17e dimanche du temps ordinaire
1. Ce récit, appelé « la multiplication des pains » est rapporté par les quatre évangélistes. C’est dire son importance à leurs yeux. Quelle est leur intention ? Des premiers siècles jusqu’aux plus récents, des commentateurs y ont vu la preuve de la toute-puissance de Jésus, de sa divinité. Ce ne pouvait pas être l’attente des témoins de cet événement pour lesquels il était impensable qu’un homme puisse être Dieu. Les prophètes leur avaient asséné de tout temps : Dieu est unique, il n’y en a pas d’autre. Ils concluront tout de même : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Alors ils voulurent le faire roi. En s’échappant, Jésus leur montra qu’ils se trompaient.
2. Cet événement est accompli en haut d’une colline, lieu d’enseignement privilégié de Jésus. Ils étaient au nombre invraisemblable de cinq mille hommes selon récit, nombre qu’il faudrait multiplier par trois au moins si l’on compte les femmes et les enfants, tous ceux qu’il fallait nourrir. Mais il n’y a que ce jeune garçon avec cinq pains d’orge et deux poissons. Cela ne fait que sept. Ce chiffre n’est pas si anodin qu’il n’y paraît. Il est présent dans de nombreux récits bibliques. Pensons aux sept jours de la création, à l’origine du nombre de ceux de notre semaine. Noé a renvoyé de l’arche la colombe et le corbeau sept jours pour leur faire observer le retour de la vie sur terre. Josué a tourné sept fois autour de Jéricho avant que les murailles ne tombent. Tous les sept ans, année de jubilé, les propriétaires terriens devaient laisser leurs terres en jachère, libérer leurs esclaves, remettre les dettes à ceux qui avaient. Ce nombre signifiait l’aboutissement, l’achèvement, la plénitude. Jésus s’est présenté un jour de sabbat à la synagogue de Nazareth pour y déclarer qu’avec lui « l’année de grâce du Seigneur, la bonne nouvelle pour les pauvres » sont arrivées. Ces pains multipliés à l’infini semblent bien donner une image de l’arrivée de la bonne nouvelle pour tous les pauvres que nous sommes.
3. Un autre enseignement est caché dans la question que Jésus pose à ses disciples : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Elle est une mise à l’épreuve, écrit l’évangéliste, « car il savait bien ce qu’il allait faire ». En répondant « C’est impossible », André et les autres apôtres avouent leur incapacité. Pourtant, ils verront « que ce qui est impossible aux hommes, est possible à Dieu ». Comme l’ange l’avait dit à Marie au jour de l’annonciation. Comme elle, les apôtres verront la puissance de Dieu passer par l’impuissance de l’homme. L’apôtre Paul l’a bien constaté dans toute sa vie missionnaire. Il dira haut et fort : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » Reconnaître notre pauvreté nous portera à découvrir la richesse des dons de Dieu.
4. Un enseignement affleure encore à la fin de récit. « Quand ils eurent mangé à leur faim, Jésus dit à ses disciples : “Rassemblez les morceaux en surplus pour que rien ne se perde.” Ils les rassemblèrent et ils remplirent douze paniers. » Il y eut la peur de manquer du nécessaire ; maintenant il y a surabondance. Ces douze paniers remplis à ras bord sont maintenant entre les mains des Apôtres, douze, eux aussi. A leur tour, ils les distribueront, pour que rien ne soit perdu.
Au final, on voit que cet événement est didactique. Ce n’est pas à l’ébahissement devant ce que nous serions tentés de considérer comme un miracle que nous sommes conviés mais à apprendre qu’avec nos petits moyens, tels ces cinq pains, lui, Jésus peut faire des miracles. Mais il faut d’abord que nous lui apportions notre pain de pauvre ; lui, il le multipliera.
Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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