16e dimanche du temps ordinaire

1. Dimanche dernier nous entendions Jésus envoyer les Douze en mission pour parler et agir en son nom. A sa place, en son nom, ils ont donc parlé, effectué des guérisons, comme il le leur avait demandé et promis. Ces hommes, simples pêcheurs du lac, sans culture particulière, étaient revenus heureux, un peu excités par leur réussite mais fatigués aussi parce qu’il leur avait fallu aller vite, aller loin. Aujourd’hui nous entendons Jésus leur dire : « Venez à l’écart vous reposer. » Des vacances en quelque sorte, à l’écart, sur l’autre rive du lac. La suite nous dit que, ce jour-là, ce fut raté car ils y furent précédés.

2. Mais tout de même, ce « Venez à l’écart vous reposer » nous fait toucher du doigt l’attention que Jésus portait à ses disciples. Cette attention toute de bienveillance fit sa renommée. Ses concitoyens de Nazareth ne voyaient en lui qu’un homme si ordinaire qu’il ne fallait pas le fréquenter. Ceux qui furent guéris le tenaient pour un homme de Dieu, un nouveau prophète. Mais c’est un autre homme que les apôtres découvrirent. Il leur avait dit : « Vous êtes mes amis. » S’ils le suivirent, ce ne fut pas d’abord à cause de ce qu’il disait, mais parce qu’il faisait bon vivre avec lui, à côté de lui. Cette ambiance, on la touche du doigt dans les récits qui nous disent sa manière d’être avec ceux qui l’abordaient, le ton avec lequel il leur parlait, les gestes de compassion pour ceux qui souffraient. « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, et moi je vous procurerai le repos … car je suis doux et humble de cœur. » Peut-on se rendre plus proche ?

3. Si nous voulons redonner de l’intensité et de la saveur à notre foi, il nous faut retrouver ce Jésus-là. « Venez vous reposer. » Prenons-la pour nous, cette parole qui nous invite à venir un peu à l’écart de nos préoccupations, de nos soucis, pour nous asseoir à côté de lui, pour lui parler, l’écouter. Thérèse d’Avila conseillait à ses compagnes carmélites : " Imaginez que le Seigneur est tout près de vous. …Je ne vous demande pas de forger quantité de concepts. Je ne vous demande que de fixer sur lui votre regard. » Les évangélistes nous en ont assez dit pour que nous le suivions sur les bords du lac, pour que nous l’entendions parler à ses disciples. Alors ses paroles, ses gestes nous reviendront non plus comme des choses entendues ou apprises mais comme une présence sans paroles, pour nous, assis là, juste à côté. " Saint Jean de la Croix qui fut en correspondance avec elle écrit : « Le Père céleste a dit une seule parole : c’est son Fils. Il l’a dit éternellement et dans un éternel silence. C’est dans le silence de l’âme qu’elle se fait entendre. »