4e dimanche de l’Avent

1. « L’ange du Seigneur lui apparut en songe. » C’est ainsi que Joseph entra dans le mystère de l’incarnation. Non pas lors d’un rêve tel que nous pouvons en avoir mais par une révélation personnelle, secrète. Le rêve est une manifestation du psychisme personnel, formée d’images venues de notre vécu, images parfois heureuses mais souvent stressantes, les « mauvais rêves ». Le songe, au sens biblique, est une manifestation divine. Le plus célèbre est celui de Jacob qui vit en songe une échelle « dont le sommet touchait le ciel ; des anges de Dieu y montaient et y descendaient ». Jacob apprit alors par ce songe que Dieu était avec lui.

2. Marie avait accueilli l’ange du Seigneur, lui demandant seulement « comment cela pourrait-il se faire ? » Joseph, par contre, assuré que, de mémoire d’homme, un enfant ne pouvait naître autrement que d’un couple, veut renvoyer celle qui avait dit oui. Marie a écouté son cœur, Joseph a écouté sa raison. Il fallut donc une intervention divine pour changer son regard, le faire passer de ce qui n’était pas de l’ordre des choses à un ordre nouveau. Un ordre nouveau dans lequel la religion chrétienne mais aussi la musulmane, mettent la conception virginale de Jésus au premier rang. Entrons dans ce qui a toutes les apparences d’un mystère. Il touche au mystère de la vie de celle que nous connaissons, de celle qui vient d’ailleurs.

3. D’être né, de pouvoir participer à la grande fête de la vie, doit déjà nous émerveiller. Le psalmiste en remercie le Seigneur : « Merci d’avoir fait de moi une créature aussi merveilleuse : tu fais des merveilles, et je le reconnais bien » (). La joie de vivre, nous le voyons bien, se lit dans les yeux grands ouverts du tout jeune enfant. Se voir la vie arrachée est une souffrance. L’écrivain et dramaturge américain, Arthur Miller, s’en est fait le défenseur sans compromis : "La vie est le plus précieux des dons de Dieu et rien ne donne le droit à personne de l’ôter à un être." Cette vie qui éclate merveilleusement aussi dans le règne végétal et le règne animal. La contempler est prière. Cependant, pour le chrétien, il y a plus.

4. Entre la naissance virginale de Jésus au premier jour de l’an 1 et sa résurrection aux premiers jours d’avril 33, la Vie est au centre de l’enseignement de Jésus. Le terme apparaît près de 50 fois dans l’évangile de Jean. Il débute ainsi : « En lui était la vie. » Il culminera en ces paroles : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Jésus choisira de se donner comme pain, symbole de vie, pour se rendre présent dans l’espace et le temps. Nous pensons immédiatement à l’après vie, à la Vie éternelle, celle qui viendra après la mort, comme une récompense. Mais Jésus parle ici au présent. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. …Il est passé de la mort à la vie. …En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. » Il nous dit que l’union, la communion avec lui nous fait entrer dans une dimension de la vie inconnue de nous et qui donne sens au déroulement de nos jours. En le suivant, nous savons que nous allons vers une rencontre, celle de la source de la vie, l’Amour d’un Père, et qu’ainsi nous franchissons la porte du non-sens qu’est la mort. Il faut le méditer longuement. Alors nous saurons nous attacher plus fermement à lui, nous voudrons l’écouter avec la plus grande attention, nous déciderons de mettre nos pas dans les siens avec plus d’allant. A nous d’en décider.

5. Le chanteur Michel Delpech le fit. Il raconte : « Je suis profondément croyant. J’ai vécu un jour un “choc religieux” à Jérusalem, où j’ai rencontré le Christ. Je visitai le Saint-Sépulcre avec ma femme, et là, pressé pourtant par de nombreux pèlerins, soudain, devant le Tombeau, je m’agenouille et me voilà chrétien. Un peu comme Frossard, Claudel, Clavel – d’un coup. En l’espace d’un instant, Jésus est entré dans ma vie, dans mon cœur. C’était très doux. J’ai immédiatement eu la sensation que j’étais sauvé. Tout ce qui m’était arrivé auparavant devenait caduc. La seule chose que je ne remette jamais en doute, c’est l’existence de Dieu. »


Méditation

La fleur des champs et l’abeille qui la butine,
L’oiseau qui chante le printemps revenu :
Seigneur, donne-moi d’y voir les signes
Que, sur la terre, ta beauté a répandus.

En y semant la Vie en multiples lignes,
Tu fis de la terre le miroir de la tienne
Pour que chacun retrouve la divine origine
De sa joie de vivre et de toi se souvienne.

Alors le vol de l’infime éphémère
Et le pas pesant de l’éléphant
Ne te laisseront pas indifférent
Et tes yeux seront chapelles en prière.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 18/12/2022