Pentecôte

1. Croyants juifs et chrétiens ont en commun les célébrations de Pâques et Pentecôte. Pour les premiers dans l’histoire, Pâques commémore la sortie de l’esclavage en Egypte, la Pentecôte, le don de la Thorah au Sinaï. Elles sont des célébrations du merci, des fêtes de la reconnaissance envers le Seigneur par ceux qu’il avait choisis pour révéler toute la richesse de sa bienveillance. La Pâque et la Pentecôte chrétiennes disent bien plus qu’un souvenir du passé, bien plus qu’un merci à renouveler. Elles donnent un avenir nouveau à vivre et un engagement à le faire connaître. La première Pâque, la première Pentecôte furent les moments de départ sur une route inconnue de l’homme vers un horizon qu’il ne pouvait imaginer.

2. Pâques ne va pas sans la Pentecôte. Les Apôtres furent dans le plus grand étonnement lorsqu’ils revirent Celui qu’il croyait à jamais perdu. Bouleversés, ils sentirent vite qu’ils ne pouvaient garder cela pour eux. Les deux disciples d’Emmaüs qui avaient quitté Jérusalem en soirée dans l’abattement, revinrent de nuit dans l’excitation faire part aux autres de l’avoir retrouvé. L’évangéliste Luc, un païen grec converti, n’était pas des leurs. Pourtant nous lui devons le récit de leur enthousiasme, tel un vent violent venant de nulle part, des mots enflammés pour le dire en toutes les langues. La Pentecôte chrétienne est l’anti-Babel biblique qui avait constaté la confusion des langues.

3. Dès les débuts, l’expansion de la foi chrétienne fut extraordinaire. Paul en fut le missionnaire le plus talentueux. Il parcourut toutes les contrées qui aujourd’hui forment la Turquie, passa en Macédoine, se fixa un temps en Grèce et termina ses courses à Rome où résidait déjà une communauté chrétienne, les catacombes en font foi. De nombreuses communautés chrétiennes virent très vite le jour à Alexandrie et au long du Nil, en Perse, en Ethiopie. Très vite aussi des écrits sur des papyri de fibre de bambou d’abord, sur parchemin de cuir plus tard transmirent l’affaire Jésus. Alors que le premier manuscrit complet de l’AT, qu’on ait entre nos mains (le codex Sassoon, acheté en mai 2023 pour 38 millions de dollars, offert par un philanthrope américain au musée de Tel Aviv) ne date que du Xe siècle, ceux du NT sont du 4e siècle On a trouvé même un petit fragment de l’évangile de Jean datant de l’an 125. On explique cette expansion extraordinaire par le contenu du message, universel et pacifique, et plus particulièrement par sa réponse à la question de ce qu’il adviendra de l’homme après la mort.

4. Pourtant, dans les pays au PIB le plus élevé, la chrétienté se meurt. Mais rien n’avance avec des regrets. Le pape François nous avait renvoyé : « Le problème n’est pas d’être peu nombreux mais d’être insignifiants. » Il nous appartient de retrouver d’abord en nous la dynamique que les signes du vent, du feu, du don des langues, ont inspirés aux Apôtres. Le vent violent qui secoue la porte de notre indifférence. Les langues de feu pour nous appeler à l’enthousiasme qui rend le cœur brûlant comme celui des disciples d’Emmaüs. Le don des langues pour signifier que nous ne devons pas nous taire.

5. Depuis le 4e siècle, au temps de l’évêque de Milan, on connaît la prière de demande des sept dons de l’Esprit Saint.
a. La Sagesse lorsqu’il s’agit de faire les meilleurs choix de vie.
b. L’Intelligence pour discerner l’essentiel et le futile.
c. La Science qui fait voir la beauté de Dieu dans sa création.
d. La Force de la persévérance lorsque je suis découragé par les épreuves.
e. Le Conseil lorsque je ne sais plus quoi faire et oublie de regarder plus haut que moi.
f. La Piété qui est comme un pli de l’âme en dialogue avec le Seigneur.
g. La Crainte qui n’est pas la peur mais interdiction de mettre le Seigneur au tribunal de mes récriminations

Père, cet Esprit Saint, nous te le demandons en cette fête de Pentecôte 2025.


Méditation

En tes disciples confinés par la peur
De se voir entrer dans leur dernière heure,
Tu as rallumé la flamme qui danse de joie.
Seigneur, réveille le feu qui meurt en moi.

Le vent en a semé au loin les étincelles
Pour dire à ceux qui ont perdu l’espérance
De trouver que la vie sur terre a du sens.
Seigneur, fais-moi lever yeux vers le ciel.

Tu leur as donné le don des langues
Pour franchir toutes les frontières
Que, depuis Babel, les hommes élevèrent.
Seigneur, aide-moi à ne pas me taire.

Mets-en-nous l’Esprit, qui des apôtres s’est emparé.
Que l’Intelligence et la Science des choses d’en haut
Nous donnent la Sagesse et la Force de la persévérance.
Par son Conseil fais nous enter dans la Contemplation
Avec la Piété comme notre prière agenouillée.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 08/06/2025