27e dimanche du temps ordinaire
1. « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » A l’époque de Jésus, la famille était d’ordre matriarcal : la femme y tenait le premier rang en sa qualité de mère, génératrice d’enfants qui ont toujours sa religion. L’enfant était bénédiction de Dieu et la stérilité était vécue comme sa privation en entachant de honte la femme qui en souffrait. La polygamie allait donc de soi. Le livre de Samuel donne les noms des six épouses de David, outre les concubines. Quant à Salomon, il est dit qu’il eut sept cents femmes de rang princier et trois cents concubines. L’évidente exagération des chiffres a pour but magnifier sa grandeur et autant celle des bénédictions que lui prodiguait le ciel. Cependant tout mariage était le fruit d’un contrat, établi souvent dès les naissances, avec des tractations pécuniaires rigoureuses entre les familles pour lesquelles le mariage constituait la perte de la dot de l’épouse mais aussi celle de sa main d’œuvre dans famille en même temps qu’accroissement des biens de celle du mari. Il fallait donc remettre la balance à l’équilibre. Les motifs de renvoi étaient pourtant nombreux : celui de la stérilité en premier mais aussi celui de ne pas savoir cuisiner ou seulement de ne plus plaire à son mari. Il faut ajouter que la mortalité des jeunes mères était très grande. Toutefois la monogamie était majoritaire au temps de Jésus.
2. La question qui lui est posée a l’intention de le « mettre à l’épreuve. » Mais laquelle ? On est en droit de penser que Jésus s’était déjà exprimé sur le mariage, un événement au premier rang des soucis de toute famille qui entend assurer sa postérité dans les meilleures conditions. On devine que Jésus ne pouvait accepter le marchandage d’intérêts que le mariage appelait. Il lui oppose sa gratuité originelle : « Dieu les fit homme et femme… et ils devinrent une seule chair. » Ce faisant, Jésus allait, une fois de plus, à l’encontre de la loi de Moïse, reproche basique de la part des pharisiens, ses observateurs les plus rigoureux. Il avait déjà condamné le commerce du culte à l’intérieur du Temple. Ce jour-là il condamna le commerce du mariage, ce commerce que la loi de Moïse autorisait.
3. Mais du plan de Dieu, l’homme a bien du mal à faire le sien. Le bonheur est au creux des projets des nouveaux mariés, avec l’espérance que cela dure toute la vie, dans le meilleur comme dans le pire. Mais les promesses de bonheur ne suppriment pas par magie la dureté de cœur. C’est que la vie à deux ne va pas de soi. Il arrive que le pire soit plus quotidien que le meilleur. Ce n’est que tout récemment que les médias et les gouvernements se sont penchés sur les drames que cette dureté a engendrés. Viols d’enfants, femmes battues, féminicides, aujourd’hui mis au grand jour, nous émeuvent. Pour échapper à ce qui devient « l’enfer à deux », pour bien des motifs, ne vaut-il pas mieux se séparer ? On ne peut pas soutenir le contraire. En appelant à lui les enfants, Jésus rappelle aux sentiments de l’union conjugale. Un enfant qui naît c’est un appel à la tendresse qu’il demande, mais aussi un modèle de confiance qu’il montre à ses parents. Confiance, tendresse, les sentiments mêmes que doivent échanger ceux qui leur donnent la vie. Les enfants sont là pour le leur rappeler, les aider à en vivre. Pour guérir la dureté de cœur des adultes, Jésus leur montre celle de la tendresse du cœur des enfants.
Seigneur, tu sais ce qu’il y a dans l’homme, ses élans de générosité mais aussi ses difficultés à aimer, à se faire aimer. Tu connais nos chutes sur nos chemins de croix et à côté les passants qui jugent et condamnent. Mais tu ne cesses de dire « Relève-toi » en tendant la main à celui qui se sent condamnable, condamné. Alors, Seigneur, rappelle toi à moi si je devais t’oublier dans ces moments là.
Méditation (Marie-Annick Rétif dite Mannick)
Je connais des bateaux qui restent dans le port de peur que les courants les entraînent trop fort,
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port, à ne jamais risquer une voile au dehors.
Je connais des bateaux qui oublient de partir ils ont peur de la mer à force de vieillir, et les vagues, jamais ne les ont séparés, leur voyage est fini avant de commencer.
Je connais des bateaux tellement enchaînés qu’ils en ont désappris comment se regarder,
Je connais des bateaux qui restent à clapoter, pour être vraiment sûrs de ne pas se quitter !
Je connais des bateaux qui s’en vont deux par deux, affronter le gros temps quand l’orage est sur eux,
Je connais des bateaux qui s’égratignent un peu, sur les routes océanes où les mènent leurs jeux.
Je connais des bateaux qui n’ont jamais fini de s’épouser encore chaque jour de leur vie, et qui ne craignent pas, parfois, de s’éloigner, l’un de l’autre un moment, pour mieux se retrouver.
Je connais des bateaux qui reviennent au port, labourés de partout mais plus graves et plus forts,
Je connais des bateaux étrangement pareils, quand ils ont partagé des années de soleil.
Je connais des bateaux qui reviennent d’amour, quand ils ont navigué jusqu’à leur dernier jour, sans jamais replier leurs ailes de géants, parce qu’ils ont le cœur à taille d’océan.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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