22e dim. ordinaire (1/9) : Pistes pour l’homélie
Piste 1
Lorsqu’on observe attentivement les réactions de Jésus devant la religion de son époque - celle dans laquelle il avait été élevé – on peut penser qu’il n’aurait pas agi autrement s’il avait voulu la bousculer.
Jésus s’est battu contre toutes les lois tatillonnes, il a continuellement été à l’encontre des multiples obligations et interdits qui paralysaient les hommes et femmes de son temps. L’évangile d’aujourd’hui nous en donne quelques exemples en parlant du rite de purification des plats, cruches, mains etc. Nous nous souvenons encore de son intervention au temple où il renverse les échoppes avec les objets nécessaires aux sacrifices. Expressément il choisit le sabbat pour opérer des signes de libération, il mange avec les pécheurs, touche des lépreux, parle aux femmes… Oui, vraiment il va à l’encontre de tout ce que la religion interdisait et qui était déshumanisant.
Cette démarche de Jésus n’était pas neuve puisque, déjà avant lui, Moïse interdisait à son peuple de représenter et reproduire des images de Dieu. Il se rendait bien compte que cette fabrication d’objets soi-disant ‘sacrés’ allait faire tomber le peuple dans l’idolâtrie. Nous savons aussi combien les prophètes, souvent au péril de leur vie, ont dû intervenir pour empêcher leurs contemporains de retourner vers les divinités païennes et les pratiques magiques.
Jésus ne nous a d’ailleurs pas laissé la moindre image de lui, il ne nous a donné que des signes dont le signe du pain et du vin c.-à-d. de sa vie donnée en partage. Même ce signe ne l’avons-nous pas parfois un peu réduit à un objet magique ?
En plus de ce signe, il nous a aussi laissé une loi, un seul commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même. » Mais là aussi au fil des siècles, les hommes n’ont pu s’empêcher de recomposer un ensemble impressionnant de préceptes et d’interdits, de condamnations et d’obligations.
Rien qu’au niveau de la liturgie, les plus anciens s’en souviennent certainement : ne pas manger de viande le vendredi, mettre du sel sur la langue des baptisés, le jeûne eucharistique, l’interdiction de toucher les objets sacrés…
Si l’on aborde la morale, surtout la morale sexuelle, tout était considéré comme impur, même la femme qui venait d’accoucher devait passer par les relevailles…
Succombant à la même tentation que le peuple hébreu, nous aimons aussi les objets magiques et nous retombons facilement dans les pratiques païennes comme porter des talismans et des amulettes, des fétiches, des médailles et autres portes bonheur… Il est naturellement plus facile de porter une médaille ou caresser une statue que de pratiquer la charité.
Oui, tout autant qu’à l’époque de Moïse, Jésus veut encore aujourd’hui nous libérer de toutes ces servitudes pseudo religieuses qui enferment pour nous permettre de prendre en main notre propre destinée et celle du monde.
Rappelons-nous que le 1er commandement n’est pas d’obéir mais d’aimer !
Soyons pratiquants non pas de rites mais de la seule loi, la loi d’amour.
Piste 2
Aucune société au monde ne peut vivre sans loi, obligations ou interdictions. Par contre toutes les sociétés aiment les gens obéissants et soumis. De même l’Eglise, étant une société, a elle aussi ses lois, ses obligations et ses interdits et s’y soumettre, y obéir est considéré comme une vertu.
Mais voici qu’apparaît un homme d’une incroyable liberté qui sait prendre du recul par rapport à toutes ces lois, prescriptions et traditions : il ne se lave pas les mains avant de manger, parle avec les femmes et qui plus est avec une Samaritaine, il guérit le jour du sabbat, mange avec les pécheurs et on peut continuer la liste… Il n’est que logique que tous les gens vertueux et autres pharisiens le pourchassent.
C’est donc, que si la loi est nécessaire – Jésus dira d’ailleurs qu’il n’est pas venu l’abolir – elle peut être cependant très dangereuse pour la vie des hommes.
Il y en a en effet, ceux qui se font une gloire de la respecter jusque dans les moindres détails : ce sont les purs, les durs, tellement rigides que même leur cœur s’est endurci. Et puisque pour eux le respect du sabbat ou de la loi passe avant le respect de l’homme, surtout du pécheur, ils n’ont aucun scrupule à dénoncer, accuser et condamner. Ils sont tellement parfaits qu’à la limite ils se placent au dessus de Dieu puisqu’ils se permettent de juger !
Par contre, en vis-à-vis, il y a tous ceux et celles qui ont conscience de leur faiblesse et de leur pauvreté et qui en souffrent. Je pense à tous ces jeunes couples qui ne sentant pas la force d’obéir à toutes les interdictions imposées au risque de briser leur unité, se sentent coupables. Ou encore à toutes ces femmes et ces hommes qui n’ont pas réussi leur foyer et qui se sentent excommuniés parce qu’ils tentent de se refaire une vie. Je pense aussi à tous ceux qui, aigris par toutes sortes de culpabilisations, se sentent rejetés de l’Eglise. Ou encore à tous ceux et celles qui n’ayant pas trouvé une communauté accueillante en sont sortis… et l’on peut continuer la liste.
Mais voici Jésus avec son étonnante liberté : sur son passage les aveugles voient, les sourds entendent, les pauvres retrouvent leur fierté, ceux que la vie a paralysés bondissent de joie et les pécheurs sur qui reposaient le lourd fardeau de la loi peuvent se redresser car ce Jésus, que l’on dit « fils de Dieu » leur apprend que le 1er commandement ce n’est pas d’obéir… mais d’aimer. Il leur montre que Dieu ne mesure pas selon notre soumission aux obligations et aux lois …mais à l’amour !
Nous chrétiens, nous nous réclamons de cet homme subversif qui rappelle comme le disait Moïse au peuple d’Israël, que le seul sens de la loi est d’abord la vie de l’homme.
Pourtant 2000 ans plus tard le peuple, notre peuple est toujours tenté de faire passer la loi avant l’homme et l’Eglise est toujours tentée d‘appeler « pratiquant » non pas celui qui vit le commandement d’amour mais celui qui obéit au règlement.
Les apôtres nous ont pourtant bien transmis le message puisque nous venons d’entendre l’apôtre Jacques nous dire : Venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, venir en aide aux exploités, accueillir les rejetés, lutter contre l’injustice, c’est cela avoir un comportement religieux pur et sans souillure et c’est à cela que l’Evangile nous invite aujourd’hui !
Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.
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