14e dimanche du temps ordinaire

1. « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Les propos sont durs. L’évangéliste Luc, au cœur plus sensible, les atténuera : « Aucun prophète ne trouve accueil en sa patrie. » L’évangéliste Jean confirme : « Jésus avait attesté qu’un prophète n’est pas honoré dans son pays. » Cet adage, probablement très ancien, dit la difficulté d’être reconnu dans son entourage dès que l’on sort de l’ordinaire, d’être comme tout le monde lorsque justement l’on en sort. Trente ans durant Jésus fut pour ce village un ordinaire charpentier. Rien de plus ordinaire. Pourquoi en serait-il autrement ? Si les uns s’interrogent : « D’où lui vient cette grande sagesse ? » d’autres sont beaucoup plus acerbes : « Pourquoi serait-il pas toujours comme nous ? » Même ses plus proches ne croyaient pas en lui. Ils vinrent même le sermonner à Capharnaüm : « Tu ne peux pas rester ici, va en Judée. On n’agit pas en cachette quand on veut s’affirmer ! » « S’affirmer », ce ne fut jamais le projet de Jésus. En Judée, c’est-à-dire en l’hostile Jérusalem. Jésus avait quitté Nazareth et n’y reviendra jamais.

2. La conséquence, l’évangéliste l’exprime en quelques mots : « Et là, il ne pouvait accomplir aucun miracle. » Un petit livre intitulé « La confiance fait des miracles » parcourt la vie de Thérèse de Lisieux. Alors que Thérèse d’Avila disait que pour prier il fallait se dire d’abord que Dieu est grand, la petite Thérèse disait qu’il fallait simplement se jeter dans les bras de Dieu. Le récit de la guérison de cette femme atteinte d’une hémorragie inguérissable semble bien le confirmer. Elle ne sollicite pas Jésus. Elle ne pouvait ni toucher, ni être touchée parce que son mal causait une impureté rituelle. C’est elle qui le fait : « Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie. » Jésus se retourne et lui dit : « Va, ta foi t’a sauvée », comprenons : « Va, ta confiance t’a sauvée. » Il lui dit clairement que c’est elle qui en est la source, la cause. La plupart de ceux qui furent guéris entendirent les mêmes mots : « Va, ta confiance t’a sauvé ! » Les guérisseurs de tous genres ne parlent pas ainsi : ils tendent la main. Cette confiance, ils ne l’avaient pas, ceux qui riaient et se moquaient de lui dans la maison de ce chef de la synagogue venu supplier Jésus de guérir sa fille. Jésus les fit sortir et la confiance de Jaïre en Jésus rappela sa fille à la vie. Cette confiance, Jésus l’a demandée à de multiples reprises, même dans les conditions de tempête.

3. Elles sont très maladroites les formules comme « j’ai la foi » ou « je n’ai pas la foi ». Elles paraissent réduire la foi à des croyances. Ces dernières sont d’ordre rationnel, intellectuel. La confiance vient du cœur. Abraham, celui que toute l’Ecriture appelle le père de la foi, entendit : « Va, dans le pays que je te montrerai » et il se mit en route alors qu’il n’avait aucune croyance. Aujourd’hui Jésus est venu pour donner à notre confiance un visage à regarder, un exemple à suivre. Il nous faut en méditer. Bien enracinée, elle nous permettra de regarder les choses autrement, de les vivre autrement, « jusqu’à déplacer des montagnes » dit Jésus. On dit que le malade qui garde le moral augmente ses chances de guérison. En ce temps d’élection, on sait combien la perte de confiance conduit à l’échec. Il faut en méditer.

Seigneur, fais de mon cœur une chapelle, pour que dans le silence je puisse t’écouter et, dans la confiance, trouver la sérénité.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 07/07/2024