6e dimanche de Pâques
1. « Je vous laisse la paix. » En hébreu la paix se dit shalom. Le mot entre dans le nom de Jérusalem, la ville de la paix. Dans la tradition biblique « shalom » exprime non seulement la bonne entente avec autrui mais aussi la santé, la prospérité spirituelle et matérielle, le bonheur. Le mot sert de souhait en Israël quand on se rencontre ou quand on se quitte. Jésus l’a utilisé. Les prophètes l’ont mis au cœur de leur message. Le Messie sera le prince de la paix ; il fera la guerre à la guerre et restaurera la création dans son intégrité. Cette paix-là ne vient pas des hommes, elle est don de Dieu. Jésus ajoute : « Je vous donne ma paix, ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » Quelle est cette paix dont Jésus nous dit qu’elle est sienne ?
2. Cette paix, nous le chantons : « La paix, oui la paix, c’est le don de Jésus ; la paix, oui la paix, c’est le don de Jésus. Alors, dit Jésus, alors mon nom sera connu. Oui, la paix, oui la paix c’est le don de Jésus. » La Samaritaine ignorait qu’elle avait devant elle le don qui n’était autre que celui qui lui demandait de l’eau. La paix, c’est celui qui saluera les disciples qui s’étaient enfermés dans le Cénacle. Le pape François, dans sa dernière homélie pour le jour de Pâques, la veille de son départ, a écrit : « On ne peut pas enfermer le Christ ressuscité dans une belle histoire à raconter, on ne peut pas en faire un héros du passé ou penser à Lui comme à une statue placée dans la salle d’un musée ! » Il a voulu nous rappeler que la religion chrétienne n’est pas une religion du livre, une religion de commandements à observer, mais celle d’une présence, d’une vie avec.
3. L’histoire de l’Eglise nous fait connaître des hommes, des femmes qui disent que cela est possible, qu’ils l’ont vécu. A commencer par l’apôtre Paul qui, d’ennemi des disciples du Christ, en devient le plus passionné : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ! » Au 4e siècle, saint Patrick, évêque d’Irlande, clamait : « Christ devant moi, derrière moi, Christ sous moi, sur moi, Christ en moi et à mes côtés, Christ autour et alentour, Christ à ma gauche et Christ à ma droite. Christ avec moi le matin, et avec moi le soir, Christ dans chaque cœur qui pensera à moi, Christ sur chaque lèvre qui parlera de moi, Christ dans chaque regard qui se posera sur moi, Christ dans chaque oreille qui m’écoutera. »
4. Notre vie de disciple est un long apprentissage de ce vivre « Avec ». Celle qu’il fit avec nous ne fut pas béatifique. Pendant cette montée qui commença un jour au bord du Jourdain, se poursuivit au milieu de ses opposants, il montrera à ses disciples le comment vivre notre vie de tous les jours. Nos relations les uns avec les autres, familiales, professionnelles, nos échecs, notre santé, voilà autant de sources d’inquiétude, de mal-être, de souffrances, de découragement, voire de désespérance. Nous pouvons nous trouver bien seuls dans ces moments-là. Charles de Foucauld, bien conscient de toute notre fragilité, écrivait : « Ne craignons pas… Le Seigneur nous voit ramer. Il nous voit nous fatiguer en vain. Mais il est avec nous ! » C’est en le regardant avec le même regard qu’il avait pour nous, que nous apprendrons ses dispositions. Elles étaient pour nous, non pas comme un exemple à admirer, mais comme pour que notre cœur ne soit ni bouleversé ni effrayé. Ce n’est plus une communication d’idées, de paroles, d’ordres, c’est une communion. Socrate disait déjà : « Que voulez-vous que je lui apprenne : il n’aime pas. » Plus fort sera notre attachement, plus facile sera ce sentiment de paix intérieure. Alors, chaque jour, lorsque que nous entrons dans le silence qui précède le sommeil, pensons à lui et nous nous en trouverons mieux.
Seigneur, tu connais les limites de notre cœur, si vite oublieux, si vite froid. Nous aimerions bien nous attacher à toi comme tes disciples, mais nous sommes traversés par tant de sentiments épars, habités par tant de raisons de regarder autrement les choses qu’en toi. Rappelle-toi à nous quand nous t’oublions. Comme une grâce, nous te le demandons.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.