Dimanche de l’Epiphanie
1. « Où est le roi des Juifs ? » demandèrent les mages venus d’Orient consulter les Ecritures à Jérusalem et Hérode prenait peur. Trente ans plus tard, Pilate d’abord interrogateur, « Es-tu le roi des Juifs ? », finit par répondre : « Le roi des Juifs ? Il est là », et il montrait la Croix sur laquelle il avait mis ce titre. Les mages lui ont offert des présents pour l’adorer, Hérode et Pilate l’ont regardé comme un concurrent à éliminer. Ni Hérode en cet enfant si fragile, ni Pilate devant ce condamné tant défiguré, n’ont vu l’humaine image de Dieu, la divine image de l’homme. Dieu dans l’homme, l’homme en Dieu… Voilà qui n’est pas ordinaire, blasphématoire pour certains, déraisonnable pour d’autres, céleste révélation pour les chrétiens.
2. Les mages étaient passés par Jérusalem pour demander le chemin qui les conduirait à un roi. Ils s’en retournèrent par un autre chemin, après n’avoir vu qu’un enfant et sa mère. Seulement un enfant et sa mère. Seulement la fragilité humaine dans la tendresse. Ce que virent les mages, ce qu’ils emportèrent dans leurs souvenirs, ne ressemblait en rien à ce roi qu’ils s’attendaient à voir. Ce roi travaillera de ses mains, n’aura pour cour et escorte qu’une douzaine de sans grade, des “gens quelconques”. Il n’aura d’autre trône que la colline des Béatitudes en Judée, ou le banc d’un esquif de pêcheur du lac. Il sera ce Roi qui demandera à boire à une femme de la Samarie honnie, se fera inviter à la table de ceux qui ont les mains sales, se laissera toucher par une femme de petite renommée. Il sera ce Roi qui se mettra à genoux devant ses disciples comme leur serviteur. Il sera ce Roi qui n’aura que le commandement de l’amour pour loi et, à cause de cette loi, portera une pourpre dérisoire, un roseau pour sceptre, des épines pour couronne. Et devant ce roi dont le Royaume n’est pas de monde, les mages se défirent de leurs terrestres trésors d’or, d’argent et de myrrhe.
3. Nous considérons que la santé, le bonheur de notre foyer, la réussite en nos projets sont autant de trésors que nous essayons de gagner, de garder. Nous nous les souhaitons au début de chaque nouvelle année. Nous savons aussi combien tous ces trésors sont fragiles, menacés, périssables. Ce sont pourtant ceux-là que ce nouveau roi nous demande de donner à ceux qui en manquent pour qu’ils deviennent des trésors dans le ciel. Parce que ces trésors doivent venir du cœur. Pendant que nous en bénéficions, apprenons à en faire des offrandes. Oui, la bonne santé est un trésor mais la mettre au service de ceux qui ne l’ont pas ou ne l’ont plus lui donnera une valeur qui la dépasse. Oui, la réussite de nos projets est du bonheur qui gagnera en valeur si nous savons en faire bénéficier de moins bien lotis. Le Seigneur nous donne tout en nous demandant de donner à qui nous tend la main. « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » nous dit Jésus pour nous rendre attentifs à nos choix de vie. Ni celui des fourmis qui ne font qu’amasser, ni celui de l’araignée qui ne tisse que pour elle, mais, plutôt, celui de l’abeille qui a besoin des fleurs autant que les fleurs ont besoin d’elle pour produire le trésor de toutes.
Seigneur, nous te cherchons dans les étoiles, au-dessus de nos têtes, et pourtant tu es juste à côté de nous. Dans ce visage attristé, esseulé par un deuil, qu’il faut éclairer par ton espérance comme par une huile de myrrhe revivifiante. En ce corps malade que la perte d’autonomie physique, mentale, met à distance et auquel il faut offrir un peu d’encens de dignité. En cet enfant qui, loin là-bas, dans les ruines de son chez-soi, attend que nous apportions un peu de l’or de notre confort. Donne-nous, Seigneur, de te trouver là où tu es caché et nous repartirons par d’autres chemins, ceux que tu es venu nous montrer.
Seigneur,
Sois notre étoile sur nos tortueux chemins.
Sois notre regard porté sur notre prochain.
Sois notre bienveillance qui fait tant de bien.
Sois notre main pour qui en a tant besoin.
Sois notre oreille pour entendre qui pleure.
Sois notre cœur pour compatir au malheur.
Sois notre largesse pour qui a besoin d’être aidé.
Sois notre tendresse pour qui ne connaît que dureté.
Sois notre joie de vivre pour les aigris de la vie.
Sois notre patience pour qui n’est que violence et cris.
Sois notre espérance pour qui n’en a pas.
Sois notre étoile au moment de nos derniers pas.
Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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