26e dimanche ordinaire

1. L’évangéliste Luc a rassemblé dans le même chapitre plusieurs enseignements de Jésus sur l’argent, ses dangers. Dimanche dernier, il s’agissait de l’emploi de nos biens, dont l’argent, pour nous faire des amis d’éternité. Mais la richesse ne conduit pas au shéol, ni la pauvreté aux cieux. Un autre enseignement nous est donné à travers la destinée de ce riche qui n’a pas de nom, peut-être pour donner à entendre qu’il ne s’agit pas d’un cas particulier. Le pauvre a un nom, Lazare, peut-être pour signifier qu’il est l’un de nos proches. Contrairement à ce qui se passe dans notre monde : ceux qui ont fortune ou renommée, qui font la une des médias, sont nommés, photographiés, adulés alors que ceux qui sont sans ressources n’ont pas d’identité et se perdent dans l’anonymat.

2. Le riche est le personnage principal de ce récit. Dans un premier temps, on le voit attablé, faisant bombance dans des habits somptueux et par contraste, à sa porte, Lazare ignoré, affamé, en compagnie de chiens, ces animaux dits impurs, voraces, venus se nourrir de ses plaies. Un repas de fête et à l’opposé la faim d’un malade abandonné. A n’en pas douter la parabole s’appuie sur des faits observés par Jésus. Mais, alors que la parabole du bon Samaritain appelait à venir au secours du blessé du bord de la route, celle-ci n’en fait pas le motif. Il est dans la suite du récit, dans le dialogue que ce riche adresse non pas à Lazare mais à Abraham, le Père des croyants. Ce n’est pas sans intention. Ce riche n’a pas vu le pauvre à sa porte est l’image des adversaires « ricanants » de Jésus qui ne veulent pas voir en lui l’ami de Dieu comme on le disait d’Abraham. En perdurant dans cette opposition, ils créent un fossé entre eux et lui. N’ayant pas voulu avoir soif de lui, ils resteront sans cette eau promise à la Samaritaine comme don de Dieu, à l’image de ce riche qui ne sut pas faire don des miettes de son festin à Lazare. « Quelqu’un pourrait bien ressusciter des morts, ils ne seront pas convaincus. » Cette dernière remarque fait clairement référence à la résurrection de Jésus qu’ils n’admirent pas.

3. La parabole nous concerne. « Les pauvres, il y en aura toujours parmi vous » a dit Jésus pour nous inviter à ne pas nous pas défaire de la miséricorde, qui n’est point condescendance, mais comportement d’humanité, de solidarité. Nous y serons conduits si nous nous laissons guider par le Christ. Il faut le consulter. Cela ne peut se faire que si nous avons créé avec lui des liens d’intimité. Tant que nous ne l’aurons pas fait, notre foi restera froide.

4. Thérèse d’Avila (1515-1582) raconte dans son autobiographie, qu’elle fut, 20 ans durant, une carmélite peu fervente. Un jour elle passe devant le buste du Christ flagellé : « Le Christ, lorsque je le vis, imprima en moi son immense beauté, elle y est toujours, elle y est encore aujourd’hui ; il a suffi d’une seule fois. » Elle découvre et fait découvrir par ses écrits son cheminement : « L’oraison intérieure. »

• Commencer par décider de me recueillir, de prendre quelques instants, quelques minutes ou davantage, au travail comme à la maison, pour arrêter toute occupation extérieure ou mentale. Créer le silence en moi. Pour redécouvrir qu’au plus intime de moi, il y a l’âme.
• Me dire que le Christ est en moi, mais caché. Me redire indéfiniment ce que Jésus a dit à chacun de ses disciples : « Je demeure en vous ! » Intimement et personnellement. Caché comme la saveur du fruit est cachée dans le fruit. Se le redire sans chercher à l’expliquer mais en regardant le Christ : sa vie, ses paroles. Cela demande du temps. Ne pas vouloir aller plus loin tant que cette pensée n’est pas devenue obsédante.
• Pourquoi ? Parce que je suis aimé du Père et que Jésus est venu pour le dire à mon humanité incapable de le savoir. Se redire et méditer : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » « Le Père lui-même vous aime. » Personnellement.
• Me regarder ensuite. Qui suis-je pour mériter cela ? Regarder le temps passé et mes moments de tiédeur, voire d’indifférence. Reconnaître ma pauvreté et mes comportements déméritoires. Humilité.
• Dès lors je ne peux que retourner au Seigneur l’amour qu’il m’a fait découvrir. Et me conformer à vivre autour de moi ce qu’il vit avec moi. Ce qui ne peut qu’augmenter mon amour.
• Pratiquer alors la prière comme « un commerce d’amitié où on s’entretient souvent et intimement avec Celui dont nous savons qu’il nous aime ».
• Pour vivre le quotidien : « « Je tâchais autant que possible de vivre en gardant en moi la présence de Jésus-Christ, notre Bien et Seigneur, et c’était là mon mode d’oraison. »

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 25/09/2022