Fête du Corps et du Sang du Christ
1. Ce qui frappe d’emblée dans ce récit, c’est bien la disproportion entre le peu de nourriture disponible et les besoins inchiffrables de ces cinq mille personnes, sans compter les femmes et les enfants, ajoute l’évangéliste Jean. Autre sujet d’étonnement : ce sont les disciples qui s’inquiètent ; le maître, Jésus, pourtant si attentionné partout ailleurs, ne semble se poser aucune question. Il va même jusqu’à demander ses disciples dire de s’en occuper eux-mêmes. Est-ce à dessein ? En demandant à ses disciples de pourvoir à cette attente, a-t’il voulu leur faire prendre conscience tout à la fois de leur pauvreté et de leur incapacité à y répondre ? Enfin, selon l’évangéliste Jean, c’est un jeune garçon qui entend et donne ce qu’il a. Autant d’étrangetés qui invitent à dépasser les apparences et à chercher un autre enseignement que celui de la volonté d’un maître en recherche de faire reconnaître sa toute-puissance par un miracle.
2. Ephrem de Nisibe, diacre et théologien du 4e siècle, a vu dans la disproportion des chiffres, cinq pains et deux poissons pour 5 000 personnes, l’immensité de la faim des hommes. Une faim autre que celle du pain dont il n’est ici que le symbole. « L’homme ne vit pas seulement de pain » avait-il été répondu au tentateur. Ephrem écrit : « Ce n’est pas sa puissance qui a mesuré le miracle mais la faim des affamés. » L’évangéliste Matthieu écrit, de Jésus : « Son cœur fut rempli de pitié pour les foules qu’il voyait, car ces gens étaient fatigués et découragés, comme un troupeau qui n’a pas de berger. » Marc ajoute : « Et il se mit à les enseigner. »
3. Ce n’est pas sans raison que la lecture de ce récit, ce dimanche, a été précédée par celle de la Cène, telle que nous le rapporte l’apôtre Paul, le premier à nous transmettre ce qui se fit ce Jeudi saint. Les gestes de Jésus du récit sont en effet identiques, presque mot pour mot, à ceux de la Cène : « Après avoir pris les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. » « Ceci est mon corps qui est pour vous » entendrons-nous dans quelques minutes. « Mon corps… pour vous. » Des mots qui disent le don, le don qu’il fait de lui. Il en avait donné l’eau à la bouche de la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu ! » Le don va bien plus loin qu’un partage. Il ne lui restera rien du pain qu’il a entre les mains parce qu’il le leur aura distribué. Il ne restera rien non plus du corps qu’ils ont devant eux. Mais restera ce pain, ce peu de chose fait de farine et de pain sans levain, à l’image des cinq pains et des deux poissons de ce jeune garçon, qui donne le pouvoir, comme l’écrit saint Augustin, « de demeurer dans le Christ et avoir le Christ demeurant en soi ».
4. Il faut en déduire que communier, recevoir le Christ en personne dans ce peu de pain, demande de réfléchir à deux fois lorsque nous nous approchons de l’autel. Nous entendrons le célébrant nous dire : « Le corps du Christ. » En répondant « Amen » nous ne disons pas seulement merci mais « Oui, qu’il en soit ainsi ». Cyrille, l’évêque de Jérusalem au 4e siècle, écrira : « En recevant son corps et son sang distribués dans nos membres, nous devenons des porte-Christ. » Pensons-y en revenant à notre place.
Seigneur, lorsque je tendrai la main pour recevoir le pain qui cache ton corps, lorsque je mettrai le mien à genoux devant le soleil d’or de l’ostensoir, donne-moi d’entrer chaque fois un plus profondément en communion avec toi.
Méditation
Tu le vois Seigneur, nous sommes tant rassasiés
Que nous savons plus ce qui peut nous manquer
A force de courir aux marchés super garnis
Le cœur se vide de tout ce que tu lui avais promis.
Aux disciples qui se voyaient manquer de pain
Pour apaiser tant de monde de leur terrestre faim,
Tu demandas d’apporter ce peu et ce rien
Qui devinrent bénédictions multipliées sans fin.
Donne-moi d’arrêter ma course, de faire une pause,
Et dans le silence qu’on ne trouve qu’au fond de soi
Te présenter ce peu, ce rien, ma pauvre chose :
Bénis-les, Seigneur, pour qu’ils me donnent faim de toi.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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