28e dimanche ordinaire

1. Au temps de Jésus, la lèpre et toute maladie de peau contagieuse étaient l’objet de prescriptions contraignantes. On lit dans le livre du Lévitique : « Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : “Impur ! Impur !” » Ils devaient se tenir à distance et des hommes et du Temple et vivaient groupés, souvent près des morts, dans les cimetières. S’ils s’estimaient guéris, ils devaient se rendre au Temple pour être examinés par les prêtres et obtenir une attestation de guérison. Evidemment un Samaritain ne pouvait s’y rendre.

2. Ce Samaritain lépreux, guéri et reconnaissant, est le personnage central du récit. Comme le bon Samaritain en sa parabole. Tous deux sont censés appartenir à cette communauté de Samarie, honnie par la communauté juive. Traiter quelqu’un de Samaritain était la plus grave offense que l’on puisse proférer. On devine en arrière-plan des neufs lépreux guéris, qui n’ont d’autre dessein que d’obtenir une attestation de guérison au Temple, sans aucune intention de revenir, reconnaissants, vers leur bienfaiteur, le comportement de la communauté pharisienne et sadducéenne. Jésus leur a proposé une autre table de la Loi que celle de Moïse, un autre culte à Dieu que celui du Temple. Il ne s’attira qu’un refus et s’entendit dire : « N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé ? » Ce Samaritain, de retour pour reconnaître dans le Christ son salut, anticipe la prédiction que Jésus fera plus tard au Temple, en réponse aux grands prêtres qui lui demandaient qui lui avait donné autorité pour enseigner : « Je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. » (). Ce Samaritain en fut.

3. Le retour de ce Samaritain, porté par sa reconnaissance, nous invite à raviver la nôtre. Nous le faisons déjà lors des célébrations eucharistiques, sans peut-être porter assez d’attention aux premiers mots de la Préface : « Vraiment, Père très saint, il est juste et bon pour ta gloire et notre salut de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, par ton fils bien-aimé, Jésus, le Christ. » Il faut aller plus loin. N’est-il pas plus juste meilleur que de porter en soi de manière profonde, intime et permanente, cette reconnaissance qui fit dire à Paul : « Je fléchis les genoux devant le Père. Qu’il fasse habiter le Christ en vos cœurs par la foi ; enracinés et fondés dans l’amour, vous aurez ainsi la force de comprendre ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur … et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance. » Cette reconnaissance portée à l’égard du Christ ne saurait être évangélique si elle n’habitait pas nos maisons. L’attitude de ce Samaritain guéri doit nous conduire naturellement à observer nos propres comportements. Savoir reconnaître le bien et le beau dans l’autre m’apprendra plus la fraternité. Un grand pape du Moyen Age, Grégoire VII, nous en donne le chemin : « Plus on est humble, plus on est capable de reconnaître le bien qui est dans les autres. » La reconnaissance n’aura pas la mémoire courte si elle procède du cœur.


Seigneur

Je suis en manque de reconnaissance
Pour ta présence au milieu de tous mes oublis
Et pour laquelle je dois te dire un merci
Sans commune mesure avec ta bienveillance.

En manque de reconnaissance pour la beauté
De ta création, livre ouvert par ta générosité,
Pour, qu’avec François d’Assise, ma louange
S’élève et se joigne aux chœurs des Anges.

En manque de reconnaissance pour ceux
Qui me donnèrent le meilleur d’eux-mêmes
Et que je ne reconnus qu’après leur départ
Pour leur faire humble amende honorable .

Que la fleur des champs et l’oiseau du ciel
Qui te disent merci d’être de tes merveilles,
Me sortent des chemins de l’indifférence
Et fassent de moi un chant de reconnaissance.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 09/10/2022