Sts Pierre et Paul
1. Aujourd’hui nous célébrons les deux apôtres les plus célèbres : Pierre, le chef des Douze, Paul le missionnaire des nations. Deux hommes aux caractères forts, aux parcours étonnants, divergents d’abord. On vient d’entendre Pierre déclarer au nom de tous : « Tu es le messie, le Fils de Dieu. » Ce qui ne l’empêchera pas de le renier alors même qu’il avait promis de ne jamais l’abandonner. Paul a un parcours inverse. Il nous dira qu’il fut d’abord « au comble de la rage » contre les premiers chrétiens qu’il poursuivit « jusque dans les villes étrangères » (). C’est pourtant sur cette route qu’il fut retourné, converti. Partis d’horizons opposés, ils se rejoignirent finalement à Rome pour y mourir lors de la persécution de Néron, probablement dans les années 64 et 67.
2. De nombreuses églises de pierre ont pour patrons Pierre ou Paul. La pierre fait partie de notre environnement, de nos symboles. C’est dans la pierre que les seigneurs confièrent leur sécurité en construisant châteaux et forteresses. C’est dans la pierre que les évêques du Moyen Age élevèrent les cathédrales pour qu’elles témoignent à jamais de la gloire de Dieu. Symbole de solidité, symbole de durabilité, voilà ce que Jésus choisit comme nom pour celui qu’il voulait mettre à la tête du groupe des Apôtres comme fondement de son Eglise.
3. Et pourtant ni l’histoire de Pierre, ni celle de Paul ne furent à l’image du cours tranquille d’un fleuve. Il faut penser davantage à des torrent impétueux, dévalant de manière imprévue, imprévisible la montagne. Pierre, c’est l’histoire d’un pêcheur du lac de Galilée qui a connu autant les moments calmes que les tempêtes, les certitudes fidèles que le doute renieur. Celle de Paul passe par un renversement sur la route de Damas. Tous deux payèrent de leur vie leur attachement au Christ-Jésus. Leur histoire, c’est l’histoire de l’homme dans sa foi, fragile, exaltée parfois mais chancelante aussi. L’histoire de Pierre, l’histoire de Paul nous disent un peu notre histoire, celle que nous vivons, celle que nous aimerions vivre.
4. Pierre, mon frère, je te ressemble dans ta foi, dans l’euphorie des jours de fête exaltante, lorsque tu proclames spontanément : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Il y a des jours où cela va de soi, où prier est facile.
Mais je te ressemble lorsque je commence à sombrer dans les épreuves, dans le doute et crie, comme toi qui t’enfonçais dans la mer sur laquelle tu voulais marcher : « Seigneur sauve-moi. »
Mais je te ressemble aussi, dans l’horrible débâcle de la chair et de l’Esprit, quand la peur de la mort te font protester et jurer : « Non, je ne le connais pas ! » Moi aussi j’ai peur de témoigner de toi par peur d’être ridiculisé, considéré d’un autre âge par ceux qui se disent plus modernes que moi.
5. Quant à toi, Paul, je voudrais bien te ressembler un peu. Ton enthousiasme de nouveau converti me manque. Voyageur infatigable, tu as sillonné l’empire de Rome pour porter la Bonne Nouvelle. Tu as rencontré plus d’ennemis que d’oreilles attentives. Personne n’a subi autant d’épreuves que toi, sans jamais te faire renoncer à dire ton attachement à Celui qui t’a parlé sur la route de Damas.
Ces témoins nous interrogent. Comme Jésus qu’il faut imaginer voir passer dans nos rangs, et poser à chacun d’entre nous cette silencieuse question : « Pour toi qui suis-je ? »

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.