32e dimanche ordinaire

1. La mort a-t-elle un au-delà ? Sommes-nous de ces étoiles filantes qui s’allument et s’éteignent dans l’instant ? Question plus prenante encore en ce mois de novembre, lorsque que nous nous retrouvons devant la tombe des nôtres et vers laquelle nous nous voyons marcher. Une question sans réponse probante parce que personne ne revient nous dire ce qui se passe dans cet après de la mort. Ont-ils raison, ceux qui pensent que tout s’arrête à notre dernier jour ? Il faut dire merci à ces sadducéens, les prêtres du Temple, négateurs de la résurrection, d’avoir posé cette question à Jésus. Il leur oppose un argument décisif : « Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob, n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. » () Si Dieu est vivant, si nous nous sommes ses enfants, comment pourrait-il leur enlever la vie ?

2. L’homme, depuis les temps les plus anciens, lorsqu’il prit conscience de soi, lorsque accroché à la vie, il s’est posé la question du sens de son existence, a refusé de croire que tout s’achevait à la mort. Toutes les religions du monde ont donné leur vision de l’après de la vie terrestre. Aujourd’hui, des voyantes proposent de faire parler les morts lors de séances de tables tournantes, d’entendre des esprits frappeurs. Des émissions de télé veulent montrer les manifestations de fantômes, ce qui fait plutôt peur. Halloween, ancienne fête celtique, dont le nom signifie « veille de tous des saints », et qu’on célébrait en allumant des lanternes, a été transformé en jeu de masques fantomatiques et pour beaucoup a remplacé la fête de tous les saints. Toutes choses plus inquiétantes que rassurantes.

3. La foi chrétienne en parle autrement, bien plus sereinement. Le Symbole des Apôtres, le credo court, celui que nous récitons habituellement, nous fait dire « je crois en la résurrection de la chair ». Que comprendre ? Reviendrons-nous à la vie, telle que nous la connaissons avec la souffrance et la mort en moins ? Dans la bouche de Paul à qui nous devons ce terme, le mot « chair » est le symbole de la fragilité humaine, des passions, du péché. L’esprit de la chair s’oppose à l’Esprit divin. Dès lors, « la résurrection de la chair » ne signifie pas un retour à la vie telle que nous la connaissons, mais re-création, nouvelle création, transfiguration, comme il l’écrit aux chrétiens de Corinthe : « Voici, je vous dis un grand mystère : tous nous serons transformés… Ce qui est corruptible deviendra incorruptible, ce qui est mortel deviendra immortel. » Une nouvelle histoire commencera sans que celle présente soit effacée : le Christ s’est manifesté avec les marques de sa passion.

4. Notre foi repose sur le seul témoignage des disciples, de Pierre, le premier, qui proclama, devant peuple accouru au Portique de Salomon lors de la guérison d’un infirme : « Le Prince de la vie que vous avez fait mourir, Dieu l’a ressuscité des morts - nous en sommes les témoins. » () Nous donnons notre assentiment à cette parole, qui ne se laisse pas accepter sans risque, comme l’écrit Paul : « Si nous qui sommes dans le Christ n’avons d’espoir que cette vie, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non ; le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis. » ) Les disciples, ces gens sans grande culture, sans ambition politique ou religieuse, ont maintenu leur témoignage envers et contre tous ceux qui les accusaient de tromper le peuple. Jusqu’à donner leur vie. On ne donne pas sa vie pour une histoire que l’on a inventée.

5. Toute sa vie durant Jésus ne cessera de nous parler de Dieu comme d’un Père qui, parce qu’il est Père, ne peut accepter la mort définitive de ses enfants. Son ultime prière pour ses disciples : « Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi » exprime tout à la fois son désir de voir ses disciples le suivre dans le présent et dans le futur. A l’attente inquiète des hommes, il répond en leur demandant de s’engager à le suivre sur son chemin qui ne se termina pas dans la nuit de la tombe que lui a prêtée Joseph d’Arimathée.


Méditation

Lorsque j’aurai fermé la porte sur cette journée,
Lorsque de l’extérieur j’aurai poussé les volets
Et que j’aurai fait le bilan de toutes mes équipées :
Est-ce bien Toi, Seigneur, qui m’auras guidé ?

Dans la réussite ou dans mes projets contrariés
Alors que je me débattais dans la ruche humaine
Pour donner la meilleure image de moi-même :
Quelle place t’ai-je fait dans ma pensée ?

Demain je repartirai parce qu’il le faut
Sur ce chemin qui égrène les jours de la vie
Jusque au bout de ce chapelet un jour fini.
De qui ai-je pris un peu le fardeau ?

Lorsque viendra le soir du dernier sommeil,
Donne-moi, Seigneur, de ne pas te perdre de vue
Dans l’attente reposée de ce nouvel éveil,
Au matin de la Pâque avec Toi enfin reconnu.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 06/11/2022