3e dim. de Carême : La véhémence des premières paroles de Jésus...

1. La véhémence des premières paroles de Jésus est évidente. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ! » A l’époque de Jésus, on ne parlait pas de vie éternelle. Les bénédictions de Dieu comme les punitions devaient se lire dans le présent. Une longue vie était une bénédiction. Encore aujourd’hui on demande pardon le jour du Yom kippour pour qu’un sursis de vie soit accordé. Une mort prématurée cachait des péchés commis, peut-être même par la famille. Jésus s’élève contre cette conception de la justice divine. Il l’avait déjà dit à ses apôtres qui lui demandèrent quel péché devait avoir commis cet aveugle de la piscine de Siloé, lui ou ses parents. Non, ces Galiléens, des rebelles probablement, massacrés dans le Temple par Pilate, n’étaient pas plus pécheurs que tous les Galiléens. Non, ces personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, en construction peut-être, n’étaient pas de plus grands pécheurs que tous les habitants de Jérusalem. Autrement dit, personne ne peut se dire plus juste que celui que l’on a déclaré pécheur.

2. La conversion demandée par Jésus apparaît dans la parabole du figuier qui suit. Ce figuier est un pécheur parmi les autres figuiers : il ne produit pas ce qu’on attend de lui. Il n’a plus de raison d’exister. Il faut donc le couper. Mais intercède le vigneron qui veut tout faire pour lui éviter de disparaître du milieu de la vigne. La patience à la place de la sentence. Le figuier et la vigne sont les symboles traditionnels du peuple d’Israël dont Dieu prend soin comme il est dit dans une autre parabole : « Il y avait un propriétaire qui planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour. »

3. Catherine de Sienne a trouvé les mots justes pour dire l’enseignement de cette parabole : « Toute créature possède une vigne en elle-même : c’est la vigne de son âme dont elle est le vigneron tant que dure la vie. En cultivant sa vigne, on cultive celle du prochain ; on ne peut cultiver l’une sans l’autre. » Elle nous dit qu’on ne peut mettre le prochain à distance pour le regarder, se comparer à lui et le mal juger. Comme le pensaient peut-être ces gens parlant des victimes du temple ou de la tour de Siloé, en oubliant ce qu’ils étaient. Sénèque, philosophe romain du temps du Christ, a écrit : « Nous avons les défauts des autres dans l’œil et les nôtres dans le dos. » Pour ne pas tomber dans cette tentation, François de Sales nous indique comment faire : « Mettez-vous toujours en la place du prochain, et ainsi vous jugerez bien ; rendez-vous vendeur en achetant et acheteur en vendant, et vous vendrez et achèterez justement. Ressouvenez-vous donc d’examiner souvent votre cœur, s’il est tel envers le prochain, comme vous voudriez que le sien fût envers vous, si vous étiez en sa place. » Ils disaient ce qu’on appelle aujourd’hui empathie, un mot qui n’existe dans le vocabulaire français que depuis les années soixante.

- N’attendons pas plus des autres que ce que nous acceptons de faire pour eux.
- Il n’y a pas de meilleur jeûne que le partage de tout ce que nous pouvons donner de nous-mêmes.
- Nous pouvons prier pour garder la santé, mais veillons à mettre la nôtre au service auprès de celui qui ne l’a plus.
 Demander pardon n’a plus de sens si on se refuse à le donner.

Seigneur, tu nous donnes du temps, le temps de ta patience, pour nous apprendre l’impatience du service à rendre, de la rancune à éteindre, du pardon à donner. Nous te remercions de nous avoir dit que tu nous attendais, les bras ouverts, au bout du chemin.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 20/03/2022