"Il est descendu aux enfers" ... pour le VIDER

Éditorial du 29 mars 2018

"Il est descendu aux enfers."

Nous récitons tranquillement cette parole chaque fois que nous proclamons notre CREDO. Pour comprendre un peu ce qu’elle veut dire, nous avons besoin de nos frères chrétiens d’Orient : la Descente aux enfers est en effet l’une de leurs icônes les plus familières.

Regardez-la : on y voit le Christ en gloire, habillé de blanc, portant la croix à trois étages qui signifie qu’Il sauve le passé, le présent et l’avenir, mais aussi l’enfer, la terre et le ciel. Il pose les pieds sur les deux portes de l’enfer ; Il les a brisées ; Il tire fermement de sa tombe Adam dont la main est encore molle, Il va tirer Ève qui est en face et qui est encore toute prisonnière de son linceul rouge. Il veut les entraîner dans un mouvement irrésistible d’ascension avec tous ceux qui sont derrière : on reconnaît couronnés David et Salomon ; on reconnait deux prophètes avec cette espèce de petite boule rouge sur la tête : est-ce Isaïe, Jérémie ou Ézéchiel ? Peu importe ; et puis encore cinq personnages qui pourraient être dix, cent ou mille : en réalité, nous nous trouvons devant l’une des plus belles représentations du Christ : le Christ, c’est Celui qui veut vider l’enfer ; c’est Celui qui veut tirer dans sa vie tous les hommes, toutes les femmes de notre monde. Le Christ gagne le salut des hommes et des femmes de tous les temps passés ; Il les emmène vers le grand matin d’espérance et d’éternité.

C’est ainsi qu’Il achève sa plongée dans la mort. Descendu de la croix, Il se préoccupe davantage de la vie des autres que de la sienne propre. Aucune mort n’est trop morte pour qu’Il ne la combatte encore. Aucun pécheur n’est trop pécheur pour qu’Il ne lui redonne le goût de vivre. « La ténèbre n’est pas ténèbre devant toi et la nuit comme le jour illumine… », nous le chantons souvent.

Notre monde est encore entre le vendredi de la mise en croix et l’aube pascale ; à l’heure où les ténèbres qui s’abattent sur Jérusalem font parfois douter d’une aurore possible. Or le Christ n’est pas inerte dans cet espace-temps qu’Il veut libérer de toute mort.

Il vient vider l’enfer et peupler le ciel. Un ciel où à jamais « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (). Un ciel chaque jour à faire avec nos bras et plus encore avec sa grâce avant que le Christ nous y accueille pour toujours.

Bonnes fêtes pascales !

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François GARNIER

Archevêque de Cambrai († 2018).

Publié: 01/04/2019