4e dimanche de Pâques

1. « Mes brebis écoutent ma voix, moi, je les connais et elles me suivent. » Le ton est très irénique, comme une méditation à l’intention de ses disciples, semble-t’il. Il n’en est pourtant rien. Jésus est au Temple, sous le Portique de Salomon, lieu privilégié de l’enseignement. Le jour de sa Dédicace qui rappelait sa primauté pour le croyant. Ses prêtres, les sadducéens, en assuraient le service et le défendaient contre toute profanation et mise en cause de son importance. Jésus en était accusé. Ce jour-là, il se présente comme « le bon berger » et fait le procès des mercenaires. Les sadducéens qui avaient concédé quelque allégeance au pouvoir romain, durent se sentir concernés. Jésus est aussitôt violemment pris à parti : « Il est possédé, il déraisonne, pourquoi l’écoutez-vous ? » Et « ils ramassèrent à nouveau des pierres pour le lapider ». A Jésus qui leur demande d’observer les œuvres qu’il fait, ils répondent : « Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous voulons te lapider, mais pour un blasphème, parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu ! » Jésus venait juste de dire : « Le Père et moi, nous sommes UN. » On le lui rappellera au jour du procès et il lui en coûtera la vie.

2. Ce n’est pourtant pas un titre que Jésus se donne mais le projet d’un Père pour ceux dont Jésus dit qu’il les lui a confiés. Il est la voix du Père et ne fait que ce que son Père veut. Ceux qui l’écoutent écoutent le Père. Il ne s’agit plus d’observer des lois et rites écrits sur des tables de pierre comme les sadducéens le demandaient. C’est une voix qu’il faut écouter. En se présentant comme le bon berger, Jésus veut leur rappeler un moment de leur histoire, celui du jeune berger David devenu le premier des rois d’Israël, de ceux-ci qui, par la suite, devaient considérer qu’ils avaient été choisis par Dieu pour guider, protéger le peuple qui leur était confié. Mais ils seront nombreux, les rois qui se verront fustigés par les prophètes pour n’avoir pas assumé cette mission. Il y en eut plus mercenaires que pasteurs. Les chefs du Temple avaient encore en travers de la gorge cette expulsion de ses vendeurs.

3. Un des thèmes favoris de Jésus, ce sur quoi il n’a cessé de parler, c’est son ardent désir de voir ses disciples lui rester unis. Ils l’avaient connu, l’avaient entendu, lui avaient parlé. Ils ne pouvaient pas oublier cette manière dont Jésus avait vécu avec eux. « Je ne vous appelle plus mes disciples mais mes amis. » Alors que beaucoup étaient venu l’écouter tant ce qu’il leur disait était nouveau, beaucoup le quittèrent, nous dit Jean, après qu’il leur eut parlé de lui comme d’un pain de vie. Il avait bien senti un flottement chez ses disciples et leur posa la question : « Voulez-vous, vous aussi, me quitter ? » Certes, ils perdirent pied lors de son arrestation, de son jugement et sa condamnation à mort. Tout d’un coup il n’était plus là et ceux qui l’avaient depuis longtemps critiqué, en le condamnant, avaient eu le dernier mot. Jésus savait que tout allait mal tourner. Alors il s’attache à demander aux siens de continuer à croire en lui, de lui rester unis en poursuivant l’œuvre pour laquelle il était venu.

4. Nous sommes ou avons été tous, un jour ou l’autre, chargés de responsabilités dans notre milieu familial, professionnel, associatif, communal, voire politique. Les problèmes que l’on trouve présents dans tous les domaines d’activités sont liés à nos relations les uns avec les autres. Même dans le quotidien ordinaire. Etre avec et non pas à côté. Se sentir avec et non pas indifférent. Ne pas passer à côté ou détourner le regard pour ne rien voir. Passer de l’autre côté du trottoir pour éviter celui que je ne veux pas rencontrer. Les occasions sont multiples et chaque jour mises sur notre route par le Seigneur pour nous rapprocher, pour nous approcher de lui. Elles s’appellent aller voir une personne qui souffre de solitude, écouter celui ou celle qui a besoin de parler de ce qui lui fait mal, compatir à la peine d’autrui, regarder chacun qui passe comme mon semblable. La liste est longue. Ne pas le faire c’est rater une occasion de refléter le visage du Christ, de tendre la main de Dieu.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 11/05/2025