21e dimanche du temps ordinaire
1. « Voulez-vous partir vous aussi ? » Il y a de l’inquiétude dans la question de Jésus à ses disciples les plus proches, les Douze. Il vient d’entendre le sentiment des gens qui l’avaient écouté jusque là : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? … Et à partir de ce moment-là beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. » Ils étaient nombreux à venir demander une guérison. Ils ne sont plus que douze à l’entourer maintenant. Ces douze, qui l’avaient suivi au plus près, auxquels il avait expliqué les paraboles, qui avaient reçu ses paroles les plus confidentielles, qu’il avait pris pour amis, allaient-ils, eux aussi, cesser de marcher avec lui ?
2. Si Jésus a attiré des foules dans les premiers temps de sa mission, il les a pourtant vite déçues. Il n’était pas le libérateur attendu. Et ce qu’il disait était tellement différent de ce qui se pratiquait. « Comportez-vous comme des serviteurs et non des maîtres… celui qui se fera le plus petit sera le plus grand aux yeux du Seigneur… faites le premier pas vers celui qui vous a offensé et pardonnez-lui sans attendre de retour… aimez vos ennemis. » Jésus a élevé une montagne inaccessible à leurs yeux. Pourtant, il n’a fait que demander de prendre les chemins de la miséricorde pour y monter.
3. Pierre répond : « A qui irions-nous ? » En quelques mots, il vient de dire, au nom de tous, leur attachement profond. Nous le savons : l’attachement part de sentiments d’affection. Une affection donnée et reçue. Une affection réciproque. C’est en le suivant, en l’écoutant, en voyant ses gestes que les disciples découvrirent celle de Jésus. En lisant attentivement les évangiles, on la devine aisément. Faut-il rappeler son émotion à la vue de la peine de cette veuve de Naïm qui venait de perdre son fils ? Faut-il rappeler qu’il a entendu l’appel de cet aveugle de Jéricho du milieu du tapage de ceux qui le suivaient en nombre ? Faut-il rappeler sa tendresse pour les enfants dont il donne la confiance en exemple à imiter ? Faut-il rappeler ce père inquiet de la parabole qui guette le retour de son enfant et se jette à son cou dès son retour ? Faut-il rappeler l’accueil qu’il fit à cette pécheresse venue à ses pieds et dont on lui fait grief ? Faut-il rappeler qu’il pleura devant le tombeau de Lazare ? Les disciples avouent à plusieurs reprises ne rien comprendre aux paraboles de Jésus et demandent des explications. Leurs sentiments d’affection n’eurent pas besoin d’explications.
4. Tant que nous n’aurons pas pris conscience de la nécessité de cet attachement pour le Christ, nous passons à côté du cœur de notre foi. Nous prenons aussi le risque de nous éloigner de lui, voire nous détacher de lui si nous n’y prenons garde. Aujourd’hui, des baptisés, scandalisés à juste raison par les comportements pédophiles de prêtres, demandent des certificats de débaptisation. Cela consiste à inscrire à côté de leurs noms dans le registre des baptêmes : « A renié son baptême. » Ces personnes avaient cru en des hommes, pas en Jésus-Christ. Ce n’est pas parce que le chef cuisinier est mauvais que la recette est mauvaise.
5. Ce sont ses sentiments d’affection réciproque qui, dès le Moyen Age, firent inscrire dans les règles monastiques les sept œuvres de miséricorde corporelle qui sont : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les pèlerins, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. C’est à Marseille, au VIIIe siècle, qu’est faite pour la première fois mention d’une institution publique, puisqu’un legs prévoit qu’y soit fondé et entretenu un lit. Au Moyen-Âge, ces institutions furent des institutions d’Eglise, administrées par le clergé. Mais c’est à Vincent de Paul que l’on doit la visite aux malades. En 1617, il est nommé curé d’une petite paroisse très défavorisée, Châtillon-les Dombes (aujourd’hui Châtillon-sur-Chalaronne, à 20 km d’Ars). On lui fait part de la misère d’une famille dont toutes les personnes sont malades, sans personne pour les assister. Accompagné de quelques femmes, des dames souvent du grand monde, il va leur porter secours. Ainsi sont nées les « Confréries de la Charité » (origine des Equipes St Vincent). La visite des malades est certainement l’œuvre de miséricorde à la portée de tout un chacun. Prendre la route pour visiter qui ne peut plus se déplacer, qui se trouve isolé, qui a besoin de parler, ou seulement d’être écouté, doit faire partie de notre engagement à la suite du Christ Jésus. Vincent de Paul a écrit : « Quoi, être chrétien et voir son frère affligé sans pleurer avec lui, sans être malade avec lui ! C’est être sans charité ; c’est être chrétien en peinture ! » Camille de Lellis disait aux « Serviteurs des malades », appelés aujourd’hui Camilliens : « Rappelez-vous que les malades sont la pupille et le cœur de Dieu et que ce qui est fait à ces pauvres est fait à Dieu. » Vincent de Paul n’y allait pas par quatre chemins : « Rendre visite à un pauvre, c’est rendre visite à Dieu. »
Le service évangélique des malades (SEM) propose cette prière à ses bénévoles :
« Habite-moi, Seigneur Jésus, au moment de visiter tes malades. Que je m’efface derrière ton visage, pour devenir transparent à ta présence. Là où tu m’accompagnes, donne-moi d’être le sourire de ta tendresse, puisque c’est toi, qu’à travers ma démarche, les malades vont rencontrer. Que mes yeux laissent filtrer ton regard, que mes mains fassent les gestes de ta compassion, que mes silences soient respect et prière, que mon cœur soit brûlant d’amour comme celui de tes amis d’Emmaüs, tandis que nous serons auprès de ceux que tu aimes avec tant de prédilection, et que tu nous permets de visiter par grâce ! Amen »

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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