22e dimanche du temps ordinaire
1. Comme enfants, nous avons certainement entendu cette injonction : « Lave-toi les mains ! » Pour motif d’hygiène. Au temps de Jésus, les Juifs les plus religieux, tels les pharisiens, pratiquaient de fréquentes ablutions d’eau pour se purifier des nombreuses impuretés rituelles recensées dans le livre du Lévitique. Parmi celles-ci figurait le contact avec un païen, un non pratiquant ou même avec un objet leur ayant servi. Ces pratiques s’adressaient initialement aux prêtres du Temple qui ne pouvaient en assurer le service que sous ces conditions. Mais les pharisiens voulaient les étendre à tout le monde. Et comme on ne pouvait pas vivre en communauté sans entrer en contact avec les non-Juifs ou les non-pratiquants, ne serait-ce qu’en faisant son marché, ces purifications lustrales leur paraissaient nécessaires pour rester « pur » devant Dieu. Alors pourquoi les disciples de Jésus qui parlent tant de Dieu donnent-ils le mauvais exemple ?
2. Il y aurait donc ceux qui étaient purs et ceux qui ne l’étaient pas. Parce qu’il y avait ceux qui accomplissaient ces gestes rituels, les pratiquants, et ceux qui ne les appliquaient pas, les non-pratiquants. Pourtant, ce que Jésus condamne, ce ne sont pas les rites, mais de faire de leur pratique les conditions de la pureté devant Dieu. Les termes pratique, pratiquants que l’on utilise toujours de nos jours dans le vocabulaire religieux donnent à réfléchir. On pratique un métier. Le menuisier fabrique des meubles avec ses mains, l’artiste crée une œuvre d’art selon son inspiration. Peut-on fabriquer sa droiture devant Dieu par l’observation des rituels de sa religion ? Comme d’aller à la messe que l’on a rendue obligatoire dans le passé et que certains rendent toujours obligatoire sous peine de péché mortel. Qu’importe ce que l’on y fait, pourvu que l’on y aille. Ne leur jetons donc pas la pierre. Dans toutes les religions, des légalistes contestent tout changement. Dans le passé chrétien, on a condamné à des peines, voire à celle de mort, ceux qui ne suivaient pas à la lettre les prescriptions exigées. Ce qui se passe en Afghanistan, en Iran et bien ailleurs nous émeut. Les pharisiens n’ont jamais été jusque-là.
3. La discussion a dû être véhémente, au vu de la réponse enflammée de Jésus : « Hypocrites, vous laissez de côté les commandements de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Jésus est clair : c’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent toutes ces malfaisances. Il nous invite à porter un regard sur nous-mêmes. Nous en sommes bien d’accord. Il ne faut pas chercher à l’extérieur un tentateur que Dieu enverrait pour nous mettre à l’épreuve. On lit dans la lettre de saint Jacques : « Que nul, quand il est tenté, ne dise : “Ma tentation vient de Dieu.” Car Dieu ne peut être tenté de faire le mal et ne tente personne. » () Le Seigneur ne nous met pas à l’épreuve, comme on pouvait le penser il n’y a pas si longtemps. On ne peut pas se laver les mains, s’innocenter en pensant que le mal vient d’ailleurs. Certes, nous ne nous sentons pas concernés par le meurtre ou le vol mais par beaucoup d’autres vilenies comme méchanceté, diffamation, orgueil, démesure et bien d’autres semblables. Il faut bien reconnaître que nous sommes pécheurs, solidaires du péché du monde qui est le non-amour sous tant de formes. En disant dans le Notre Père « ne nous laisse pas entrer en tentation », comprenons « protège-nous de nous-mêmes ». St Philippe Néri le dit avec un peu d’humour : « Seigneur, méfie-Toi de moi aujourd’hui. J’ai peur de Te trahir ! »
4. Vous l’aurez remarqué aussi. Alors que les pharisiens, en ces pratiques rituelles, pensaient se rendre « purs » devant un Dieu qui les exigerait, celles que Jésus énumère ne concernent que le prochain, nos rapports avec lui. Ils sont nos chemins qui conduisent ou éloignent de Dieu. Ce sont nos actes qui nous jugent, maintenant, chaque jour que Dieu nous donne. Quant au culte divin, relisons Paul : « Je vous exhorte donc, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel. » (). Non en paroles mais en actes.
Seigneur, renvoie-nous à notre image lorsque nous nous sommes tentés d’exiger d’autrui plus que nous exigeons de nous-mêmes.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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