’il dit être placée dans sa chair, le Seigneur déclare : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donnera toute sa mesure dans la faiblesse. » ()
6. Voici comment François de Sales, fondateur de la congrégation de la Visitation, parlait de la sérénité qui doit en découler. « Faites comme les petits enfants qui, de l’une des mains, se tiennent à leur père, et de l’autre, cueillent des fraises ou des mûres le long des haies. En maniant les biens de ce monde de l’une de vos mains, tenez toujours de l’autre la main du Père céleste, vous retournant de temps en temps à lui, pour voir s’il a agréable vos occupations. Pensons seulement à bien faire aujourd’hui, et quand le jour de demain sera arrivé, il s’appellera aussi aujourd’hui, et alors nous y penserons. »

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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