24e dimanche du temps ordinaire
1. « Que dit-on de moi ? » demande Jésus à ses disciples. Il savait pourtant ce qu’on disait de lui. L’aveugle-né guéri, la Samaritaine bouleversée déjà dit : « C’est un prophète. » On lit dans l’évangile de Matthieu que « lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut troublée. On disait : “Qui est cet homme ?” La foule répondait : “C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée.” (). Lorsque les grands-prêtres cherchèrent à l’arrêter, ils redoutèrent les réactions de la foule, parce qu’elle considérait Jésus comme un prophète. Les disciples ne font que rapporter à Jésus ce qu’il savait déjà. Cette première question ne semble n’être là que pour introduire la seconde : « Et vous, que dites-vous de moi ? »
2. Pierre a répondu, au nom de tous : « Tu es le Christ », ce qui signifie « Tu es celui qui a été oint, choisi par Dieu, envoyé par Dieu. » Plus qu’un prophète donc. Oint par Dieu tout comme l’avaient été les rois d’Israël. Pierre, comme beaucoup de disciples, rêvait de voir Jésus les libérer de la domination romaine. Comme en rêvent encore aujourd’hui les croyants juifs inconditionnels dans l’attente de la réalisation des promesses messianiques : la reconnaissance universelle de l’existence de Dieu, de l’authenticité de la Torah, le retour de tous les Juifs libérés du joug de ses ennemis, la construction du troisième Temple duquel rayonnera la lumière de la vérité, de la justice, de la tolérance et de la paix sur le monde entier. Quant à Jésus, un rabbin, Simmons, qui fit autorité a écrit : « Jésus fut un Juif qui, au 1er siècle de l’ère chrétienne, affirma être le Messie et mourut sans accomplir les prophéties messianiques. »
3. Pierre ne s’attendait pas à ce qu’il allait entendre. « Jésus commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et le scribes, qu’il soit tué. » Le rêve de Pierre sombre dans le cauchemar. Au lieu d’une reconnaissance universelle, un rejet. Au lieu d’une libération, une arrestation. Au lieu de la renaissance d’un peuple, la mort de son prophète. Incompréhensible, insupportable et Pierre le fait savoir. Pour s’entendre traiter de Satan, nom qui signifie l’ennemi, l’adversaire, celui qui va contre. Pierre a cessé d’être disciple à ce moment et s’entend dire de passer derrière, de reprendre la place de celui qui doit suivre, marcher dans les mêmes pas, dans la même direction. Peu réjouissante pourtant cette marche vers la renonciation à soi-même que nous ne sommes pas prêts de faire nôtre. Mais Jésus ne fait que redire et conseiller de faire ce qu’il dit vouloir faire lui-même : suivre la volonté du Père. Il en a même fait une prière, la sienne d’abord : « Que ta volonté soit faite… et non la mienne. »
4. Cependant la volonté du Père n’était pas que son prophète mourût en croix. C’est par la volonté des hommes que sa croix, toutes les croix du monde, sont dressées, contre la volonté du Père qui est de s’aimer les uns les autres. Plusieurs siècles auparavant, les disciples du sage chinois, Confucius, du philosophe stoïcien grec, Zénon, avaient déjà écrit qu’il fallait accepter ce qu’on ne pouvait changer, s’adapter à ce que la nature vous apportera, porter sa croix donc. Jésus dit autre chose. De même qu’il a porté la croix des hommes, il nous demande d’aider à porter la croix de celui qui a besoin de notre compassion, de notre aide. Ce n’est pas la résignation que Jésus conseille mais l’engagement à l’exemple de Simon de Cyrène qui porta la traverse de bois de la croix du début jusqu’au bout du chemin vers le calvaire, à la place de celui qui, lui, portait le péché du monde.
5. Il reste que nous sommes toujours devant cette question : « Pour vous, qui suis-je ? » Si Jésus entrait dans cette église pour s’arrêter devant moi et me demander : « Pour toi, qui suis-je », je suis sûr d’être bien embarrassé et de devoir rester muet, bien confus. Il attend autre chose qu’une réponse de surface. La question qui lui tient à cœur, il la posera plus tard à Pierre, par trois fois : « Pierre m’aimes-tu ? » Cette question est à prendre comme une prière. Sa question, sa prière, je dois l’entendre chaque fois que je dois choisir entre l’attitude qui me tente et celle qu’il prendrait. Ma réponse, je la donne chaque fois que j’exauce sa prière. Il saura alors qui je suis pour lui et qui il est pour moi.
Méditation
L’Eternel avait chassé l’homme de l’Eden céleste,
Pour avoir préféré les promesses du mensonge.
Alors l’homme priva son créateur de tendresse
Tout à la recherche du bonheur dans ses songes.
Ils descendirent du paradis de la félicité.
Lui, il monta sur la montagne de Galilée.
Ils s’enfoncèrent dans leur déluge d’iniquités.
Lui, il les porta en son cœur crucifié.
Dieu a tant aimé le monde et lui si peu,
Qu’il fallut bien lui mettre sous les yeux
La croix élevée pour que tous les passants
Voient jusqu’où l’amour conduit son amant.
Seigneur, je veux te dire mon attachement
Sans pouvoir trouver les mots suffisants.
Rappelle-toi à moi lorsque je passerai
Devant ce calvaire qu’à nouveau je saluerai.
Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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