28e dimanche du temps ordinaire

1. « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Cet homme, jeune, mais qui a déjà de grands biens, veut acquérir le plus grand qui soit, la vie éternelle. Que faut-il faire pour cela ? Il a su faire ce qu’il fallait pour devenir riche mais a dû se dire que cela ne durerait pas, que la mort viendrait et que, tous ces biens, il les perdrait. Alors comment acquérir celui qui ne meurt pas, la vie éternelle et, avec elle, tous les autres ? Il ne s’attendait pas à la réponse de Jésus. « Va ! Vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres ! » Au lieu d’acquérir plus en vue du demain, Jésus lui demande de se défaire de ce qu’il a maintenant !

2. Le premier enseignement de Jésus porte sur l’argent. Ce n’est pourtant pas la richesse qu’il condamne, mais l’usage qu’on en fait. C’est bien connu : la richesse donne du pouvoir et bien sûr plus de richesse et plus de pouvoir et plus de richesse… sans fin. Comme une spirale en quelque sorte pour qui s’y laisse prendre. Jésus a dû constater en son temps combien l’avidité de la richesse conduisait son monde. A cet égard, il a des mots très forts : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » Il est malhonnête et trompeur ce dieu qui promet le bonheur. Il a trompé ce riche récoltant qui croyait avoir assuré son avenir par ses greniers remplis. « Homme dépourvu de bon sens ! » lui rétorque Jésus : « Cette nuit même, ton âme te sera redemandée, et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ? » Il a rendu aveugle ce riche qui n’a pas de nom et qui, à la table de son palais, n’a pas vu, ni ressenti la faim du pauvre qui se nommait Lazare, assis à sa porte.

3. Un deuxième enseignement implicite est caché dans la réponse de Jésus. Cet homme voulait assurer son avenir, comme on assure son argent en banque. Jésus lui demande de dépenser son bien tout de suite : « Va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres. » Pour acheter ce qui n’a pas de prix, la vie éternelle. Il l’avait déjà dit dans la parabole de ce gérant « malhonnête mais habile » qui, licencié par son maître mécontent de la gestion de son bien, remet des dettes à ses débiteurs : 50 jarres d’huile à l’un, 80 sacs de blé l’autre rien moins que 50% au premier, 80% au second. Jésus ajoute « Eh bien ! moi, je vous dis : faites-vous des amis avec l’argent trompeur pour qu’une fois celui-ci disparu, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » Il signifie là qu’il faut se préoccuper du temps présent, des besoins de ceux qui sont sous nos yeux, au lieu de rêver d’un avenir que l’on découvrira bien en son temps.

4. Et Jésus de terminer : « Et puis viens, suis-moi ! » Il ne laisse pas cet homme sans projet. Il remplace celui qu’il avait, celui d’accumuler des biens passagers, avec en plus celui de la vie éternelle, par celui de faire ce que lui faisait. Cet homme était venu demander une recette pour sa cuisine, Jésus l’invite à sa table. Il se peut que l’on soit satisfait de nos projets réussis mais aussi amers de leurs échecs. Mais celui de Jésus n’a pas l’étroitesse des nôtres, n’a pas de limite dans le temps. Il se rajeunit, se diversifie chaque matin, si nous voulons bien accepter ce « Viens, suis-moi ! ». Notre vie n’en sera que plus intéressante.

5. Certes, nous ne sommes pas de ceux que l’envie de richesse préoccupe trop. Mais peut-être sommes-nous de ceux qui n’ont pas envie de se laisser toucher par ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté. Peut-être pensons-nous que le problème nous dépasse, que nous ne pouvons rien y faire. On commence à prendre conscience des effets de notre surconsommation, de notre gaspillage et des dégâts qu’elle entraîne. Là, il y a toujours quelque chose à faire. Il faut y penser, faire des choix. Saint Basile Grand, un Père de l’Église du 4e siècle, a des mots très forts. Il écrit : « Il appartient à celui qui a faim, le pain que tu gardes ; à celui qui est nu, le manteau que tu conserves dans tes coffres ; à celui qui est sans chaussures, la chaussure qui pourrit chez toi ; au pauvre, l’argent que tu tiens enfoui. Ainsi, tu commets autant d’injustices qu’il y a de personnes à qui tu pourrais donner. Tu as comme greniers, si tu le veux, le ventre des pauvres. »


Méditation

Ils sont beaux les jours de grand soleil
Quand tout va pour le mieux, que tout réussit,
Quand croire est chose facile à merveille.
De cela, Seigneur, il faut que je te dise merci.

Mais voici qu’arrivent les nuits de tempête
Et les doutes qui font perdre cette assurance
Que je croyais installée en moi en permanence
Comme une garantie contre tout ce qui inquiète.

J’ai peur aussi des lendemains incertains
De cette santé que je croyais garder à l’infini
Et qui s’en va soudain au détour du chemin,
Et me laisse entre les mains des autres, à merci.

Prends, Seigneur, ce qui me fait mal au cœur
Prends, Seigneur, mes doutes et mes pleurs
Prends, Seigneur, ma sécheresse et ma petitesse
Et de ton Église, la pauvreté et la tristesse.

Garde-moi dans ta barque tant ballottée.
A moi qui pleure de te voir si maltraité
Donne, Seigneur, la force qui fut tienne
Lorsque tu connus le mépris et la haine.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 13/10/2024