26e dimanche du temps ordinaire

1. « Maître nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom ; nous l’avons empêché car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » L’évangéliste Marc raconte que Jésus, pris de pitié pour les foules qui venaient à lui « parce qu’elles étaient harassées et prostrées comme des brebis sans berger », donna « autorité à ses disciples sur les esprits impurs, pour qu’ils les chassent et qu’ils guérissent toute maladie et toute infirmité ». EN SON NOM ! On était alors en pleine période de succès. Les foules, nombreuses, venaient l’écouter, lui demander guérison, au point que lui et ses disciples « n’avaient même plus le temps de manger ». La renommée de Jésus dépassa les frontières. Alors Jésus envoya ses disciples deux par deux, là où il ne pouvait aller lui-même, pour dire ce qu’il disait, pour faire ce qu’il faisait. Ils étaient revenus, si fiers de leurs succès que Jésus dut tempérer leur enthousiasme : « Voici, je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions, et toute la puissance de l’ennemi, et rien ne pourra vous nuire. Pourtant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » Il dut encore les reprendre lorsque, cette fois, ils lui racontèrent qu’ils interdirent à un inconnu de faire ce qu’ils faisaient en son nom parce qu’il n’était pas des leurs. « Ne l’empêchez pas, rétorque Jésus, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut mal parler de moi. »

2. « En mon nom » précise-t-il. Aujourd’hui l’expression signifie communément « je ne peux être là, sois-le pour moi, représente-moi. » A l’époque de Jésus, elle avait une dimension bien plus dense. Le nom représentait le double de la personne. Invoquer son nom c’est lui demander sa présence. Agir en son au nom, c’est lui demander d’exercer sa mission. Jésus signifie « sauveur ». C’est dans cet esprit que les apôtres ont agi. Lorsque Pierre, sollicité pour une aumône par le mendiant infirme à la porte du Temple, lui répondit : « De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, marche ! », lorsque Paul, sollicité par une femme pour être délivrée de son esprit de divination, lui dit : « Au nom de Jésus-Christ, je te l’ordonne, sors de cette femme », ils firent appel à la puissance de Jésus et non à la leur. Ni Pierre, ni Paul ne se sont attribué ce pouvoir. Il faut nous souvenir de cette dimension du NOM lorsque nous portons sur nous le signe de la croix au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ce geste est plus que symbolique : il est prière.

3. Il n’est rien dit de cet homme qui ne fut pas reconnu comme disciple par ceux de Jésus. Mais, lui, il connaissait Jésus, agissait en son nom. Cela a suffi pour que Jésus le range parmi eux. On lit dans la première lettre de saint Jean : « Tout homme qui vit selon la justice de Dieu est vraiment né de lui. » Sans même devoir appartenir à la communauté chrétienne. Depuis saint Cyprien, évêque de Carthage en Tunisie († 258) on a répété sans restriction, avec conviction : « Hors de l’Eglise, point de salut ! » Heureusement, cette interprétation exclusiviste est abandonnée au sein de l’Eglise catholique mais demeure pour d’autres communautés chrétiennes. De décider qui sera sauvé ne nous appartient pas. Faire de notre état de disciple du Christ un titre de supériorité conduit au sectarisme. Nous ferons bien de penser que nous sommes né, avons été éduqués dans un pays de tradition chrétienne. Autre serions-nous si nous avions vu le jour dans un pays de culture religieuse autre.

4. Il n’y a pas que le domaine religieux qui soit concerné par des comportements éloignés de celui que Jésus nous demande de vivre. Nous en conviendrons facilement : nous sommes plus enclins à critiquer autrui qu’à louer ses qualités. Jean-Jacques Rousseau a écrit : « La critique est une chose bien facile ! On attaque avec un mot et il faut des pages pour se défendre. » Confucius, un sage chinois du 6e siècle avant les nôtres, à une attitude plus constructive : « Le sage ne s’afflige pas de ce que les hommes ne le connaissent pas ; il s’afflige de ne pas connaître les hommes. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 29/09/2024