3e dimanche de l’Avent

1. Les foules venaient se faire baptiser par Jean, écrit Luc. Mais Luc n’est pas juif et sa générosité est proverbiale. En réalité Jean parle d’un endroit désert, à l’écart du Temple, le lieu de l’enseignement officiel des pharisiens et de sadducéens du Temple qui viennent justement lui demander qui il était. Sa véhémence leur est destinée : « Engeance de vipères, qui vous a montré le moyen d’échapper à la colère qui vient ? » La même que celle de Jésus plus tard : « Engeance de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, alors que vous êtes mauvais ? » Aujourd’hui nous l’entendons s’adresser aux plus riches, aux collecteurs d’impôts, aux soldats, tous gens du Temple. Et lorsqu’il déclare que la hache est déjà à la racine de l’arbre, on entend Jésus dire du Temple qu’il ne restera pas pierre sur pierre.

2. Si l’institution d’une autorité est toujours nécessaire pour réguler lois et décrets nécessaires au vivre ensemble, celle-ci est aussi tentée de s’ankyloser, de ne pas accepter de changer. Aucune institution n’y échappe. Notre Eglise, non plus. Jean annonçait un changement, celui que Jésus apportait et qui lui amena l’opposition de ceux qui voulaient que rien ne change. Il est vrai que le changement que Jésus apportait était révolutionnaire. Jamais on n’avait entendu dire qu’il fallait vouloir et faire du bien à ceux qui vous voulaient et vous faisaient du mal. Jamais on n’avait entendu dire que se faire serviteur était volonté divine. Jamais on n’avait autant condamné l’appât de l’argent qui rend esclave et le cœur dur. Jamais on n’avait dit que Dieu n’était pas puissance mais Amour. Jamais, parce qu’il n’en va pas ainsi chez les homme et que s’ils voulaient le suivre, il fallait une conversion, celle à laque Jean le Baptiste invite et que Jésus demandera sans cesse.

3. Une conversion du sans cesse, toute la vie durant, parce que notre naturel revient toujours, parce que nos habitudes nous habitent, sont les habits sous lesquelles nous vieillissons. Le temps de l’Avent nous est proposé comme un moment de redécouverte de la jeunesse de notre foi. L’enfant à naître fait déjà la joie des parents, les porte à tout préparer pour sa venue, ses habits, son berceau. Tout au cours de sa première jeunesse, il va changer le cours des choses et conduire à la redécouverte de la joie de la vie. Ce n’est pas le hasard qui fait entrer la foi chrétienne dans le monde par la naissance d’un enfant. Au lieu de la colère de Dieu à subir, voilà un enfant à accueillir. Au lieu de la souffrance à supporter, voici un enfant à aimer. Cela ne saurait s’arrêter au jour de Noël. Jésus Christ n’est pas une image pieuse à regarder, à honorer. C’est un dialogue qu’il nous propose. Un dialogue permanent, de tous les jours, de chaque jour, sans paroles, de cœur à cœur. Si nous rajeunissons ainsi notre foi, elle ne sera ni monotone, ni vieillissante.

4. Thérèse de l’Enfant Jésus,dont l’Unesco vient d’inscrire le 150e anniversaire de sa naissance en 1873 parmi celles à célébrer en 2022-2023, nous en a montré le chemin. Pour elle, la prière n’est que dialogue. « Il n’est point nécessaire, écrit-elle, de lire dans un livre une belle formule ; s’il en était ainsi… hélas ! que je serais à plaindre ! Je n’ai pas le courage de m’astreindre à chercher dans les livres de belles prières, cela me fait mal à la tête, et il y en a tant !... et puis, elles sont toutes plus belles les unes que les autres… Je ne saurais les réciter toutes et ne sachant laquelle choisir, je fais comme les enfants qui ne savent pas lire, je dis tout simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours Il me comprend… Pour moi la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. »

Seigneur, tu veux tellement être avec moi et je me sens si loin de toi. En ce temps de l’Avent, apprends-moi à prier comme Thérèse.


Méditation

Seigneur, je ne sais pas prier,
Je ne sais que réclamer, quémander,
Impatient de voir mes souhaits se réaliser,
Mécontent s’ils ne sont pas exaucés.

Apprends-moi à devenir l’un de ces « tout-petits »
Qui ne savent que garder les yeux grands ouverts,
Admiratifs et reconnaissants, levés, vers leur Père
Et, pour le don de cette confiance, lui dire merci.

Emporte-moi, Seigneur, dans ta prière,
Celle qu’en Fils bien-aimé, toi seul sais faire.
Avec toi alors je serai sûr de ne pas rabâcher
Et saurai aussi te parler à cœur ouvert.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 12/12/2021