25e dimanche ordinaire

1. Jésus ne cesse de nous surprendre. « C’est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers seront derniers. » La sentence finale de cette parabole dite “des ouvriers la onzième heure” interroge. Qui sont ces premiers ? Qui sont ces derniers ? Ils ont raison de récriminer, ces ouvriers de la première heure qui ont enduré « le poids du jour et de la chaleur » et sont payés en dernier d’un denier comme ceux qui n’ont travaillé que quelques heures, et même la plus confortable, la dernière de la journée. L’équité exige que le salaire soit proportionné au travail fourni. Simple règle de trois. Cette parabole, comme beaucoup d’autres, est volontairement irréaliste. C’est que, comme le dit Jésus, il en va ainsi du royaume des Cieux, du royaume de Dieu. A l’évidence, c’est lui le maître de la vigne. Que veut nous dire Jésus ?

2. La parabole s’inscrit d’abord dans un vécu de contestation que cette parabole rappelle. Tel ce maître de la vigne, Jésus fait bon accueil aux pécheurs, va demeurer chez Zachée, le collecteur des impôts romains, donne des Samaritains en exemple. Des deux qui priaient au Temple, l’un se vantant d’être juste et non tel cet homme s’humiliant prostré au fond, seul ce dernier est dit justifié. La parabole est d’abord une réponse à « certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres ». Mais n’est-ce pas Dieu qui est injuste ?

3. La pointe de la parabole est ailleurs. Elle entend illustrer cette prodigalité de Dieu que Jésus n’a cessé de montrer. Il est ce semeur qui sème à tout vent, ce berger qui part à la recherche de la brebis perdue, ce père qui guette l’horizon, ce maître de maison qui fait cadeau de 10 000 talents. Il est ce roi qui envoie ses serviteurs inviter à la table des noces de son fils, dédaignée par les premiers invités : « Allez donc aux places d’où partent les chemins et convoquez à la noce tous ceux que vous trouverez. Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons. » Il est celui qui fait pleuvoir sur les justes et les injustes. Aujourd’hui il est ce maître qui sort à toute heure pour appeler à sa vigne et donne aux derniers comme aux premiers.

4. Cette prodigalité est-elle compatible avec la justice rétributive ? Non, disent les ouvriers de la première heure. Leur œil serait-il mauvais ? Egalité figure en premier au front de la républicaine Marianne. La devise est belle, la réalité bien différente. Mais de Dieu on n’en peut douter. D’ailleurs le jugement dernier selon l’évangéliste Matthieu ne laisse planer aucun doute : « Ceux qui commettent le mal iront au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle. » C’est ici qu’il faut mettre en question notre manière de penser Dieu. « Mes pensées ne sont pas vos pensées. Et mes voies ne sont pas vos voies » avait-il fait dire à Isaïe. Saint Augustin disait : « Dieu, est un être dont on parle sans pouvoir rien en dire, et qui est supérieur à toutes les définitions. » Faire de Dieu notre débiteur, n’est-ce pas vouloir traiter d’égal à égal ? On ne peut pas mériter le ciel comme on croit pouvoir le faire. Nous ne sommes pas en capacité de rembourser 10 000 pièces d’argent. Mais il nous faire bon usage des 100 qui sont à notre disposition. Jésus nous fait regarder l’enfant tout en confiance pour nous dire notre attitude. Répondre à l’appel du maître de la vigne, même à la dernière heure, avec notre peu de moyens, faire ces petits gestes énumérés dans le jugement dernier de l’évangile de Matthieu. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » écrivait Paul. Saint Vincent de Paul va plus loin encore : « Tout le bien qui se fait vient de Dieu. Nous devons toujours rapporter à Dieu le bien qui se fait par notre entremise. » « Tout est grâce ! » sont les derniers mots du « Journal d’un curé de campagne » de Georges Bernanos.


Méditation

Seigneur, je ne sais pas prier,
Je ne sais que réclamer, quémander,
Impatient de voir mes souhaits se réaliser,
Mécontent s’ils ne sont pas exaucés.

Apprends-moi à devenir l’un de ces « tout-petits »
Qui ne savent que garder les yeux grands ouverts,
Admiratifs et reconnaissants, levés, vers leur Père
Et, pour le don de cette confiance, lui dire merci.

Emporte-moi, Seigneur, dans ta prière,
Celle qu’en Fils bien-aimé, toi seul sais faire.
Avec toi alors je serai sûr de ne pas rabâcher
Et, en de vaines paroles, m’égarer.

J’avancerai alors plus léger sur cette route pèlerine,
Avec Toi à mes côtés vers la basilique divine
Qui rassemblera tous les enfants, heureux
De chanter la gloire du Père qui est dans les Cieux.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 24/09/2023