21e dim. ordinaire (24/8) : Pistes pour l’homélie
Piste 1
« La porte est étroite. » Voilà une parole de Jésus plutôt inquiétante ! Cela signifierait-il que peu de monde pourra y passer ?
Ils sont des millions à entrer à Disneyland et pourtant là aussi l’entrée est étroite, en effet il y a un gros étranglement au guichet d’entrée. Lorsque vous allez assister à un spectacle ou à un match il en va de même, la porte est étroite et pourtant tout le monde est invité à entrer et on espère des spectateurs très nombreux. Mais voilà, pour entrer il faut remplir certaines conditions : il faut se délester, vider un peu ses poches !
C’est ce que signifie Jésus. Dieu souhaite que tous, absolument tous nous ayons part au Royaume mais pour y parvenir il faut entrer par la porte étroite, il nous faut également un peu nous délester, nous désencombrer.
Ceux ou celles d’entre nous qui ont eu la chance d’aller en Terre Sainte, et particulièrement à Bethléem, se souviendront probablement de la porte d’entrée de la basilique de la Nativité. On ne peut y entrer que par une porte minuscule. Les plus grands doivent presque se plier en 2 pour passer.
En façade cependant il y a une grande porte comme dans toutes les églises mais… elle est murée.
Pourquoi maintenir une si petite ouverture alors que les pèlerins se pressent nombreux pour y entrer ?
Depuis très longtemps les pèlerins viennent de partout pour vénérer l’endroit où Jésus est né sur la paille, mais alors que le lieu est symbole de l’humilité de Dieu, un Dieu qui s’est abaissé, penché sur l’humanité, les preux chevaliers et les grands seigneurs ne daignaient pas descendre de leur monture pour pénétrer dans ce sanctuaire.
C’est donc pour les contraindre à un peu plus d’humilité, à courber la tête, à faire la file comme tout le monde, c’est pour les forcer à se défaire de leurs encombrantes parures et de tous leurs signes de richesse et de supériorité, que les moines responsables de la basilique, murèrent la grande porte. Chacun devant se défaire des choses encombrantes et superflues, et se faire petit pour entrer par la porte étroite.
C’est un peu la même idée que saint Luc développe lorsqu’il dit qu’il faut passer par le chas d’une aiguille.
Par ailleurs, Jésus nous met aussi en garde contre cette fausse sécurité qu’engendre la pratique religieuse sans conversion du cœur. Nous aurons beau dire : « nous avons mangé et bu en ta présence » même si c’est à la table eucharistique, il nous répondra « éloignez vous de moi vous qui faites le mal ».
Le salut ne dépend pas de nos activités religieuses ni même de notre piété, mais de l’accomplissement de la volonté du Père. Autrement dit : piété et charité doivent aller de pair, ou pour reprendre encore une parole de saint Paul : « De toutes les vertus, c’est la charité la plus grande et elle demeurera éternellement ».
Piste 2
« Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue » nous dit le prophète Isaïe. Mais si nous écoutons Jésus, il semble mettre un sérieux bémol à cet optimisme : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » dit-il.
Non seulement Jésus calme terriblement l’enthousiasme du prophète, en disant qu’il n’est pas si automatique d’y entrer, mais il va encore plus loin : « Quand vous demanderez : Seigneur ouvre-nous », il vous répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes ». Vous aurez beau dire nous avons mangé et bu en ta présence » on vous répondra : « Je ne sais pas qui vous êtes » « Il y aura des pleurs et des grincements de dents ».
Pourtant partout ailleurs Jésus nous présente son Royaume comme universel, sa volonté, dit-il, est que tous les hommes puissent y avoir part. Pourquoi alors cette surprenante restriction dans la bouche de Jésus ?
C’est tout simple : il y a une distance entre le rêve et la réalité. Si le projet de Dieu est d’ouvrir son Royaume à tous, il est obligé de constater que bien peu y arrivent. Il en va de même du royaume comme de l’amour : en effet nous avons tous reçu la capacité, la faculté d’aimer. Qui n’a jamais fait le rêve du grand amour ?
Toutes celles et ceux qui se marient rêvent d’un amour parfait. On se laisse bercer par la douceur et la tendresse, les cœurs débordent de chaleur et de sentiments. Les corps ne se lassent pas de se serrer, s’enlacer, s’embrasser… on se dit des mots mignons, on rêve de ne faire qu’un et de ne jamais se quitter…
Mais il ne faut pas longtemps pour prendre conscience que l’amour n’est pas tout à fait comme on l’avait imaginé. Dans la réalité il est bien différent et se montre exigeant et difficile : il exige des actes, des gestes, du travail, de l’oubli de soi, de l’abnégation, des efforts, du courage, de la patience, du pardon… oui, là aussi la porte est étroite. Si nous regardons autour de nous il n’est pas difficile de constater que beaucoup n’y rentrent pas et qu’il y a bien des pleurs et des grincements de dents.
Il en va d’ailleurs de même pour toute chose : obtenir un diplôme, percer dans le sport, devenir artiste… oui, c’est ouvert à tout le monde mais les portes sont étroites pour y parvenir tellement cela exige du travail, de l’entraînement, des sacrifices, des efforts…
Et bien, nous dit Jésus, le Royaume n’est pas un doux rêve, il n’est pas réservé à ceux qui se gargarisent de belles paroles et de longues prières, il exige de se retrousser les manches. Il faut se déranger, s’impliquer, se priver, éviter les chemins trop faciles du plaisir immédiat.
Rien ne s’obtient sans peine. Mais comme pour l’amour et tout le reste, le Royaume n’attend pas, il n’est pas pour demain. D’ailleurs Jésus nous parle au présent : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite », il y a urgence car comme l’amour, comme la vie… le Royaume n’attend pas.
Piste 3
Tous ceux qui partent ou sont partis en vacances savent ce que c’est qu’un bouchon – que ce soit sur l’autoroute de la mer ou du midi. A voir les colonnes de voitures qui s’allongent d’année en année, on se rend compte que ce ne sont pas les prévisions de bouchons qui arrêtent les vacanciers. Quand on a vraiment envie de quelque chose on n’a pas peur de faire la file, de se donner du mal et même de souffrir pour l’obtenir.
Voici que l’Evangile nous annonce aussi un fameux bouchon auquel nous n’échapperons pas puisqu’il s’agit de la porte du paradis. La porte est étroite nous dit Jésus et il est question que le maximum possible puisse y entrer.
A celui qui posait la question : « Seigneur n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Jésus ne répond pas directement, il n’est pas venu pour rassurer et tranquilliser mais pour nous rendre responsables.
Il utilise d’ailleurs un mot assez fort : « agonizesté » ce qui signifie « efforcez-vous ». « Efforcez-vous » d’entrer dans la porte étroite. Mais si l’on veut traduire littéralement « agonizesté » nous dirions : « battez-vous pour entrer ». Dans ce verbe nous retrouvons le mot « agonie » qui a la même signification, c’est l’ultime combat pour la vie. Ici donc l’Evangile nous dit : « battez-vous pour entrer » ou autrement dit : « pour gagner le ciel il faut se battre ».
Dans ce combat Jésus lui-même s’est engagé totalement. Il s’est battu toute sa vie pour sauver l’humanité. « Sauver l’humanité » ! Mais qu’est ce que cela signifie ? Cela veut dire qu’il s’est battu contre toutes les forces du mal qui nous entourent. Ainsi par exemple il a réagit de toutes ses forces contre l’écrasement de l’homme par la maladie, l’exclusion, contre toutes les injustices sociales, politiques et religieuses en dénonçant les déformations du visage de Dieu.
Oui, toute sa vie a été une « agonie », c.-à-d. une lutte pour la vie.
Autrement dit, à la suite du Christ, nous avons tous à lutter et à nous battre aujourd’hui, là où nous sommes pour sauver, non pas pour nous sauver nous-mêmes mais nous sauver en sauvant les autres.
Voilà ce que veut dire Jésus en parlant de « porte étroite », il n’est pas question d’y entrer en dilettante, en touriste… mais bien dans un combat contre les forces du mal.
Il est vrai que nous avons de plus en plus tendance à croire que Dieu étant la bonté même, personne ne sera exclu du ciel ! Ou,i c’est bien le plus cher désir de Dieu mais nous devons alors accepter ce don ; on n’atteint pas le ciel sans effort pour transformer la terre !
Il n’est pas question non plus, dit Jésus, d’essayer de sortir nos références : « Tu te souviens, nous avons mangé et bu avec toi… » Traduisons aujourd’hui : « Nous avons été à la messe tous les dimanches… »
Non, notre appartenance à un groupe, une race, une famille… ne nous donne pas d’office un droit d’entrée, une priorité pour passer avant tout le monde, il n’y a pas de réservation… la porte est étroite !
Mes chers amis, que la reprise de notre travail et de nos activités professionnelles soit d’abord une reprise du combat pour créer un monde plus juste, un monde de tendresse !

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.
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