23e dim. ordinaire (7/9) : Pistes pour l’homélie
Piste 1
Lorsqu’un parent, un ami, un voisin, vient frapper à notre porte, la 1re et élémentaire politesse est de le faire entrer et asseoir. S’asseoir représente toute une symbolique. C’est d’abord une marque de respect, on manifeste sa considération envers cette personne en montrant que pour elle on n’a pas peur de donner de son temps malgré peut-être qu’elle arrive à l’improviste. C’est une façon d’exprimer notre plaisir de la recevoir.
Faire asseoir, c’est montrer que l’on est heureux de parler avec, non pas seulement de choses superficielles comme lorsqu’en se croisant sur le trottoir on se lance un : « comment ça va ? » Assis, on est enclin à aborder une réflexion plus profonde. Faire asseoir, c’est aussi presque prendre un repas ensemble, d’ailleurs n’offre-t-on pas de suite à boire ou un biscuit à croquer ?
La parabole que nous venons d’entendre, fait remarquer que le roi avant de partir en guerre, ou l’entrepreneur qui construit sa tour commence par s’asseoir et réfléchir sur le bon choix pour ne pas s’engager sur un chemin de mort ou d’échec.
Aujourd’hui, Jésus nous invite aussi à nous asseoir. C’est même une condition de vie. Il est important de temps en temps d’arrêter le temps, de faire le point, réfléchir sur notre manière de vivre, sur nos choix de vie, personnelle, en famille, professionnelle…
Mais qui prend ainsi la peine de s’arrêter et de se réserver chaque jour un peu de réflexion et de méditation ? Peut-être y en-a-t-il qui le font - c’est même devenu une mode - mais reconnaissons que c’est une règle de vie difficile à tenir. Lorsque la journée fut fatigante et que l’on rentre harassé, on choisit plus facilement le fauteuil ou la TV à la place de la méditation. Et c’est ainsi que les jours, les années et la vie passent sans que nous ayons le courage, la volonté de nous arrêter, de nous asseoir.
Nos assemblées dominicales, si elles veulent être d’abord un mémorial de la résurrection de Jésus, nous offrent aussi de nous asseoir et d’écouter une parole qui fait vivre, une parole qui redonne sens à notre vie.
Il est parfois important de nous rappeler que nous n’avons qu’une existence, que quelques années. Nous ne pouvons nous satisfaire d’une vie banale qui s’use au quotidien, nous devons être exigeants et la vouloir épanouie, comblée de joie.
Il est donc primordial, non seulement de réussir sa vie, mais de la réussir parfaitement, de la réaliser pleine et heureuse. Mais cela ne s’improvise pas. Il est nécessaire de temps en temps de marquer la pause, de vérifier si nous sommes toujours sur la bonne voie.
En cette période de reprise et de bonnes résolutions, essayons de prendre aujourd’hui cette décision de nous arrêter et de profiter de l’occasion qui nous est offerte de venir ici nous asseoir, rejoindre toutes celles et ceux qui comme nous veulent sortir du quotidien qui nous dévore et aussi de retrouver des visages familiers. Nos assemblées nous montrent que nous ne sommes pas seuls. La présence des autres nous encourage et nous porte surtout dans les moments difficiles. Il est bon de nouer, consolider des amitiés entre nous mais aussi et particulièrement avec ce Dieu qui veut pour nous un bonheur exaltant.
Piste 2
« L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme. » Voici une parole que beaucoup de jeunes mariés choisissent le jour de leur mariage. C’est une vérité fondamentale. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que nous la retrouvons dès le début de la Bible dans le livre de la Genèse.
Tous les pères et mères sont d’accord avec ces mots. Ils ne disent pas « aïe, mon enfant ne m’aime plus ! » Ils savent que c’est une condition fondamentale pour la réussite de leur foyer. Les parents savent que ce n’est pas parce que leur fils ou leur fille est amoureux de quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes ne sont plus aimés. Dire « Je t’aime plus que mon père et ma mère », n’est-ce pas une façon de dire l’estime que l’on a pour eux ?
Peut-être avons-nous été offusqués de cette parole de Jésus : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme et même sa propre vie n’est pas digne de moi. »
Préférer, choisir Dieu, ne minimise en rien l’amour que l’on a pour les siens. Au contraire c’est en exprimer la grandeur puisque Jésus le choisit comme étalon pour tenter de dire l’amour de Dieu.
Il y a aussi une autre parole de Jésus difficile à accepter dans l’évangile de ce jour. « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. »
L’amour est exigeant. Tous, et particulièrement les parents le savent : aimer entraîne inévitablement des sacrifices et des efforts, des souffrances et des inquiétudes, des renoncements et des privations. Tout amour vrai, s’il est source de bonheur est aussi la cause de bien des croix parfois lourdes à porter. Mais ces chemins d’amour ne sont-ils pas aussi la plus grande preuve d’amour ; c’est là que l’amour manifeste toute sa puissance.
Partir avec Jésus, suivre ses pas, c’est aussi aller jusqu’au bout. Jésus n’a-t-il pas aussi tout quitté, jusqu’à sa propre vie, pour nous montrer jusqu’où l’amour doit aller ?
Et c’est le sens de ces 2 petites paraboles : l’homme qui veut bâtir une tour et le roi partant en guerre contre un autre roi.
Toutes 2 nous invitent à « commencer par s’asseoir » pour réfléchir. Il n’est pas question de s’engager à la légère ou de faire les choses à moitié.
Notre vie est comme une construction qu’il faut mener à bien, elle est un combat permanent comme on vient de le dire.
Il va aussi de soi que si l’amour de Dieu dépasse tout amour humain, combien plus il dépasse tous ces biens auxquels nous attribuons parfois tant de valeur. L’échelle des valeurs que Jésus nous propose ne fait pas toujours l’unanimité, parce qu’elles sont souvent exigeantes et difficiles.
« La porte est étroite » … n’est-ce pas ce que nous rappelait l’Evangile d’il y a 15 jours ?
Piste 3
L’Evangile que nous venons d’entendre n’a pas vraiment pas un goût de bonne nouvelle. Jésus, lui qui nous a donné un commandement d’amour, qui nous invite au respect des pères et mères, mais qu’est ce qu’il lui prend aujourd’hui ? Tout quitter pour le suivre, non seulement quitter ce qui nous appartient mais aussi nos relations familiales les plus chères ! Ou bien Jésus a décidé de faire le vide autour de lui, ou bien il y a une solution pour comprendre…
C’est ce que j’ai essayé de faire en retournant dans le contexte de l’époque. L’expérience de tout quitter pour suivre Jésus a été en fait celle des apôtres : « Laissant là leurs filets ou leurs biens, ils le suivirent. » Leur choix a été radical. Et quand Luc, quelques dizaines d’années plus tard, rédige son évangile, il demande à tous ceux qui se disent disciples de Jésus de reproduire cette expérience des douze. Pourquoi ? Sans doute parce que Luc comme les premiers disciples avait découvert avec Jésus une autre façon d’envisager sa vie, un bonheur possible et une liberté différente. Ils avaient surtout, je pense, découvert un amour. Et quand on découvre un amour, nous sommes prêts à tout abandonner pour le vivre intensément. « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme ! »
Voilà une phrase que nous connaissons bien et qui nous semble naturelle. Ce n’est pas parce que nous laissons là nos parents pour fonder une famille que nous ne les aimons plus mais nous nous attachons à quelqu’un qui nous ouvre d’autres chemins de bonheur. Tout quitter pour suivre celui qu’on aime, tout quitter, nous dit l’Evangile, pour suivre Jésus qui nous révèle l’amour inconditionnel de notre Dieu.
Un tel engagement ne se prend pas à la légère. Cela demande du discernement, de la réflexion car des renoncements sont nécessaires. Aimer engendre des choix difficiles : combien de mamans et de papas sont, par exemple, tiraillés entre les exigences de leur profession et le désir d’être en famille ! D’où le devoir de s’asseoir pour évaluer nos forces et notre détermination. Comme l’architecte fait d’abord les plans de sa construction ou le militaire élabore la stratégie de la bataille, il nous faut nous asseoir pour oser risquer l’aventure de l’amour en toute lucidité. Nous asseoir aussi pour accueillir dans le silence de la prière l’Esprit de Dieu source et force de nos choix.
Alors nous serons capables de regarder le monde et les autres autrement. C’est à cela que Paul invite son ami Philémon dans la première lecture. Onésime était son esclave mais il a rejoint Paul prisonnier, sans doute à Ephèse. Entre eux une amitié profonde s’est nouée. Paul, dans sa lettre, le renvoie à Philémon en l’invitant à regarder Onésime non plus comme un esclave mais comme un frère bien-aimé. Et il ajoute « aussi bien humainement que dans le Seigneur ».
Quand on décide de se mettre dans les pas de Jésus, nos attaches familiales s’élargissent : tout être humain devient notre sœur ou notre frère. Nous recevons au bout du compte plus que ce à quoi nous avons renoncé !

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.
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