31ème dimanche

1. Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples et il déclara : Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas…Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens » Elle est véhémente la charge de Jésus à l’encontre des scribes et des pharisiens de son temps qui se disaient les gardiens des commandements la Loi, sans pour autant les vivre. Ce comportement fut appelé plus tard « pharisaïsme ». Il ne faut pourtant pas généraliser. La plupart étaient honorés et honorables. Jésus a mangé chez plusieurs d’entre eux. Nicodème, un scribe pharisien, était venu s’instruire près de lui, a pris sa défense devant ses collègues qui voulaient condamner sans l’avoir entendu, a même pourvu à la dignité de son ensevelissement avec Joseph d’Arimathée, ce notable du Sanhédrin. Paul, l’apôtre Paul, lui aussi pharisien, devint l’apôtre des nations. Ce que Jésus condamne, ce ne sont pas tant les hommes que ce comportement excessif qui fait demander aux autres ce que l’on ne fait pas soi-même. Ne les condamnons pas trop vite car si les pharisiens ont disparu en tant que groupe religieux avec le Temple de Jérusalem, les comportements « pharisiens » n’ont pas disparu.

2. "Soyez vrais" proclame Jésus. Soyez vrais envers vous-mêmes, soyez vrais envers autrui, soyez vrais envers Dieu. « Connais-toi toi-même » est gravé sur le fronton du temple de Delphes. Elle est due au philosophe grec Platon qui signifiait ainsi qu’il ne fallait pas vouloir rivaliser avec les dieux, vouloir se dire meilleur que de vrai. François de Sales a de jolies formules pour nous rappeler à la modestie : « Il faut fleurir là où Dieu nous a semés. Ne désirez point de n’être point ce que vous êtes, mais désirez d’être fort bien ce que vous êtes. … De quoi sert-il de bâtir des châteaux en Espagne, puisqu’il nous faut habiter en France ?... Soyons ce que nous sommes et soyons le bien. » Etre vrai c’est aussi rester à sa juste place dans nos responsabilités, sans vouloir y trouver motif de se faire valoir. On lit dans la Règle de St Benoît de Nurcie, le fondateur de monachisme au 5ème siècle, à propos de Père Abbé : "une fois nommé, il saura qu’il doit servir et non asservir…. Il doit donc remplir sa mission et accompagner ceux qu’il dirige dans l’accomplissement de la leur, se pliant aux caractères multiples et en s’adaptant à tous selon les dispositions et l’intelligence de chacun."

3. Etre vrai envers soi-même, envers le prochain, envers Dieu demande d’apprendre l’humilité. L’humilité est un terme qu’on ne lit jamais dans les médias, la presse, qu’on n’entend jamais à la télévision, sur les réseaux sociaux. Il fut pourtant l’un des thèmes essentiels de prédication de nombreux saints que nous avons célébré au premier jour de ce mois de novembre .. Ecoutons Bernard de Clairvaux : « L’ornement de l’âme c’est l’humilité…. Le publicain de l’évangile, parce qu’il s’est présenté comme un vase vide, a pu remporter une grâce d’autant plus large… A cacher sa misère, on se ferme la miséricorde de Dieu. Toute notre vis spirituelle se résume dans cette double attitude : le regard sur nous-mêmes nous remplissant d’un trouble et d’une tristesse salutaire ; un regard sur Dieu qui nous donne de reprendre souffle en lui et de trouver notre consolation dans la joie de l’Esprit Saint ». Et Vincent de Paul d’ajouter : « Tout le bien qui se fait vient de Dieu. Nous devons toujours rapporter à Dieu le bien qui se fait par notre entremise ».

Seigneur, tu sais combien j’ai envie de paraître meilleur que je ne suis. Au prix de bien des arrangements, de mensonges, de compromissions, par envie de paraître mais aussi par peur d’être critiqué, mal estimé. Alors toi qui « sais ce qu’il y a dans l’homme », rappelle-toi à moi dans ces moments-là, rappelle-moi, ta droiture.

Méditation

Seigneur
Je la connais cette envie
Qui me dit à l’oreille
De me mettre en avant
Et dire à tout venant
Qu’il n’y a pas mon pareil.

Seigneur
Je la connais cette jalousie
Qui me fait mettre la suspicion
Sur la réussite et les opinions
De celui qui n’est pas de mon avis.

Seigneur
Je le connais ce silence
Qui me tient à distance
De la reconnaissance et du merci
A qui je dois bien plus que je ne dis.

Apprends-moi, Seigneur, les chemins
De l’humilité qui fait de la place
A celui que tu as mis à mes cotés
Pour me faire connaître la richesse
De ta création et la joie de partager
Le trésor qu’en nous tous tu as caché.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 05/11/2023